Face à la vie – exposition à la Cité des Sciences et livre
Baptiste Lignel, photographe, raconte :
Pourquoi ce sujet, et pourquoi là ? Je me suis retrouvé là par hasard.
Envoyé pour quelques heures pour une commande. Mais ce que j’ai vu m’a donné envie de revenir, pour prendre le temps de raconter cet endroit en profondeur.
Entre patients et soignants j’ai vu de la complicité et du jeu, j’ai vu de la joie et de l’humour, j’ai vu de la tendresse. Mais surtout j’ai vu de l’amour. Certaines choses étaient évidentes dans un service hospitalier dédié a l’enfance, d’autres attendues, et finalement certaines inattendues et belles.
J’ai voulu comprendre et raconter la spécificité de ce service. Cette spécificité, je l’avais vue dans les rapports humains, mais la chef de service, le Dr. Delépine, me prévient de la spécificité médicale de ce qu’elle se bat pour faire depuis 30 ans dans son service de cancérologie.
Une médecine individualisée, qui refuse l’application standardisée des protocoles de l’Hôpital Public, et tente d’éviter, autant que possible, les amputations. Positions qui lui ont acquis un strapontin permanent au ban de sa profession. « Viens si tu veux, mais tu dois savoir ou tu mets les pieds. » me dit-elle. Je suis venu.
L’approche photographique est ici axée sur l’humanité de toutes les personnes photographiées. La maladie est présente, mais elle n’est pas le sujet. Le sujet c’est les gens que le hasard a regroupés dans ce service. Qui vont y faire un bout de chemin ensemble, dont personne ne connaît l’issue, mais dont tous connaissent les épreuves. Sauf nous, peut-être, qui ne connaissons ni les rires partagés, ni les peines partagées dans les couloirs et les chambres de ce lieu tellement vivant. Montrer les choses avec simplicité, sensibilité, et franchise. Peut-être pas un pavé dans la marre, mais un support qui peut aider à changer de point de vue, et à regarder ce sujet sans frémir.
Taina Tervonen, journaliste, raconte :
Pourquoi ces mots, et de cette façon-là ? Pour moi aussi, un hasard.
Une rencontre avec Baptiste qui me montre ses photos et m’explique son projet, son envie d’accompagner ces photos de mots. J’accepte, et j’arrive dans le service un matin de mars, un peu intimidée. Je connaissais les gens que j’allais rencontrer par les images de Baptiste, mais eux ne me connaissaient pas. Comment allais-je être acceptée ? Comment allais-je trouver la bonne forme pour transcrire ce qui allait m’être confié ?
J’ai très vite décidé d’utiliser le verbatim, pour être au plus près de la parole des personnes rencontrées, sans commentaires de ma part. J’ai voulu croiser différents regards sur un service où se côtoient patients, parents, médecins, infirmiers, psychologues, enseignants, animateurs… Qu’avaient-ils à dire sur ce quotidien si ordinaire pour eux et pourtant tellement hors de l’ordinaire vu de l’extérieur ?
Comment faisaient-ils face, chacun à partir de sa position et à partir de son vécu particuliers, à la maladie et à la mort ? Comment transformaient-ils en quotidien l’omniprésence de ces deux choses, qui relèvent pour la plupart d’entre nous de l’ordre de la hantise, du cauchemar ?
Ils m’ont parlé, avec beaucoup de sincérité, d’humour et d’émotion. Les rencontres étaient intenses de vie et de présence. C’est cette intensité que j’ai voulu transcrire dans les textes, à travers la forme du verbatim – je voulais que le lecteur se mette non pas dans une position d’observation d’une réalité mais de réelle écoute face à une parole, intime et forte.
Expo & livre ?
Aujourd’hui, ce projet fait l’objet d’une exposition jusqu’au 4 Mars à la Cité des Sciences (espace « Cité de la Santé », à l’entrée de la médiathèque au niveau -1). La scénographie imaginée par Mathieu Chévara (de l’Atelier Chévara etc.) montre une partie de l’histoire et propose au spectateur de se plonger dans trois parcours individuels dans un espace confortable et intime, où la consultation de ces fils de vies pourra se faire avec respect.
Demain, peut-être un livre, grâce à une souscription lancée en ligne sur un site dédié (www.facealavie.org). Ces pré achats permettrons de couvir les frais de production de l’ouvrage. Ensuite tous les bénéfices iront à l’association « Regarde la vie » qui s’occupe de fournir des espaces de divertissements aux patients du service tout au long de l’année. Et au delà de cette dimension philanthropique le livre permet de raconter cette histoire en prenant le temps, en laissant la place suffisante aux images, ainsi qu’aux mots des patients, de leurs familles et de leurs soignants. Le livre touche un autre public, et surtout il demeure.
Pour souscrire en ligne : www.facealavie.org
Pour voir d’autres projets photographique de Baptiste Lignel : www.otra-vista.com
Pour voir d’autres livres et édition de Baptiste Lignel : store.otra-vista.com
[Visuel : courtesy Baptiste Lignel]
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