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Exposition Paul Chmaroff 2012 – Espace Pierre Cardin

15 mai 2012
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Le vernissage aura lieu le jeudi 10 mai 2012 à partir de 17h en présence de Son Excellence Monsieur Alexandre Orlov, ambassadeur de la Fédération de Russie, de Monsieur Pierre Cardin, Ambassadeur de bonne volonté à l’UNESCO, membre de l’Institut et de Monsieur Joël Garcia, membre de l’Académie Internationale de la Culture et des Arts de Russie. Cette exposition a été réalisée grâce à la collection particulière de Monsieur Garcia et à son initiative.

De la peinture de Paul Chmaroff, on retient les formes éthérées de ses baigneuses sur fond bleu, les femmes sensuelles sur un tapis de verdure, la transparence de l’eau et les couleurs vives de ses paysannes russes, souvenirs d’une Russie rêvée.
Sa recherche de l’Eternel féminin est manifeste dans chacune de ses oeuvres : jeunes paysannes prises sur le vif dans leur baignade, études de nus. Chmaroff aime les femmes et les peint avec une large brosse. Les corps d’abord très académiques de ses modèles acquièrent progressivement une liberté de pinceau et un touché proche du mouvement impressionniste français. Avec l’exil, l’oeuvre de cet artiste hors du commun s’est éclaircie. Il semble échapper au fini de l’art. On le dit tour à tour symboliste, impressionniste… Il est et l’un et l’autre : chantre d’un poème à la vie, utilisant les empâtements de peinture pour donner relief à son sujet : fruits, fleurs, ou personnages, écrivant par la couleur les sonorités du temps. Il nomme ses toiles en donnant la gamme de couleurs employée : bleue, blanche ou verte.

Biographie

Paul Chmaroff naît le 22 septembre 1874 à Voronej, grande ville située près du Don, à quelque 500 kilomètres au sud-ouest de Moscou. On sait peu de choses sur son enfance et sa famille, les archives familiales et les ressources documentaires sur son oeuvre ayant été dispersées entre Moscou, Saint-Pétersbourg et Paris.
On ne trouve guère d’éléments d’information à Voronej qui fut détruite à 95% pendant la Seconde Guerre Mondiale. Seuls subsistent quelques témoignages d’amis ou de personnalités qui l’ont croisé au cours de son existence.

D’origine paysanne, son père, Dmitri Shmyrov (ou Shmyrev), est un artisan respecté et aisé ; il possède un atelier de charronnerie employant de nombreux apprentis.
On lui connaît trois enfants Vassili, Paul (Pavel) et Lioubov. Quand le 16 août 1885, Paul entre à l’école du district, la famille demeure au 5, rue Malaja Smolenskaya. Malheureusement en juin 1890, il est obligé de quitter l’école, probablement à cause de la mort de son père, cet événement bouleverse la situation familiale.
Chmaroff le résume dans son journal en 1907 : « La première perte, celle de mon père, m’a peu touché, je ne l’aimais pas. La seconde, notre situation, a affecté durement mon amour propre.

Tout a disparu à jamais, tout a été emporté. L’écrire me serre encore la gorge. Quelle humiliation, me sembla-t-il, quand un ami m’a offert un costume. J’ai refusé et je l’ai détesté. Il n’y avait pas d’argent, et j’ai dû abandonner mes études. Une vie insupportable, pleine de désolation a commencé, le froid dans la maison, les repas dont je n’ai pas souvenir. Ma soeur Liouba n’en comprenait pas alors la raison. ».
Il est heureux d’obtenir un travail au Consistoire pour un misérable salaire de 4 roubles par mois puis enchaîne des petits boulots pour finir chez un photographe. Un travail de mieux en mieux payé, même s’il en a honte. Son frère, à la fin de ses études techniques, part pour Novorossisk (port sur la mer Noire) où il touche un salaire de 40 roubles, dont il envoie la moitié à leur mère.
C’est pendant cette période difficile que Paul rencontre Lev G. Soloviev (c.1837-1919), dessinateur et peintre d’icônes. Ami du philosophe Nikolaï Fedorev (1829-1903) et de Léon Tolstoï, Soloviev joua un rôle important dans le développement artistique de Voronej.
Paul Chmaroff entre en 1893 à l’école gratuite de dessin de la ville. Il y apprend la rigueur du dessin et l’étude d’après nature. Sous l’influence de son maître, il devient végétarien et adepte des idées de Tolstoï. « L’art seul était jouissance » écrit Chmaroff dans son journal. Ses condisciples sont Mitrofan Fedorov(1870-1942), Aleksandr Boutchkouri (1870-1942), Vassa Epifanova (1875-1942), Elena Kiseleva(1878-1974), Konstantin Rausch-von-Traubenberg (1871-1935), ainsi que d’autres habitants de Voronej avec lesquels il continuera à avoir des relations suivies à différentes périodes de sa vie.
Le jeune Paul découvre lors d’une exposition pendant cette période d’apprentissage, l’art des Peintres Ambulants. Apparu en Russie en 1863, ce mouvement pictural réaliste s’élève contre l’art académique en vigueur. Les oeuvres qui illustrent ce mouvement sont essentiellement des peintures de genre, à caractère social et historique, traitant de la condition du peuple russe. Ces artistes ambulants organisaient des expositions itinérantes dans le but pédagogique de démocratisation de la culture.

