0 Shares 1640 Views

Exposition “Présence Africaine” au musée du Quai Branly du 10 Novembre 2009 au 31 Janvier 2010

26 octobre 2009
1640 Vues
prsenceafricaine

 

PRESENTATION DE L’EXPOSITION PAR SARAH FRIOUX-SALGAS, Commissaire de l’exposition

La revue littéraire et culturelle « Présence Africaine », héritière des « négritudes » d’avant la seconde guerre mondiale, est fondée à Paris en 1947 par l’intellectuel sénégalais Alioune Diop. Un texte inaugural « Niam n’goura ou la raison d’être de Présence Africaine » explique clairement les objectifs de la revue : Publier des études africanistes sur la culture et la civilisation noire, publier des « textes africains », passer en revue les « œuvres d’art ou de pensée concernant le monde noir ».

 

Dans les premiers numéros, son fondateur Alioune Diop s’entoure de toutes les personnalités intéressées par les mondes noirs : ethnologues, anthropologues (Marcel Griaule, Georges Balandier, Théodore Monod, Michel Leiris, Paul Rivet), écrivains, philosophes (Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Jean-Paul Sartre, André Gide, Albert Camus, Richard Wright) mais aussi galeristes et critiques d’art (Charles Ratton, William Fagg). La part d’auteurs français diminue après les cinq premiers numéros.

 

Si, en 1947, Alioune Diop écrit « cette revue ne se place sous l’obédience d’aucune idéologie philosophique et politique », en 1955, il redéfinit clairement ses objectifs : « Tous les articles seront publiés sous réserve que leur tenue s’y prête, qu’ils concernent l’Afrique, qu’ils ne trahissent ni notre volonté antiraciste, anticolonialiste, ni notre solidarité des peuples colonisés ».

 

« Présence africaine » a été un outil de diffusion qui a permis aux intellectuels et aux écrivains noirs de revendiquer leurs identités culturelles et historiques que le contexte colonial niait ou « exotisait ». Cette revue fut donc à la fois un mouvement, un réseau d’échanges et une tribune permettant aux différents courants d’idées liés aux « mondes noirs » de s’exprimer. « Présence Africaine » a été également l’un des acteurs qui a permis très tôt de constituer la bibliothèque des textes fondateurs de l’anticolonialisme en France (Aimé Césaire, Jean-Paul Sartre, Frantz Fanon, …).

 

Cette exposition a pour ambition de montrer le rôle majeur joué par « Présence Africaine » dans l’histoire politique et culturelle des intellectuels noirs francophones, anglophones et lusophones des années 1950-1960. Elle explore et analyse son rôle de catalyseur durant les 20 premières années de son existence. En effet, c’est au cours de cette période que « Présence Africaine » fonde une maison d’édition (1949), produit le film Les Statues meurent aussi d’Alain Resnais et Chris Marker (1953), créée une association culturelle (1956), organise 2 Congrès d’écrivains et d’artistes noirs (1956 et 1959) et participe activement à la mise en œuvre du « premier festival des arts nègres » de Dakar (1966). Aujourd’hui, une exposition consacrée à l’histoire de « Présence Africaine » permet de révéler à un large public le rôle méconnu des intellectuels africains, antillais, malgaches et noirs américains dans la vie intellectuelle française et mondiale. Elle est également l’occasion de rendre hommage à Alioune Diop, une grande personnalité trop peu connue en France, dont le centième anniversaire de la naissance sera célébré en 2010 par le Sénégal.

 

Remerciements à l’équipe de « Présence Africaine » (Yandé Christiane Diop, Suzanne Diop, Françoise Balogun, Romuald Fonkoua) qui a collaboré à l’organisation de cette exposition.

 

Sarah Frioux-Salgas, Commissaire de l’exposition

 

PORTRAIT D’ALIOUNE DIOP

Alioune Diop est né à Saint-Louis (Sénégal) le 10 janvier 1910. Musulman, il fréquente l’école coranique, mais ses tantes maternelles l’initient à la lecture de la Bible. Il passe son baccalauréat en 1931 et, grâce à une bourse, il étudie les Lettres classiques, d’abord à l’Université d’Alger, puis à celle de Paris. Ces différentes approches culturelles ont certainement contribué à forger l’humanisme et l’ouverture d’esprit qu’on lui connaissait. Il fait aussi l’expérience de plusieurs activités professionnelles, tour à tour enseignant, fonctionnaire de l’AOF (l’Afrique Occidentale Française) et sénateur de la IVe République française. Mais c’est surtout à travers ses talents d’animateur culturel, d’organisateur, de fédérateur qu’il trouve sa voie.

