Giorgio Morandi – rétrospective au Bozar
La commissaire, Maria Cristina Bandera, la spécialiste de Morandi par excellence, offre au visiteur un aperçu complet de l’œuvre du maître. L’exposition est organisée chronologiquement et thématiquement et montre l’évolution artistique de Morandi des débuts à la fin de sa carrière au travers des principaux thèmes (paysages et natures mortes) et des diverses techniques (huile sur toile, dessins, gravures et aquarelles) qu’il a explorés dans son œuvre.
La rétrospective rassemble pour la première fois au Benelux une centaine d’œuvres de Morandi, dont un autoportrait unique, prêtées par plus de 40 collections privées et publiques prestigieuses, dont Museo Morandi, Mart museum Rovereto (Trente), Galleria degli Uffizi, Galleria d’Arte Moderna di Torino, Pinacoteca di Brera et Fondazione Longhi à Florence.
Influence et évolution du style
Morandi est l’un des artistes les plus caractéristiques et en même temps les plus énigmatiques du XXe siècle. Malgré la reconnaissance internationale dont il jouissait déjà de son vivant, il menait une vie retirée avec ses trois sœurs à Bologne.
Lors de sa formation à l’Académie des Beaux-Arts de Bologne, il a surtout étudié les impressionnistes français comme Paul Cézanne, Georges Seurat, Henri Rousseau et Jean Renoir et l’art italien ancien, notamment de Giotto, Tommaso Masaccio, Paolo Uccello et Piero della Francesca. Bien qu’il n’ait presque jamais voyagé, il était très au fait des courants avant-gardistes contemporains comme le cubisme, le futurisme et la Pittura Metafisica. À partir de toutes ces influences, Morandi a créé son propre style vers 1920, style qu’il a affiné tout au long de sa carrière.
Morandi se concentrait de façon obsessionnelle sur deux thèmes : les paysages de son environnement (les montagnes des Apennins autour de Bologne et le Cortile di Via Fondazza) et les natures mortes représentant des vases, des coquillages et des fleurs. Il peignait presque toujours les mêmes objets dans un arrangement similaire, mais avec de légères variations dans la composition, le point de vue et les couleurs. Il était aussi passé maître dans l’utilisation de différentes techniques : un même sujet dégage une atmosphère différente s’il est peint à l’huile sur toile, dessiné, gravé ou peint à l’aquarelle. Ces techniques étaient pour lui aussi nobles les unes que les autres et il les utilisait à des fins d’expérimentation.
Le développement artistique de Morandi peut être considéré comme une évolution constante, sans grandes ruptures de style. Toute son œuvre est une recherche incessante de l’essence et de la pureté des formes : ses dernières créations tendent presque à l’abstraction.
The artist’s artist
Morandi est un vrai « artist’s artist » : aujourd’hui encore, son travail fascine les autres artistes. On peut observer des tableaux de Morandi dans des films de Michelangelo Antonioni (La Nuit, 1961), Federico Fellini (La Dolce Vita, 1960), Robert Aldrich (En quatrième vitesse, 1955) et Luca Guadagnino (Amore, 2009) et ils sont aussi cités dans les écrits de Pier Paolo Pasolini, Paul Auster, Don De Lillo et Siri Hustvedt. Des artistes contemporains comme Lawrence Carrol, Tacita Dean ou Tony Cragg font aussi référence à Morandi.
Pour illustrer comme il se doit l’énorme influence de Morandi, BOZAR fait le lien avec d’autres formes d’art. La commissaire Maria Cristina Bandera a choisi d’inviter l’artiste Luc Tuymans. Dans la dernière salle de l’exposition, il présente ses propres œuvres, comme Intolerance (1993), Church (1990) en Plates (2002), et les fait entrer en dialogue avec celles de Morandi.
L’artiste contemporain Claudio Parmiggiani, originaire comme Morandi de la région de l’Émilie Romagne, présente une installation dans le hall Horta.