Le futur maître de Chmaroff, Ilya Repine (1878-1955), Vassili Polenov (1844-1927) et Arkhip Kouindji (1842-1910) sont les chefs de file de ce mouvement des artistes ambulants. Il s’inscrira plus tard dans cette mouvance et participera aux expositions de leur Société.

La première exposition de l’Ecole de Dessin de Voronej, se tient du 25 décembre 1893 au 4 janvier 1894 et présente plus de 400 oeuvres. Celles de Chmaroff sont remarquées par le Télégraphe de Voronej, notamment un portrait de jeune fille au minois vivant et sage. C’est également la première fois que l’artiste est appelé « Chmaroff » au lieu de Chmyrov.
Dès septembre 1894, ils sont 11 artistes à exposer parmi lesquels Chmaroff présente 70 oeuvres. Elève brillant, Paul reçoit en 1894 le soutien du comité des mécènes de la ville de Voronej et part étudier comme auditeur libre, à l’Académie des Beaux-arts de Saint-Pétersbourg. Accompagné par Mitrofan Fedorov, il intègre l’atelier dirigé par Repine, et rencontre les futures grandes figures de l’art russe tels Filipp Maliavine (1869-1939), Boris Koustodiev (1878-1927) ou Anna Ostroumova-Lebedeva (1871-1955).

A l’exposition des travaux d’élèves de 1895, ce jeune étudiant très doué verra son tableau « Le train de bois », réalisé pendant ses vacances à Voronej, récompensé par la somme de 75 roubles. Cependant malgré son talent, il souffre de ses origines modestes. Ses camarades le surnomment « Mitritch », « fils de Dmitri », une façon familière d’appeler les jeunes paysans, soulignant ainsi son côté provincial et bourru.

En 1897, il est officiellement admis comme élève de l’Académie. Remarqué par Kouindji et Répine, ce dernier écrit de lui : « Chmaroff va de l’avant; dans ce garçon, désespérément inculte, il y a un grand peintre… Quelle chaleur, quelle intégrité, quelle souplesse et plasticité dans ses études ! Combien il y a d’impression et de grandiose dans ses esquisses ! Et dans tout cela, des tableaux presque aboutis ».
En mai 1898, Igor Grabar et Dmitri Kardovski reviennent de Munich, enthousiasmés par l’école fondée par le peintre réaliste slovène, Anton Ažbe (1862-1905). Sans doute influencé par eux, Paul Chmaroff s’y inscrit à son tour en décembre. Il y côtoie le petit cercle russe de Marianne von Werefkin : Alexi von Jawlensky, Vassili Kandisky, ainsi que Igor Grabar et Dmitri Kardovsky. Il rentre en avril à Saint-Pétersbourg.
En 1899, il reçoit, pour sa fresque historique « Malheur aux vaincus ! », commande de l’Académie des Beaux-arts de Saint-Pétersbourg, le titre officiel de peintre, la médaille d’or et une bourse d’étude à l’étranger. L’un de ses camarades d’atelier se souvient : « il peignait à larges touches, comme avec une brosse… Son dessin était par contre tout à fait à l’opposé. Ayant taillé vivement sa mine de plomb, il dessinait très finement et en détail sur le papier lisse presque sans ombres. Son idéal était Ingres. »
Entre 1900 et 1902, grâce à sa bourse, il parcourt l’Europe de Vienne, à Rome, Florence et Venise. A Paris, Chmaroff étudie dans l’atelier du peintre académique Jean-Paul Laurens (1838-1921). Il réside dans le quartier du Parc-de-Montsouris, rue de la Tombe-Issoire, quartier à la fois haussmannien et campagnard où beaucoup d’artistes et d’exilés ont trouvé refuge.

En 1904, il découvre l’Espagne en compagnie de Boris Koustodiev. Ces pérégrinations n’empêchent pas Chmaroff de présenter régulièrement ses oeuvres aux Salons de Printemps de l’Académie. De 1900 à 1910, il exécutera des portraits de la noblesse et de la bourgeoisie intellectuelle, mais aussi du tsar Nicolas II et de la famille impériale, ce qui lui vaut le titre de « peintre du tsar ».