 

En 1947, il fonde la revue « Présence Africaine », en 1949 la maison d’édition et en 1962, il ouvre la librairie « 25 bis rue des Ecoles ». En 1956, il organise à la Sorbonne le Congrès des écrivains et artistes noirs qui réunit les intellectuels noirs de nombreux pays, soutenus par des écrivains et artistes du monde entier (Picasso, Claude Levi-Strauss…), militant pour l’émancipation des cultures africaines, et en faveur de la décolonisation.

 

Avec les indépendances qui se succèdent rapidement, Alioune Diop organisera avec Léopold Sédar Senghor le 1er festival mondial des arts nègres en 1966 à Dakar, dans un Sénégal désormais indépendant. Il meurt le 2 mai 1980 à l’âge de 70 ans. Léopold Sédar Senghor lui rend un vibrant hommage, le désignant comme un « Socrate noir », plus soucieux d’accoucher les autres que de produire une œuvre personnelle ambitieuse.

 

Un prix d’édition africaine Alioune-Diop a été créé en 1995 par l’Organisation internationale de la francophonie. Il est décerné tous les 2 ans à la Foire internationale du livre et du matériel didactique de Dakar (FILDAK). La veuve d’Alioune Diop, Yandé Christiane Diop, poursuit le travaille de son mari, aux côtés de Romuald Fonkoua, Directeur de la publication. « […] Tout m’attirait en lui, son élégance naturelle, sa générosité, sa double culture, sa volonté patiente qui ne redoutait ni les obstacles ni les défis : être catholique bien que fils de lettré musulman, parler à des communautés séparées par les différences, l’inégalité et les discriminations. Nous avons discuté chaque soir, et il fut ainsi mon instituteur. Des visiteurs venaient, des notables, des imams dakarois, des politiciens locaux dont le socialiste Lamine Guèye, des hommes de cultures […] » Georges Balandier, Histoire d’Autres, Stock, 1977, p 51-52 Aimé Césaire, Alioune Diop et Edouard Bass, ancien ambassadeur du Sénégal à Rome, 1959

 

PRESENCE AFRICAINE

Du 10 Novembre 2009 au 31 Janvier 2010

 

Musée du Quai Branly

37, quai Branly
75007 – Paris

Métro : Alma Marceau, Iena, Ecole Militaire, Bir Hakeim

 

Tél : 01 56 61 70 00
mardi, mercredi et dimanche : de 11h à 19h
jeudi, vendredi et samedi : de 11h à 21h

 

Tarifs : billet Exposition(s) temporaire(s)
billet 7 € (plein tarif) / 5 € (tarif réduit)

billet jumelé (collections permanentes + expositions temporaires)
billet 10 € (plein tarif) / 7 € (tarif réduit)

 

www.quaibranly.fr

 

 

 

Articles liés

GREMS investit le MUR Oberkampf le samedi 9 novembre !
Agenda
29 vues

GREMS investit le MUR Oberkampf le samedi 9 novembre !

GREMS interviendra sur le MUR Oberkampf le samedi 9 novembre 2024 à partir de 10h et recouvrira l’œuvre de Williann. À propos de GREMS Formé à l’école des Beaux Arts de Bordeaux Michael Eveno Aka Grems est un artiste...

“Cheval de Chang’an”, un spectacle de danse néo-classique chinoise au Musée Guimet
Agenda
27 vues

“Cheval de Chang’an”, un spectacle de danse néo-classique chinoise au Musée Guimet

Cheval de Chang’an est une odyssée à travers le temps et l’espace, où modernité, tradition, histoire et art s’entrelacent pour révéler la splendeur d’une époque dorée de la Chine ancienne. S’inspirant des bas reliefs des six coursiers du mausolée Zhao...

“Taxi Story” : un spectacle de Sébastien Perrier sur une mise en scène originale, entre théâtre et cinéma
Agenda
34 vues

“Taxi Story” : un spectacle de Sébastien Perrier sur une mise en scène originale, entre théâtre et cinéma

Un conducteur de taxi solitaire entreprend un voyage dans le temps pour tenter de sauver son amour. Dans le huis clos d’un taxi, un simple trajet peut bouleverser une vie… Samedi 22 décembre 2018 : Léo et Julie sont...