Helena Almeida Corpus – Jeu de Paume
Helena Almeida Commissaires : João Ribas et Marta Almeida Du 9 février au 22 mai 2016 Tarif plein : 3 euros / Tarif réduit : 1,50 euros Jeu de Paume |
Née en 1934 à Lisbonne, où elle vit et travaille, Helena Almeida a achevé un cursus en peinture au département des Beaux-Arts de l’Université de Lisbonne en 1955, exposant régulièrement depuis la fin des années 1960. Dès ses débuts, elle explore et remet en question les formes d’expression traditionnelles, la peinture en particulier, suivant un désir constant d’enfreindre l’espace délimité par le plan pictural.
Peu connue en France, Helena Almeida est considérée comme l’une des plus grandes artistes contemporaines portugaises. Sa longue carrière lui a permis de s’imposer comme l’une des figures majeures de la performance et de l’art conceptuel dès les années 1970, notamment par des participations aux grandes manifestations internationales telles que les Biennales de Venise de 1982 et de 2005. Au Jeu de Paume, l’exposition a une dimension rétrospective et présente les différentes phases du travail de l’artiste, depuis ses premières œuvres du milieu des années 1960, qui témoignent déjà du processus de déconstruction de la toile, jusqu’à l’utilisation de la photographie, puis plus tard de la vidéo. Suite à ses premières œuvres tridimensionnelles, l’artiste trouve dans la photographie un moyen de combattre l’extériorité de la peinture et de faire coïncider sur un même support l’être et le faire, « comme si je ne cessais d’affirmer constamment : ma peinture est mon corps, mon œuvre est mon corps ». Au-delà des lectures poétiques et métaphoriques que ces travaux peuvent inspirer, ils sont des tentatives d’atténuation des limites des médiums, telles celles de la photographie, de la performance et de la sculpture. Ces corps deviennent simultanément forme sculpturale et espace, objet et sujet, signifiant et signifié. Le travail d’Helena Almeida est un condensé, un acte soigneusement scénographié et hautement poétique. Les représentations de ces événements montrent également le contexte dans lequel elle se circonscrivait. Face caméra, elle réfute que ses images soient des autoportraits. C’est toujours son corps qu’elle représente, mais c’est un corps universel. Vêtue de noir, Helena Almeida intègre dans ses photos des éléments de son atelier. Elle prend des positions qu’elle a minutieusement chorégraphiées afin de créer des compositions complexes, souvent organisées en série. En 1969, pour la première fois, Helena Almeida se fait photographier par son mari, l’architecte Artur Rosa, dorénavant lié à son œuvre en tant qu’auteur du registre photographique sous-jacent à cette forme médiatisée d’autoreprésentation, qui devient dès lors une caractéristique de son travail. Contrairement à d’autres artistes contemporains qui ont recours à l’autoportrait et à l’autoreprésentation pour mettre en scène des personnages grâce à des décors et des poses élaborées – comme, par exemple, Cindy Sherman –, ici, le point de départ est toujours le corps de l’artiste. À travers la photographie, Helena Almeida crée une relation forte entre la représentation (l’acte de peindre ou de dessiner) et la présentation (de son propre corps en tant que « support » de cet acte). « Le corps concret et physique de l’artiste sera constamment égaré, défiguré, occulté par la tâche qui tantôt le prolonge, tantôt le recouvre, qui entre ou sort (vers ou depuis) l’intérieur de ce corps. » Intus, l’œuvre présentée par Helena Almeida à la Biennale de Venise (en 2005 pour le Portugal), est un exemple de ses travaux récents, caractérisés par la relation du corps de l’artiste à l’espace (et non plus désormais au dessin ou à la peinture) et par le recours à la photographie (récurrente dans les œuvres composées de séries) pour retracer une performance de l’artiste au sein de l’espace privé de son atelier. Pourtant, la même question ne cesse d’habiter l’ensemble du travail d’Helena Almeida : comment un corps et le mouvement d’un corps (toujours celui de l’artiste) parviennent-ils à faire œuvre d’art ? L’intransigeance avec laquelle Helena Almeida traite ce sujet fait de son œuvre, comme le dit Isabel Carlos, « l’une des plus radicalement cohérentes de l’art portugais de la seconde moitié du XXe siècle ». Exposition coproduite par le Jeu de Paume, la Fundação de Serralves – Museu de Arte Contemporânea, Porto, et le Wiels, Centre d’art contemporain, Bruxelles |
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