Jean Dubuffet L’oeuvre gravé (1944-1984)
Sophie Webel, directrice de la Fondation Dubuffet et commissaire de l’exposition a choisi près de 150 oeuvres : 110 lithographies et sérigraphies, une demi-douzaine de peintures et sculptures et une trentaine de documents relatifs aux recherches de Jean Dubuffet dans le domaine de l’estampe.
C’est donc à une présentation exceptionnellement complète que le public est invité. Il aura ainsi un aperçu de l’ensemble de l’oeuvre de Dubuffet à travers ces techniques qu’il a explorées durant toute sa vie artistique, y puisant l’inspiration pour l’ensemble de l’oeuvre. Depuis les tout premiers essais de 1944 (“Jojo est reparti”, “Mangeuse”, “Barbu à lunettes”), l’exposition suit le rythme des séries de l’artiste : “Matière et mémoire”, “Les Murs”, les assemblages d’empreintes, les “Phénomènes”, en passant par “L’Hourloupe” et “Coucou Bazar” jusqu’aux années 80 avec les “Mires”.
Sophie Webel s’est également attaché à décrire les nombreuses techniques inventées par Dubuffet, aidant ainsi le visiteur à comprendre l’aspect inventif et novateur de cette oeuvre.
L’exposition se présente en cinq parties :
Matière et mémoire – Les Murs
Le poète Guillevic lui demande d’illustrer ses poèmes “Les Murs” et Dubuffet réalise une nouvelle série aux ateliers Mourlot qu’il s’apprêtait à abandonner. Albums essentiels et fondateurs de son oeuvre gravé.
Noël 1948, il imprime son premier texte en jargon, “Ler dla canpane” illustré de gravures sur fond de boîtes de camembert et sur linoléum. Le texte a été calligraphié par l’artiste au moyen d’un “rudimentaire” stencil. Mais pour les ouvrages suivants, dont la plupart des textes sont calligraphiés (“Anvouaiaje”, “La Métromanie”), Dubuffet découvre une méthode plus pratique, directement liée à la lithographie, le papier report : le texte ou le dessin tracé à l’encre grasse sur ce papier, spécialement préparé, est ensuite reporté par pression sur la pierre. Les multiples applications de ce papier “magique” l’occuperont pendant des années, mais, plus encore, elles seront intimement liées à ses recherches picturales.
Assemblages d’empreintes
En octobre 1953, il entreprend ses premiers assemblages d’empreintes à l’encre de Chine : empreintes végétales ou de “mille autres choses” faites par estampages, qu’il découpe, assemble et colle sur une feuille de papier.
Mais les raccords de collages ne lui conviennent pas et il trouve une solution à son insatisfaction en répandant sur le papier report le liquide gras utilisé en lithographie “beaucoup plus propre à recueillir amoureusement des empreintes que n’est l’encre de Chine sur le sec papier à dessin”. Ainsi il peut reporter directement sur la pierre, et en une seule fois, sa composition faite de morceaux découpés. Cette nouvelle découverte donne lieu à une vingtaine de lithographies aux titres évoquant l’incursion de la botanique! : “Les défricheurs”, “Végétation”…
Les Phénomènes – Lithographies par reports d’assemblages
L’expérience des assemblages d’empreintes à l’encre de Chine s’étend aux TABLEAUX D’ASSEMBLAGES (1956) : “J’envisageais de faire sur des toiles toutes sortes d’expériences de textures diverses, taches, maculations, etc…, dans lesquelles je pourrais ensuite découper les parties qui me plaisaient et les assembler à ma guise ”.
Cet immense chantier (324 planches réunies en 23 albums) qui nécessite l’ouverture de ses propres ateliers de lithographies à Vence et à Paris, se prolongera jusqu’en 1962 et retardera la réalisation effective de son but initial : les lithographies par reports d’assemblages dont il prépare les maquettes en mai et avril 1961. Dubuffet peut enfin piocher dans son grand livre des phénomènes naturels et en “extraire” un univers peuplé de nouveaux personnages (“Nez carotte”, “Sourire”…). Pour cela il doit repérer la provenance des éléments choisis et les reporter couleur par couleur sur les nouvelles planches.
L’extrême complexité de la tâche contraint l’artiste à ne réaliser qu’un nombre limité de sujets, mais cette dernière série marque à la fois un achèvement magistral et un tournant dans son oeuvre.
L’Hourloupe et après
Entre 1962 et 1963, Dubuffet réalise une série de livres illustrés, dont l’un, remarquable par son format discret, donnera son titre à la plus connue des périodes de l’artiste qui durera plus de douze ans : “L’Hourloupe” (1962- 1974). Avec cette nouvelle ère, les moyens changent, la lithographie est abandonnée au profit de la sérigraphie, plus adaptée aux aplats de couleurs et aux formes cernées des oeuvres de ce cycle (voir “Le Vizir”), qui se développera progressivement pour aborder des domaines aussi divers que celui du spectacle (“Coucou Bazar”) ou de l’architecture.
Retour à la lithographie
Le retour à la lithographie s’amorce à la fin de sa vie, après presque vingt ans d’abandon. Liaison renouée par l’entremetteur complice des premières années, Fernand Mourlot, qui le persuade de travailler avec son petit-fils, Franck Bordas. L’artiste est âgé et ne peut guère se déplacer à l’atelier de lithographie : la technique du papier report refait surface pour réaliser des planches directement issues des dernières séries de l’artiste telles que les “Mires” (“Libre-cours”).
La boucle est bouclée, quarante ans après ses premiers pas dans un monde qui se révéla riche en découvertes et aventures et qui fut sans aucun doute l’une des manifestations les plus originales et les plus puissantes de l’art de cet “ homme du commun ”.
Jean Dubuffet L’oeuvre gravé (1944-1984)
Du 18 décembre 2009 au 8 mars 2010
Tous les jours de 13h30 à 19h00
Fermeture le mardi
Plein tarif : 4 €
Groupe (à partir de 11 personnes) : 2 €
Gratuit pour les moins de 18 ans et les étudiants
Visite guidée : 6 € (sur réservation)
RENSEIGNEMENTS : Affaires culturelles : 01 47 14 54 77
ou sur place : 01 41 39 06 96
www.mairie-rueilmalmaison.fr
Atelier Grognard
6 avenue du Château de Malmaison
92500 Rueil-Malmaison
Plus d’informations sur le site de l’Atelier Grognard
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