Hassan Sharif – gb agency
Dans les années 70, Sharif est caricaturiste pour le journal Akhbar Dubai. Il est ainsi l’observateur du changement radical et fulgurant de la ville à la suite de la découverte du pétrole dans la région du Golfe en 1966, puis de l’établissement des Emirats Arabes le 2 décembre 1971. Par le biais de ses caricatures, il commente avec perspicacité et humour la transformation d’une société traditionnelle. Dès ses jeunes années, il se plonge également dans les livres d’art pour tenter d’y trouver des alternatives au mouvement général de retour à la tradition non figurative et calligraphique qu’il observe autour de lui. « Dès le début, en regardant simplement des reproductions d’oeuvres dans mes livres, j’ai pris conscience qu’il y avait un autre moyen de penser et de faire de l’art (…) Je savais que, quelque part, il y avait quelque chose de nouveau et de différent. » Il apprend l’anglais et reçoit une bourse pour partir étudier en Angleterre en 1979.
Au début des années 80, pendant ses années londoniennes à l’école Byam Shaw School of Art, la vision de Sharif se développe, entre autres, sous l’influence de son professeur Tam Giles (à la tête de l’Abstract and Conceptual Workshop), de la pensée de Duchamp et de la veine anglaise du constructivisme. Il se lance dans des expérimentations où il utilise de simples objets et s’intéresse aux notions de hasard, de construction systématique et de règles mathématiques. L’objet devient pour lui une base pour fabriquer un champ bi-dimensionnel régi par la forme de la grille. En 1982 par exemple, il photographie un à un des objets trouvés dans sa chambre (Things in my room, 1982) qu’il associe ensuite dans un collage. Son environnement immédiat devient ainsi un champ d’expérimentation soumis tout entier à des modules mathématiques : en cherchant à recadrer une structure tridimensionnelle comme s’il la regardait en tant que structure bidimensionnelle, il met en place une approche systématique de ce qui l’entoure. Tandis qu’il continue cette série, Sharif veut étendre le champs de son activité dans d’autres médiums artistiques. Il réalise des performances, en combinant la pensée systématique et une forme d’art qui l’implique physiquement.
A partir de 1982, Hassan Sharif développe la série « Objects ». Avec des matériaux simples, journaux ou toile de jute, il fabrique des sculptures, qui ont parfois une résonance autobiographique mais sont le plus souvent le fruit de gestes et d’actions simples et répétitives de transformation. Si ce travail ennuyeux et laborieux est une forme de résistance à une réalité économique, d’autres influences comme celle de Duchamp ou de Fluxus sont pour lui très importantes. Le travail de Hassan Sharif s’inscrit dans une histoire parallèle à la notre et cette mise à distance dans l’exposition tente de souligner les croisements permanents avec notre modernité.
Cette exposition a reçu le soutien de la Mairie de Paris- Département de l’Art dans la Ville.
Aux mêmes dates chez gb agency :
– Jiří Kovanda – In Front of the Museum at Four ? (du 8 novembre 2012 au 12 janvier 2013)
Hassan Sharif
Du 27 octobre au 21 décembre 2012
Du mardi au samedi, de 10h à 13h, de 14h à 19h
gb agency
18, rue des 4 Fils
75003 Paris
M° Rambuteau
Articles liés
“Riding on a cloud” un récit émouvant à La Commune
A dix-sept ans, Yasser, le frère de Rabih Mroué, subit une blessure qui le contraint à réapprendre à parler. C’est lui qui nous fait face sur scène. Ce questionnement de la représentation et des limites entre fiction et documentaire...
“Des maquereaux pour la sirène” au théâtre La Croisée des Chemins
Victor l’a quittée. Ils vivaient une histoire d’amour fusionnelle depuis deux ans. Ce n’était pas toujours très beau, c’était parfois violent, mais elle était sûre d’une chose, il ne la quitterait jamais. Elle transformait chaque nouvelle marque qu’il infligeait...
La Croisée des Chemins dévoile le spectacle musical “Et les femmes poètes ?”
Raconter la vie d’une femme dans sa poésie propre, de l’enfance à l’âge adulte. En découvrir la trame, en dérouler le fil. Les mains féminines ont beaucoup tissé, brodé, cousu mais elles ont aussi écrit ! Alors, place à leurs...