Exposition “Visages de l’exploration au XIXe siècle. Du mythe à l’histoire” à la BnF jusqu’au 21 août
La Bibliothèque nationale de France célèbre le bicentenaire de la Société de géographie, dont elle conserve les archives, en consacrant une exposition à l’exploration au XIXe siècle. Visages de l’exploration au XIXe siècle. Du mythe à l’histoire est à découvrir jusqu’au 21 août.
S’appuyant sur le fonds exceptionnel de la Société de géographie et sur d’importants prêts extérieurs (musée du Quai Branly, Muséum national d’Histoire naturelle, musée de l’Armée, musée Guimet, etc.), l’exposition rassemble carnets de notes et de croquis, cartes et photographies, instruments de mesure, objets et spécimens collectés sur le terrain…soit près de 200 pièces qui permettent d’offrir un nouveau regard sur la curiosité savante et les “découvertes” de l’époque. Le parcours proposé aux visiteurs met particulièrement en valeur toutes les figures – femmes exploratrices, guides, interprètes, etc. – qui ont été les actrices et acteurs invisibles dans le récit et l’iconographie officiels de l’exploration européenne.
L’explorateur, ce héros…
L’exploration fut, pour les Européens du XIXe siècle, un horizon d’attente aux enjeux multiples : faire avancer les connaissances géographiques, nourrir des savoirs comme l’anthropologie ou l’archéologie, mais également évaluer les richesses exploitables, à l’heure de l’expansion des empires coloniaux. Dans l’histoire de la rencontre des Européens avec le reste du monde, la figure de l’explorateur est au centre d’un récit héroïque, diffusé par la littérature d’aventure, l’imagerie populaire et, plus tard, le cinéma. À cette époque se construit une mythologie de l’exploration fondée sur plusieurs idées reçues: la figure de l’explorateur, voyageur solitaire, seul collecteur et créateur de savoirs, le fantasme de territoires explorés vierges de toute histoire et de tout habitant, le rêve d’une connaissance intégrale, objective et désintéressée, de tous les « ailleurs » géographiques.
L’exposition Visages de l’exploration au XIXe siècle. Du mythe à l’histoire confronte cette mythologie à la réalité du terrain. Elle est l’occasion de donner à voir des parcours trop longtemps passés sous silence, ceux de femmes exploratrices, d’explorateurs non-européens, d’intermédiaires, de guides, d’interprètes qui jouèrent un rôle crucial dans le mouvement exploratoire, même s’ils ont été oubliés du grand récit. En proposant une histoire matérielle des voyages, incarnée sur le terrain par une multiplicité d’acteurs et d’actrices, cette exposition fait également émerger un autre récit, celui des différentes formes d’appropriation du monde à l’époque coloniale. Elle témoigne de l’imbrication des pratiques d’exploration scientifique et des opérations de conquête territoriale, qui, sans être systématique, fut une réalité.
Un parcours rythmé par les temps de l’exploration
La scénographie de l’exposition s’organise autour des trois temps de l’exploration: la préparation savante du voyage, les pratiques de terrain puis la mise en récits et en images au retour du voyageur. Carnets de voyages, cartes, photographies et objets collectés ou pillés permettent de rendre compte des réalités quotidiennes de l’exploration, au-delà de la fascination qu’exerce l’attrait de l’ailleurs, au XIXe siècle comme de nos jours.
Pour chaque étape sont mises en avant les contributions des acteurs non-européens de l’exploration: souverains égyptien ou siamois commanditant des explorations, voyageurs africains parcourant le continent, guides, interprètes, porteurs constituant les intermédiaires indispensables à la réalisation de l’entreprise collective qu’était en réalité l’exploration. Le visiteur rencontrera ainsi, aux côtés des figures connues de Brazza, Gallieni, Dumont d’Urville ou Charles de Foucauld, Gabrielle Vassal et Octavie Coudreau, Joseph Martin et son guide toungouse, l’explorateur peul El-Fellati, le lettré Nain Singh, l’ancien esclave Apatou accompagnant Jules Crevaux en Amazonie, et bien d’autres.
Des reconstitutions scénographiques permettront, par une approche immersive, de retrouver le quotidien des explorations: imaginer un géographe parisien dans son cabinet de travail, se retrouver au cœur d’un campement d’explorateur au milieu du Sahara, retrouver l’atmosphère d’une exposition ethnographique d’objets sibériens, ou même assister à une conférence-projection comme un membre de la Société de géographie.
Commissariat
Hélène Blais, professeure des universités, École Normale Supérieure – PSL (Paris)
Olivier Loiseaux, conservateur général, BnF, département des Cartes et plans
[Source : communiqué de presse]
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