Hundertwasser – Le Rêve de la couleur – Marseille
« Quand je peins, je rêve. Quand mon rêve a pris fin, je ne me rappelle plus ce dont j’ai rêvé. Mais le tableau reste, le tableau est la moisson du rêve. » — Hundertwasser
Friedensreich Hundertwasser (1928-2000) a donné naissance à un œuvre singulier dont la richesse s’illustre dans les domaines variés de la peinture, de l’architecture, des arts décoratifs et de l’écologie. En quête d’une formidable prolifération plastique et théorique, il n’a cessé d’inventer un univers qui lui est propre, visionnaire, à contre courant de l’architecture moderniste de Le Corbusier. Reposant sur l’épanouissement de la vision humaine, l’œuvre d’Hundertwasser a été diffusé dans le monde entier par le biais d’expositions historiques, de publications phares et de performances qui ont fait date dans Friedensreich Hundertwasser prend toute son ampleur durant l’année 2012 au travers d’un projet global de grande envergure.
Né le 15 décembre 1928 à Vienne, Fredrich Stowasser expérimente dès sa jeunesse l’aquarelle ou le pastel et développe peu à peu un univers pictural plus personnel, marqué par l’épanouissement de la couleur. Il quitte rapidement l’enseignement de l’Académie de Vienne et s’invente un nom d’artiste à l’image de son univers: « Friedensreich Hundertwasser » se traduisant littéralement par «Le royaume de la paix (aux) cent eaux ».
1953 est une date clef dans son oeuvre et voit l’apparition de la première « spirale ». Source et fondement de toute la pensée d’Hundertwasser, la spirale est chez lui une véritable forme symbolique. En peinture, les spirales sont tout d’abord contenues dans une grille, sorte de partition musicale, montrant régulièrement des paysages vus du ciel. Puis, la spirale s’étend peu à peu, jusqu’à envahir la toile dans un tourbillon centrifuge et coloré qui évoque l’épanouissement de la vie, « là où la matière s’arrête d’être et commence à devenir quelque chose de vivant ».
Peu à peu, les toiles d’Hundertwasser s’agrémentent de nouvelles recherches sur la matière. Il peint en mélangeant les techniques, huile, aquarelle, laque, encre, tandis que l’ajout de feuilles d’or et d’argent renforce la spiritualité de la densité picturale. S’agit-il d’une peinture abstraire et décorative inspirée des cloisonnements décoratifs de Gustave Klimt ou encore de vues topographiques proches des paysages de rêves aborigènes ? En tout cas, l’oeuvre d’Hundertwasser atteint à ce stade une autonomie imaginative dont seul l’artiste est maître des codes visuels. Parfois la figure refait son apparition, fondue dans un réseau de lignes toujours plus dense. L’arrière-plan des compositions est généralement traité comme un assemblage d’étoffes colorées, tissées dans une trame picturale donnant à voir « la sensualité étouffée des surfaces ». L’empreinte décorative de son travail trouve alors un aboutissement dans la réalisation de tapisseries.
Après diverses performances emblématiques et autres publications théoriques, sa Friedensreich Hundertwasser production artistique s’identifie avec sa vision utopique du monde. Les années 1970 voient la prolifération des arbres décorant les façades des maisons qui peuplent ses toiles. Son oeuvre prend une nouvelle ampleur lorsqu’il décide de passer concrètement à la pratique architecturale. Entre 1983 et 1985 il réalise l’Hundertwasser House commandée pour un lot de logements sociaux. Cette création apparaît aujourd’hui comme le fleuron de son art, véritable transposition dans la pierre de ses visions urbaines picturales : alignement irrégulier des fenêtres, intégration des arbres sur les balcons, lignes ondoyantes traversant les façades, bariolages colorés des fenêtres. L’empreinte d’Hundertwasser va peu à peu se développer au travers de divers projets fondateurs dans l’histoire de l’architecture et de l’habitat évolutif.
Par leurs formes déconstruites et asymétriques, les œuvres architecturales ou picturales d’Hundertwasser sont véritablement porteuses d’un souffle neuf, comme si elles étaient encore en train de se faire, telles des plantes en pleine évolution. L’exposition organisée au Centre de la Vieille Charité, co-organisée avec l’association « Viens ! à Marseille », en partenariat avec la Fondation Hundertwasser de Vienne, s’attache à rendre compte de la pluridisciplinarité et de l’envergure de cet œuvre hors norme.
Hundertwasser – Le Rêve de la couleur
Du 27 avril au 9 septembre 2012
Du mardi au dimanche, de 10h à 18h
Nocturne les vendredis jusqu’à 22h
Fermé les lundi et et le 1er mai
Plein tarif : 8€ // Tarif réduit : 5 €
Centre de la Vieille Charité
2, rue de la Charité
13002 Marseille
www.vieille-charite-marseille.org
[Visuel : Friedensreich Hundertwasser, 630 Maisons jaunes, 1966. Vienne, Fondation Hundertwasser. © 2012 NAMIDA AG, Glarus, Suisse]
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