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“Gudi Dakar / Dakar la nuit” : une exposition photographique de Mabeye Deme à la galerie Art-Z

18 janvier 2021
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Mabeye Deme présente à la galerie Art-Z sa série Gudi Dakar / Dakar la nuit dans laquelle il capte à travers des ouvertures de porte les activités nocturnes des échoppes de Dakar. En déambulant dans la ville de Dakar, dissimulé dans la pénombre, Mabeye Deme offre une vision rêveuse et mystérieuse de la capitale sénégalaise. Flâneur poétique et mélancolique, il se place ainsi en regardeur, observant la vie nocturne à travers la matière et la lumière. Il suggère de façon pudique les gestes et habitudes des citadins.

Gudi Dakar est une fenêtre sur la nuit urbaine

La ville sombre, où l’éclairage public manque, permet de distinguer des scènes illuminées, depuis des boutiques et des ateliers de rue. Les néons créent des ilots de lumière depuis lesquels s’organisent des décors miniatures. On pourrait dire aussi des scènes issues de kaléidoscopes, de lanternes-magiques, activés dans l’obscurité, autant de dispositifs auxquels la photographie mais aussi le cinéma ont beaucoup emprunté.

Dans le noir, des scènes éclairées, qui racontent des métiers du quotidien, des lieux-refuges et de rencontre nocturnes.

Série Gudi Dakar / Dakar la nuit © Mabeye Deme

Chaque soir, pendant plusieurs mois, je suis parti marcher dans Dakar avec Kader Ndong, qui m’assiste dans mon travail. Nous commencions à marcher à la tombée de la nuit, attentifs aux boutiques encore ouvertes. Je recherchais des clairs-obscurs, en décalage avec les scènes surexposées de la ville, les clichés de couleurs vives. Ici tout est atténué et mis en valeur, par la lumière à la fois étouffée de la nuit et contrastée.

Une fois les premières boutiques fermées – tailleurs, boulangerie, quincailleries… -, nous entrions dans d’autres types de commerces ouverts plus longuement – dibiterie où est vendue jusque tard de la viande grillée, bars, épiceries de nuit, salons de coiffure -. Avant chaque photographie, une discussion avec les commerçants et artisans s’engageait ; on parlait de Dakar, des métiers qu’elles et ils exerçaient, l’absence d’éclairage public, le prix en hausse de l’électricité, l’arrivée d’un apprenti, l’attrait et les limites de la photographie… “Vous y verriez pas mieux le jour ?”, nous demandait-on souvent. L’idée d’y voir moins, atténué, ou encore avec pudeur, depuis des scènes miniatures qui parviennent à n’être ni intérieures, ni extérieures, autrement et intimes, et sociales, nous occupait beaucoup. Distinguer les silhouettes en mouvement, depuis les gestes de leurs métier, sans les exposer à la manière de mannequins figés dans des vitrines : les discussions arrivaient souvent à ce point partagé. Il y avait aussi des discussions rapides : l’autorisation de photographiée donnée, chacun se remettait au travail.

À ces relations éphémères, ces rencontres nocturnes d’un soir, restent des traces photographiques en clairs-obscurs, des rideaux de devantures qui cachent et laissent voir, des personnages en mouvement dans la nuit dakaroise, des présences qui éclairent la ville la nuit.

Série Gudi Dakar / Dakar la nuit © Mabeye Deme

À propos de Mabeye Deme

Mabeye Deme est né en 1979 à Tokyo, il vit et travaille entre la France et le Sénégal. Il développe un travail subtil et délicat. Inspiré par le photographe américain Saul Leiter, il cadre ses scènes de façon originale, mettant en avant la matière traversée par la lumière. En observateur discret, il révèle les silhouettes et gestuelles des habitants de Dakar.

Le quotidien de la ville de Dakar est magnifié, transcendé par l’objectif du photographe qui parvient à capter des instants intimes de ses habitants. Pour apprécier son travail, il suffit d’aimer la peinture autant que la photographie. Au contraire du peintre qui imprime son motif sur la toile, le photographe voile l’objectif pour mieux dé-voiler son sujet.

Invité en résidence à la Fondation Blachère pour l’Art contemporain africain à Apt (France) en 2013, son travail est ensuite exposé à la biennale Dak’Art Off au Sénégal en 2014 puis à l’Unesco de Paris en 2016. Il est représenté par la Galerie Art-Z à Arles (2019) et à Paris (2020).

[Source : communiqué de presse]

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