Réécrire 4 – Little K & Doriane Souilhol – Barbershop
Little K, Bling Bling & Chilin
À l’aide d’une scénographie à taille humaine, Little K présente au Barbershop à la fois une installation de ses sculptures en pâte « Chilin », ses objets en carton « Bling Bling » mais aussi les photographies de leur mise en situation dans la vie quotidienne et dans la ville.
La série des « Bling Bling » naît de son envie de déguiser les enfants avec qui il travaille. Il veut les amuser et créer un univers royal, imposant et décalé. Fabriqués en carton, colliers, couronnes, casquettes et baskets ont un air enfantin.
Les codes ostentatoires des rappeurs américains qui s’exposent et se revendiquent sont repris à la dérision par Little K. Il réalise des objets en or avec du carton jetable. Ce décalage de matériaux exprime la futilité du mouvement « Bling Bling ».
Avec les « Chilin », de l’expérience des espaces qu’il côtoie, Little K module avec de la pâte des personnages aux couleurs vives. Ceux-ci ont les attitudes, les postures souvent non-chalantes des jeunes de la rue, des skateurs des cités. Des capuches les recouvrent comme de petits lutins.
Les sculptures sont ensuite placées et collées dans de nombreuses villes comme pour exprimer leur présence passée, réaffirmer leur identité. Une carte géographique retrace les lieux dans lesquelles sont installées ces oeuvres in situ.
Doriane Souilhol, femmes à barbe
Dans la lignée de son travail sur le corps et le questionnement des codes de représentation, Doriane Souilhol présente au Barbershop un corpus d’œuvres installées in situ « femmes à barbe ».
Imaginée en référence au nom du lieu, cette création transpose la barbe, signe identitaire masculin, chez la femme et s’attaque ainsi à l’évocation des poils féminins dans l’inconscient collectif.
L’artiste propose une relecture abstraite et humoristique du mythe « Vagina dentata » où le sexe de l’homme serait avalé par les organes génitaux féminins. Dans son travail en général, elle aime s’attaquer à ce qui se matérialise difficilement. Le vagin se voit peu, il est interne et caché par les poils et est source de multiples rêveries et représentations. Avec des matériaux simples, papier, textile, laine, elle réinvestit cet imaginaire et donne sa vision personnelle par des formes ambiguës à la fois barbes et oisons où se confondent féminité et masculinité.
L’installation centrale, Piège à con, oppose un papier peint au motif de bouches de femme placées verticalement évoquant ainsi les lèvres de la vulve, sensuelles et attirantes, avec des pièges à loup suspendus, effrayants et dangereux. « Con » rappelle ici le nom donné au sexe de la femme qui a encore aujourd’hui un sens péjoratif. Doriane Souilhol se joue ainsi de la notion de «sexe faible» avec dérision et nous invite à réfléchir sur ses conséquences dans notre imaginaire.
Réécrire 4 – Installations – Little K & Doriane Souilhol
Vernissage jeudi 24 mars (19h-2h) + DJ set Thin.King
Barbershop
68, avenue de la République
75011 Paris
M° Saint Maur
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