Le caractère de Chmaroff, d’après ce qu’il ressort de son journal, est celui d’un coureur de jupons. Il compte ses aventures comme Don Giovanni : il aura plus de 99 conquêtes avant son départ de Voronej. En 1906, il a une liaison avec une femme mariée, dont il aurait eu un enfant. Elle porte le nom de sa soeur adorée Liouba, décédée, il lui écrit d’interminables lettres sans pouvoir ni les lui envoyer ni la rencontrer. En 1909, il est à Paris avec une jeune ballerine des Ballets russes, Lidya Mouromskaya.

Chmaroff peint alors de grands tableaux de genre ou de bataille ainsi que des panneaux décoratifs. Il dessine aussi bien pour des journaux (Vetchernee Vremia, Novoie Vremia et la Revue du Théâtre littéraire et artistique) que pour le théâtre.
Il réalise également des illustrations pour les oeuvres des poètes et écrivains Nikolaï A. Nekrassov (1821- 1878), Alexandre S. Pouchkine (1799-1837), Mikhaïl Y. Lermontov (1814-1841), comme pour l’historien et archéologue Ivan J. Zabelin (1820-1908).
Sa peinture monumentale « La Bataille de Borodino » (1912) (dont le lieu de conservation reste inconnu) obtient un vif succès, relaté ainsi par le journal local, Vetchernee Vremia : « les peintres de batailles talentueux sont rares à présent, chez nous, comme à l’étranger. Une agréable exception est faite par les travaux de Chmaroff réussissant à joindre une large palette savoureuse à la fidélité du dessin, la composition et l’exactitude historique ».
En 1912, à l’instigation des peintres Ilya E. Repine et Vladimir E. Makovsky (1846- 1920), et du sculpteur Vladimir A. Beklemishev, il est proposé comme académicien, mais n’obtient pas la majorité des suffrages. Il sera élu en 1916 à la seconde présentation de sa candidature. Il préside alors le comité de l’Exposition de Printemps dans les salles de l’Académie de peinture, qui présente l’exposition annuelle des travaux d’élèves.
Cette même année 1916, il reçoit commande du plus grand quotidien russe de l’époque Novoïe Vremia (Temps nouveau), par l’intermédiaire de Boris A. Souvorine, fils du célèbre éditeur Alexeï S. Souvorine (1834-1912) et de l’écrivain Anton Tchekhov. Il part alors pour le front oriental (Pologne) et exécute une série de 30 dessins sur le thème de la guerre. Ses travaux sont publiés dans diverses revues.

En 1917, au tout début de l’ère soviétique, il participe à la première exposition de tableaux, études et esquisses de la Fondation A. I. Kouindji, puis, en 1919, à la première exposition nationale libre d’oeuvres d’art.
Début 1923, il part à l’étranger, d’abord à Rome pendant presque deux ans, puis s’installe à Paris en décembre 1924 dans le 14ème arrondissement. Il continue à peindre ses paysages peuplés de roussalki, ces ondines slaves, ou de jeunes paysannes en costumes russes, et de nombreuses natures mortes.
Il travaille essentiellement sur commande comme portraitiste et exécute, entre autres, les portraits du chanteur d’opéra et acteur russe, Fédor Chaliapine (1873-1938) et celui du danseur et chorégraphe d’origine ukrainienne, Serge Lifar (1905-1986). Il ne cessera jamais de peindre en parallèle, des paysages peuplés de baigneuses, empreints de la nostalgie de sa terre natale.
Lors de sa première grande exposition à Paris en 1928, à la Galerie Charpentier, (76, rue du Faubourg Saint-Honoré), il présente des portraits, des natures mortes et des paysages habités.

Le musée du Luxembourg y acquiert une « Baignade ». Il participe aux expositions d’Art russe à Paris (Galeries d’Alignan en 1931 et La Renaissance en 1932), ainsi qu’en Allemagne, Angleterre, Belgique, Hollande, puis en Argentine et en Yougoslavie.
Sa femme, Olga Vinogradova est une ancienne costumière du Bolchoï qui a réalisé notamment le costume de Chaliapine pour Boris Godounov. A Paris, ses broderies lui permettent de gagner sa vie. Jusqu’en 1939, il expose au Salon des Artistes français et travaille pour le théâtre, et très probablement pour les Ballets russes.
A Paris, il décore l’atelier de danse de Serge Lifar.
Pourtant, il arrive difficilement à vivre confortablement de son art et, souvent, paie ses loyers en tableaux.
Chmaroff crée parfois des cartons pour ses tapisseries.
Olga peint également à l’aiguille des icônes.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, ils déménagent à Boulogne-Billancourt, juste après le bombardement des usines Renault. Chmaroff parlant à peine le français, ils côtoient essentiellement d’autres émigrés russes mais il travaille surtout pour un riche entrepreneur en bâtiment pour lequel il compose des fresques décoratives, exécute des portraits, des nature mortes ou et des baigneuses.

