In&Out – Le Michelet
« Un des objectifs primordiaux de « In&Out » est de tenter de fabriquer un espace socialement et esthétiquement nouveau, où l’on puisse dépasser les étiquettes d’inscription générique traditionnelle des arts (‘art conceptuel’, ‘nouvelle figuration’, ‘post-pop’ etc…) et où les artistes puissent ouvrir l’espace d’échange de leurs influences. Si bien que la mise en commun de ces expériences dans un espace inusuel aboutit à une confrontation entre des genres en mouvement pour montrer aussi les occasions d’emprunts, des mélanges, et la volonté de transcender les catégories de classification. Des formes conceptuelles interagiront avec des traditions figuratives, de la photographie ou des installations, mais ces confrontations seront enrichies par la présence d’artistes avec qui nous avons monté et négocié une création sur place de pièces uniques.
Ce propos s’appuie sur une réflexion sur les évolutions esthétiques récentes qui affectent, pour nous, tout le champ de l’art. Longtemps cantonné au statut d’expression visuelle urbaine, à l’origine surgi comme un art subversif et libertaire ; marqué par l’esprit d’un geste vandale, ou du refus des formes institutionnelles de l’art, les différents courants du street art ont commencé leur explosion esthétique en envahissant et avalant presque tous les éléments de la culture populaire visuelle des années 80 et 90, en exportant aussi leur propre esthétique à des milieux comme la mode, la musique, l’industrie du clip… La centralité visuelle des productions street-art dans la culture contemporaine devrait nous faire réfléchir sur ce qu’implique en termes d’univers visuel cette nouvelle force. Cette situation d’un art qui par la trajectoire de ses artistes historiques, s’institutionnalise en devenant aussi une catégorie pour le marché de l’art revêt une signification intéressante en termes de mobilité : car les artistes qui portent ces expressions sont souvent des autodidactes qui inventent eux-mêmes des techniques, des formes et qui à un moment donné aspirent à intégrer et à s’intégrer à des formes plus consacrées de l’art.
De même, beaucoup d’artistes conceptuels, contemporains, photographes, retravaillent leurs matériaux à partir de certains éléments formels issus de ces arts urbains. C’est cette situation d’extension expressive qui pour nous est le centre de l’exposition. Une façon de retrouver pour l’art contemporain la fraîcheur de formes et d’expressions irrévérentes, d’actes créateurs esthétiquement codés mais aussi pour les street-artistes de se mesurer à des aspirations plus consacrées en termes d’audience et de formats.
Au delà du programme esthétique, il nous a semblé que l’aspect le plus intéressant de la situation du lieu était de permettre de créer un lieu d’exposition totalement nouveau par rapport au paysage actuel : ni galerie, ni musée, ni espace d’exposition tradition, ni friche urbaine… la surface dont on dispose permet de définir cet espace comme un lieu de travail unique pour y exposer des œuvres réalisées sur place, qui travailleront en exploitant ces dimensions inusuelles.
Nous avons conçu l’exposition à partir de deux espaces de l’immeuble et de façon à organiser un circuit qui renvoie, pour nous, à deux registres majeurs de l’art contemporain : d’une part le travail et les tendances d’artistes reconnus institutionnellement, des artistes historiques (‘précurseurs’) et/ou émergents. Cette dimension renvoie à l’IN (ceux qui sont ‘à l’intérieur’ du monde structuré et reconnu du marché de l’art). D’autre part nous avons imaginé en contrepoint l’irruption d’un autre registre : celui du street-art, un art protéiforme, en pleine explosion, urbain, et qui concentre l’énergie sociale de formes et de personnes qui parlent plus directement au public. Cette dimension renvoie donc au OUT (au sens de ceux qui se déploient sur l’espace extérieur des lieux consacrés de l’art contemporain). »
Artistes
Alëxone, Antonio Segui, Arnaud Cohen, Baptiste Debombourg, Chanoir, Collectif 1984, David Vital-Durand, Dominique Fury, El Pez, Eric Liot, Ernest Pignon Ernest, Erro, Fabien Chalon, Fabien Hulin, Gao Jié, Guillaume Linard Osorio, Jay Ramier, JBC, Jean-Pierre Raynaud, Jin Bo, Jonone, Ju Ran, Kuanth, L’Atlas, Lionel Sabatte, Luke Newton, M. Chat, Marke Newton, Martin Reyna, Mauro Corda, Mikos, Nasty, Nicolas Moreau, Nisa Chevènement, Paolo Campochiaro, Philippe Pasqua, Pimax, Pro176, Psyckoze, Quik, Reach, Robert Combas, Samuel Indratma, Seen, Skki, Sun7, Taki, Tanc, Toshinari Sato, Vladimir Velickovic, Wang Du, Wang Keping, Xiao Fan, Yaze et Zhen Delong
In & Out
Du 11 mai au 30 juin 2012
Du mardi au samedi de 13h à 19h et sur rdv
Le matin réservé aux scolaires sur rendez-vous
Vernissage le 10 mai à partir de 18h
Bernard Fontaine présentera son livre Graffiti, une histoire en images (éd. Eyrolles), samedi 30 juin à 15h.
Entrée libre
Le Michelet
161, avenue de Verdun
94200 Ivry-sur-Seine
M° Mairie d’Ivry
RER Ivry sur Seine
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