0 Shares 1231 Views

Haegue Yang – Equivoques – musées de la Ville de Strasbourg

9 avril 2013
1231 Vues
Haegue Yang - Equivoques - musées de la Ville de Strasbourg

L’œuvre d’Haegue Yang s’impose par sa singularité et la complexité d’une proposition associant force et délicatesse. Il repose sur la mise en abyme de références multiples liées à l’histoire culturelle, sociale et politique, en même temps que sur la réinterprétation des formes archétypales des avant-gardes, produisant ainsi un œuvre singulier et protéiforme.

Yang présente dans le Ciné-dancing de l’Aubette une série de « Sonic Bell Sculpture » destinées à être activées par le public. Dans la salle des fêtes, deux « Dress Vehicles », sculptures mobiles composées de stores vénitiens, de clochettes, de tricot et de macramé, évoquent les costumes du ballet triadique d’Oskar Schlemmer ainsi que les marionnettes de Sophie Taeuber-Arp et témoignent de la réappropriation d’un langage formel issu des avant-gardes.

La citation demeure néanmoins lointaine, et n’a de sens que dans l’émotion qu’elle fait surgir de ses grandes installations comme Blind Curtain. Composée de stores vénitiens, l’œuvre introduit le visiteur à l’espace d’exposition du musée d’Art moderne et contemporain en même temps qu’il constitue une introduction au langage formel d’Haegue Yang. Le recours aux produits industriels manufacturés et à la récupération comme lorsque sont réutilisés les revers d’enveloppes dans les « Trustworthies » (collages dont une nouvelle série est produite pour l’exposition et inspirée par Sophie Taeuber-Arp), conjugué à une approche poétique de la composition géométrique, créer une précieuse dichotomie, articulant éléments communs et extraordinaires. Figure de cette poésie du quotidien, le motif du séchoir à linge mis en scène dans la série de photographies « Gymnastics of the Foldables », déploie son potentiel formel lorsque Yang décide d’en faire un motif central de sa composition. Ainsi l’objet tient-il une place particulière dans son corpus. Elle s’y attache (Non-Indépliable, azuré), met en évidence sa beauté singulière dans la série des « Baumarkt collages », le contrarie dans les séries des « Non-foldings » et des « Imperfections », origamis qu’elle compresse et déforme.

Haegue Yang réactualise ainsi la question de la portée de l’art sur la société, au moment même où celle-ci se redéfinie sous l’influence d’un contexte économique, politique et social incertain. Haegue Yang (née à Séoul en 1971, vivant et travaillant à Berlin) représente la Corée à la Biennale de Venise en 2009. Une série d’expositions internationales lui sont consacrées au New Museum de New York en 2010, à la Kunsthaus de Bregenz, à l’Aspen Art Museum, au Modern Art Museum d’Oxford et à l’Arnolfini de Bristol en 2011. En 2012, elle participe à la documenta (13) à Kassel. Elle conçoit cette même année une installation monumentale à la Haus der Kunst de Munich, dans le cadre de d’une commande artistique annuelle, visible jusqu’en septembre 2013.

L’exposition s’accompagne du premier catalogue bilingue (français-anglais) comprenant un entretien avec Haegue Yang mené par Camille Giertler et Estelle Pietrzyk ainsi que des contributions inédites de Patricia Falguières et Doryun Chong, et des textes et interviews d’Ann Wagner, Binna Choi, Eungie Joo, Doryun Chong, Yilmaz Dziewior.

 
Aubette 1928

Du mercredi au dimanche, de 14h à 18h

Visites commentées : Samedi 8, 22 et 28 juin à 15h
Musée en famille : Mercredi 19 et 26 juin à 16h : « Le Ballet d’Haegue Yang »

Entrée libre

Place Kléber – Strasbourg


Musée d’Art moderne et contemporain

Du mardi au dimanche, de 10h à 18h

Plein tarif : 7 euros // tarif réduit : 3,5 euros

1, place Hans Jean Arp – Strasbourg

www.musees.strasbourg.eu

[Visuel : Dress Vehicles, Zig Zag, 2012, sculpture performative mobile, stores vénitiens en aluminium, cadre en aluminium, aimants, tricot, clochettes, cordes en caoutchouc et roulettes, 278 cm de haut, 343 cm de diamètre, Galerie Chantal Crousel, Paris, France, vue de la performance dans le cadre des Tanks, Tate Modern, Londres, Royaume-Unis, 2011, photo : Kuo-Wei Lin]
 

Articles liés

“Tant pis c’est moi” à La Scala
Agenda
74 vues

“Tant pis c’est moi” à La Scala

Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...

“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
Agenda
90 vues

“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête

C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...

“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Agenda
111 vues

“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée

Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...