Pendant cette période, il est un intime de l’artiste peintre la plus emblématique des années Art déco, Tamara de Lempika (1898-1980), mais surtout de sa soeur, décoratrice et architecte, Adrienne Gurwick-Gorska (1899- 1969).

En 1946, l’Union des patriotes soviétiques organise rue Galliéra, à Paris, l’exposition « Hommage à la Victoire » à laquelle participe Chmaroff avec un portrait de Staline en généralissime. Certes sa mère-patrie lui manque cruellement, mais c’est sans la revoir qu’il meurt le 2 juillet 1950.
Il est enterré dans le cimetière Pierre Grenier de Boulogne-Billancourt. Mais sa tombe a disparu, sa dépouille ayant rejoint les anonymes dans la fosse commune. Chmaroff laisse en France une oeuvre abondante liant la tradition russe au style Art Déco.

En 1955, sa femme et ses amis organiseront une exposition rétrospective à la Galerie Charpentier. Olga meurt un an plus tard ; son fonds d’atelier sera alors dispersé.

Repères biographiques :

1874 : Naissance de Pavel Dmitrievitch Chmaroff à Voronej.
1893-1894 : Etudes à l’école gratuite de dessin de Voronej sous la férule de Lev G. Soloviev.
1894 : Auditeur libre à l’Académie des Beaux-arts de Saint-Pétersbourg dans l’atelier d’Ilya Repine.
1899 : Reçoit le titre de peintre, la médaille d’or et une bourse d’étude à l’étranger, avec « Malheur aux vaincus ».
1900-1902 : Voyages à Vienne, Rome, Florence, Venise, Munich et Paris.
1904 : Découverte de l’Espagne avec Koustodiev.
Reçoit la médaille d’or à l’Exposition Universelle de St Louis, Etats-Unis pour « La Parisienne »
1905 : Récompensé par le Ier prix Alexandre III de la Fondation A. Kouindji pour « En attendant le train », et le 2ème prix à l’Exposition Universelle de Liège avec « L’Année 1812 »
1900-1910 : Exécute les portraits de la Grande Duchesse Maria Pavlovna, du comte Moussine Pouchkine, du prince Youssoupov-Soumarokoff-Elston, du ministre de la guerre Kouropatkine, de l’éditeur Souvorine, du tsar Nicolas II…
1914 : Travaille à la Commission d’acquisition des tableaux pour les musées de province de la fondation A. I. Kouindji, fondée en 1909.
1916 : Elu académicien, il préside le comité de l’Exposition de Printemps dans les salles de l’Académie de Peinture. Il part pour le front et exécute 30 dessins sur le thème de la guerre.
1917 : 1ère exposition de tableaux, études et esquisses de la Fondation. A. I. Kouindji.
1919 : 1ère exposition nationale libre d’oeuvres d’art.
1922 : 16ème exposition de l’Union des artistes russes.
1923 : Emigre en Italie, à Rome.
1924 : S’installe à Paris dans le 14ème arrondissement.
1928 : 1ère exposition personnelle à la galerie Charpentier, Paris. Participe à l’Exposition d’Art Russe, à Bruxelles.
1930 : Expositions d’Art Russe à Belgrade et Berlin.
1931 : Expose à la Galerie d’Alignan, Paris.
1932 : à la Galerie de la Renaissance, Paris.
1946 : Exposition « Hommage à la Victoire », Union des patriotes soviétiques, Paris.
1950 : Décède à Boulogne-Billancourt.
1955 : Exposition rétrospective à la Galerie Charpentier, Paris.
2000 : Exposition « Le symbolisme russe », musée des Beaux-arts de Bordeaux

2010 : Rétrospective à la Galerie Zurab Tseretelli de Moscou, au Musée des Beaux-arts de Voronej, et à l’Académie des Beaux-arts de Russie de Saint-Pétersbourg. Exposition « Les artistes russes hors frontières », au musée du Montparnasse, Paris.
Commissaire de l’exposition : Catherine Boncenne

Exposition Paul Chmaroff

Du 11 au 20 mai 2012


Espace Pierre Cardin
1 et 3, avenue Gabriel
75008 Paris

www.chmaroff.com

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