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Germaine Krull au Jeu de Paume

29 décembre 2014
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GKrull_Autoportrait

Exposition de Germaine Krull

Du 2 juin au 27 septembre 2015

Réservation en ligne ou par tél. au 01 47 03 12 50

Jeu de Paume
1 Place de la Concorde
75008 Paris
M° Concorde

www.jeudepaume.org

Du 2 juin au 27 septembre 2015

Germaine Krull (Wilda-Poznań, Pologne, 1897-Wetzlar, Allemagne, 1985) est à la fois l’une des figures les plus connues de l’histoire de la photographie, pour sa participation aux avant-gardes des années 1920-1940, mais aussi l’une des femmes-photographes les plus célèbres. Elle figure dans nombre de grandes collections muséales et dans la totalité des manifestations sur la photographie d’avant-garde de l’entredeux-guerres.

Germaine Krull est aussi considérée comme pionnière pour le livre de photographies, et citée dans la plupart des études sur le nu féminin au XXe siècle, tout en étant à l’origine du reportage moderne.

Cette exposition vise à rendre compte des interactions et de l’équilibre entre une vision artistique intégrée à l’avant-garde et une fonction médiatique et illustrative. Elle met en relation plus de 150 tirages d’époque, concernant la période 1924-1945, avec les publications des photographies, sans rechercher un parallélisme systématique.

La structure de ses livres et la disposition des images participent de son attitude volontairement novatrice. Beaucoup d’images singulières et représentatives de son œuvre sont encore à découvrir, que ce soit en tirage ou sous forme de publication. Cette présentation permet d’apprécier la continuité et les constantes du travail de Germaine Krull, tout en mettant en valeur ses innovations esthétiques.

L’œuvre de Krull reste peu étudiée au regard de celle de Man Ray, László Moholy-Nagy ou André Kertész. Cela tient à une carrière courte et chaotique – une vingtaine d’années très actives en France, avec un climax d’à peine huit ans, puis les quarante dernières années en Asie, où les liens avec le milieu photographique sont presque rompus – ainsi qu’à la dispersion de ses tirages et à l’absence d’un fonds d’archives complet et bien identifié.

Peu d’expositions ont été consacrées à Germaine Krull, excepté deux expositions succinctes, en 1977, au Rheinisches Landesmuseum Bonn et, en 1988, au musée Réattu à Arles, ainsi que la rétrospective de 1999, montée à partir des archives déposées au Folkwang Museum d’Essen, présentée à Munich, San Francisco, Rotterdam et Paris, et accompagnée d’un livre-catalogue rédigé par Kim Sichel.

Cet ouvrage important a été conçu dans une logique biographique, tout en privilégiant les notions d’avant-garde et de modernité, peut-être insuffisantes aujourd’hui pour rendre pleinement compte de l’œuvre de la photographe.

L’engagement photographique de cette femme politiquement ancrée à gauche, énergique, adepte des voyages, est à l’opposé d’une revendication esthétique, artistique ou interprétative, comme celles du Bauhaus ou du surréalisme. Selon ses propres termes, qui ouvrent paradoxalement son livre Études de nu (1930) : « Le vrai photographe, c’est le témoin de tous les jours, c’est le reporter. »

Il est donc essentiel de penser un positionnement plus juste à l’égard de la réalité de l’œuvre photographique de Germaine Krull et de montrer qu’elle travaille constamment dans le but de publier ses photographies : l’importance du magazine VU lancé en 1928, auquel elle participe dès le début, lui permet d’élaborer, avec André Kertész et Éli Lotar, cette forme du « reportage » qui lui convient tellement.

Afin de vivre de ses photographies, elle participe également à de nombreuses autres publications, comme les magazines Jazz (soixante-seize photographies en dix-sept numéros), Variétés, Paris-Magazine, Art et Médecine, Voilà, L’Art vivant, La France à table, etc. Elle publie plusieurs livres ou portfolios dont elle est l’unique auteur, ce qui est une particularité qui la distingue de beaucoup de photographes de sa génération : Métal (1928), 100 x Paris (1929), Études de nu (1930), Le Valois (1930), La Route Paris-Biarritz (1931), Marseille (1935), ainsi que le premier photo-roman avec Georges Simenon, La Folle d’Itteville (1931). Ces publications regroupent près de cinq cents photos. Ses photographies illustrent de nombreux autres livres, notamment sur Paris : Paris (1928), Visages de Paris (1930), Paris under 4 Arstider (1930), La Route Paris-Méditerranée (1931).

Jusqu’à la fin de sa vie, elle reste attachée à la publication de livres d’une conception originale : Ballets de Monte-Carlo (1937), Uma Cidade Antiga do Brasil : Ouro Preto, Chieng Mai,s.d., Bangkok (1964), Tibetans in India (1968).

Les publications de Krull ne peuvent plus être considérées comme de simples « illustrations » au rôle anecdotique. L’exposition leur rend leur rôle majeur dans l’orientation de ses reportages et dans le déroulement de sa carrière de photographe.

L’œuvre de Germaine Krull est donc circonscrite par ces possibilités éditoriales, et ne peut être comprise en dehors de ces contingences. Elle est liée aux conceptions du reportage et de l’illustration, elles-mêmes confirmées par l’existence d’un « répertoire » dans lequel, comme tous ses collègues, elle note les thèmes de ses prises de vue ; ce qui ne l’empêche pas de participer, avec les mêmes images, à des expositions où la photographie est reconnue comme une activité artistique autonome : livres, portfolios, photo-roman sont des activités aussi novatrices que le reportage.

Les oeuvres proviennent de collections privées et publiques dont l’Amsab, Institut d’Histoire Sociale, Gand, Belgique ; le Folkwang Museum, Essen ; The Museum of Modern Art (MoMA), New York ; la Bibliothèque nationale de France, Paris ; le Musée national d’art moderne, le Centre Pompidou, Paris.

[Visuel : Germaine Krull, Autoportrait; Source : communiqué de presse du Jeu de Paume]

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