Bozar Littérature propose une discussion sur Giorgio Morandi entre Luc Tuymans et Joost Zwagerman (11.06) et un guide du visiteur littéraire, Poetry for Giorgio Morandi, pour lequel six poètes (Charles Juliet, Jan Lauwereyns, Maud Vanhauwaert, Nicole Malinconi, Charles Wright et Adam Zagajewski) se sont laissés inspirer par les tableaux de Morandi.
Enfin, l’exposition est assortie d’un riche catalogue, comprenant une étude scientifique de l’artiste et de son œuvre réalisée par la commissaire Maria Cristina Bandera, des descriptions détaillées de presque toutes les œuvres et des contributions de Joost Zwagerman, Yves Bonnefoy, Nicole Malinconi, Francesco Galluzzi, Roland Jooris, Jean-Michel Folon et Luc Tuymans.
En marge de la rétrospective consacrée à Giorgio Morandi, Bozar présente l’exposition pluridisciplinaire Michelangelo Antonioni. Il Maestro del cinema moderno (22.06 > 08.09.2013). Antonioni a été le pionnier du cinéma moderne et fait partie des réalisateurs italiens légendaires des années 60. Morandi et Antonioni, qui étaient originaires de la même région, s’appréciaient. Des lettres de Morandi ont ainsi été retrouvées dans les archives d’Antonioni et un tableau de Morandi apparaît clairement dans le film La Nuit. Tous deux partageaient un même sens de l’esthétique, de la composition, de la photographie et de l’architecture qui se manifeste clairement dans leur art.
Courte biographie de Giorgio Morandi (1890-1964)
Giorgio Morandi naît le 20 juillet 1890 à Bologne. Après le décès de son père en 1909, la famille emménage dans une maison de la via Fondazza, où il vivra avec sa mère et ses trois sœurs jusqu’à sa mort en 1964.
De 1907 à 1913, il étudie à l’Académie des Beaux-Arts de sa ville natale, où il deviendra plus tard professeur. Progressivement, il se fait un nom dans le monde de l’art. En 1928, il présente une série de gravures à la Biennale de Venise. Deux ans plus tard, sa renommée lui permet de devenir titulaire de la chaire de gravure à l’Académie de Bologne. En 1934, l’éminent historien de l’art Roberto Longhi dit de lui qu’il est « l’un des meilleurs peintres vivants d’Italie ». Il perce sur la scène internationale lors de la Biennale de Venise de 1948, où il remporte le premier prix de peinture, ce qui fait de lui l’un des artistes les plus respectés d’Italie.
L’artiste a traversé des périodes turbulentes de l’histoire italienne, notamment le régime de Mussolini (1922 > 1945) et les deux guerres mondiales. En 1915, il est même appelé à servir pendant la Première Guerre mondiale, mais il sombre dans la dépression et est vite autorisé à quitter le front. Même s’il ne fait pas directement référence à la guerre dans ses œuvres, peindre des bouquets de fleurs pour sa famille, ses amis et les collectionneurs lui permet d’offrir un contrepoids poétique à la violence durant ces années de guerre.
Morandi jouissait déjà d’une reconnaissance internationale de son vivant mais il a toujours mené une vie sobre. Il a vécu et travaillé dans une pièce simple, entouré des objets qu’il représentait dans ses œuvres d’art.
Rétrospective Giorgio Morandi
Commissaires :
– Maria Cristina Bandera, directeur de la Fondazione di Studi di Storia dell’Arte
– Roberto Longhi à Florence. Elle a déjà été la commissaire de plusieurs expositions sur Morandi dont Giorgio Morandi 1890-1964 (Metropolitan Museum of Art, 2008) et a publié de nombreux essais à son sujet.
Du 7 juin au 22 septembre 2013
De mardi à dimanche, de 10h à 18h
Le jeudi, de 10h à 21h
Tarifs : de 4 à 10 €
Morandi + Antonioni + b0b Van Reeth : € 15
Morandi + Antonioni : € 11
Palais des Beaux-Arts
Rue Ravenstein 23
1000 Bruxelles
A découvrir sur Artistik Rezo :
– Les expositions de l’été 2013 à l’étranger
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