Exposition Périodes – Julien Audebert – Art : Concept
Périodes Oeuvres de Julien Audebert Du 23 avril au 21 mai 2016 Vernissage le 23 avril de 18h à 21h Du mardi au samedi de 11h au 19h Entrée libre Art : Concept |
Pour sa nouvelle exposition à la galerie Art : Concept, Julien Audebert s’intéresse, comme nous le signale d’emblée le titre donné, à la périodicité quelle soit d’ordre historique, politique ou scientifique. À travers divers medium – photographie, procédés numériques, film – l’artiste poursuit son travail sur l’image et la perception, s’attachant à matérialiser nos conceptions et représentations sur l’humain, son rapport à l’histoire et au monde.
Connu pour ses « photos-démontages » des chefs-œuvres du septième art tels que Soy Cuba, Le Cuirassé Potemkine ou encore La Règle du jeu pour ne citer qu’eux, Julien Audebert puise dans le cinéma comme dans une banque d’images mise à la disposition collective. Ici pour Danse Américaine (2015), l’artiste a choisi Un Américain à Paris (1951) une comédie musicale américaine de Vincente Minnelli sortie au lendemain de la Libération. Recourant à un procédé numérique de photos d’écran, Julien Audebert rassemble en un seul plan panoramique, trois temps du film signalés par les textes des chansons qui les accompagnent. Seul le héros est absent, mais signifié par les fragments des chansons qu’il interprète et la présence de ses partenaires de danse (la fleuriste, la tenancière du bistrot, les enfants, etc.). L’artiste capture, au premier sens du terme, des milliers d’images qu’il réassemble pour créer une continuité spatio-temporelle fictive devant laquelle le spectateur croit pourtant reconnaître une scène du film qu’il connaît. Mais à y regarder de plus prêt, l’œuvre revendique une certaine artificialité, d’autant plus révélatrice ici lorsque l’on sait qu’Un Américain à Paris fût principalement tourné en studio. La critique se fait sentir subtilement, comme son sujet sous-jacent ; le soft power américain, ce processus de domination culturelle enclenché à partir du plan Marshall et qui trouvera un parfait allié dans le cinéma. Soumis au même procédé technique, Sommet (2015) revendique avec d’autant plus de force son caractère politique. À partir de la vidéo officielle du 24e Sommet de l’OTAN, l’artiste bouscule l’ordre protocolaire avec une photographie représentant les chefs d’États de dos, face au terrain de golf qui leur sert de lieu de démonstration militaire pour l’occasion. Au-delà du retournement littéral Julien Audebert déplace notre regard sur un autre angle du monde diplomatique, l’envers du décorum, dénonçant une certaine utilisation de l’image. Et pour cela, quoi de mieux que de recourir précisément à des procédés manipulatoires. Qu’il s’agisse du cinéma ou de la photographie de terrain, c’est l’Histoire qui est actrice principale de l’œuvre de Julien Audebert. Il la périodise, la segmente dans son cours pour n’en retenir que ses moments clés ou conflagrations. Ses propositions matérialisent souvent un point de tension (ou climax pour parler cinéma) d’ordre politique ou militaire où les variables géographiques jouent un rôle particulier. On se souvient de sa reconstitution du conflit en gestation entre l’Occident et la Russie (Est-Ouest, 2012). Ici retour sur une autre conflagration, celle de la célèbre bataille de Verdun. Prises de nuit, à l’aide de torches, ses photographies d’anciens sites militaires (Nocturnes, 2015-16) sont le résultat d’une mise en lumière (au sens littéral) des aspérités du sol et les écosystèmes qui se sont progressivement formés dans les impacts laissés par les bombes. Au travers d’une lecture quasi topographique, Julien Audebert nous offre un témoignage matériel des traces de notre histoire collective. Changement d’échelle, mais toujours dans la symbolique guerrière, une chorégraphie spatiale vient clôturer l’exposition. Après s’être nourri du cinéma pendant toute sa carrière, l’artiste passe derrière la caméra avec son film Mars & Vénus (2016)*. Mars, incarné par la caméra filmant et Vénus interprétée par une danseuse, retranscrivent à échelle humaine les périodes de révolutions respectives de ces deux planètes. L’œil du spectateur se confond avec celui de Mars et assiste à la traque visuelle de Vénus qui effectue une boucle apparente (phénomène appelé « effet d’opposition » en astronomie) lorsqu’elle se trouve alignée sur le centre de son amant mythologique. De nouveau, il s’agit de révéler quelque chose par le biais de l’image et des apparences. Face au caractère implacable des données astrophysiques sur lesquelles se base le film, le corps dansant vient ouvrir les possibilités et réinjecter de l’humain. L’artiste incarne ainsi poétiquement un phénomène astronomique, insaisissable pour le commun des mortels, dans le corps d’une danseuse, qui se trouve justement être étoile. Julia Mossé
[Source texte: communiqué de presse // © Julien Audebert] |
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