Exposition : LE SILENCE DES ANGLES MORTS – CAC La Traverse
Exposition LE SILENCE DES ANGLES MORTS Entrée libre Du 28 septembre au 10 décembre : CAC – LA TRAVERSE |
Singulière expérimentatrice, Cécile Le Talec met en œuvre une plasticité « phonomorphique » par laquelle elle sculpte la musique, cisèle les vibrations et façonne la matière sonore. Dans son travail, le visuel, l’haptique et l’auditif sont nivelés sur un même plan de sensibilité, là où leur résonance commune redistribue la carte du perceptible. Pour LE SILENCE DES ANGLES MORTS, l’artiste travaille au point de coïncidence de l’invisible et de l’inécoutable, mettant en place les moyens de les contrarier, de rendre sensible ce qu’ils occultent. Les angles morts, points aveugles du regard qui ne se découvrent qu’à la faveur d’un déplacement, constituent pour Cécile Le Talec des modèles d’illusion optique pour l’élaboration de ses dispositifs, au sein desquels le dynamisme se fait précisément condition d’une révélation plastique. Chacune des pièces présente en effet une dimension kinésique (durée de la vidéo, transcription graphique de mouvements, invitation à la marche, capture de forces physiques…) qui permet la genèse de formes tangibles au cœur de matériaux à première vue insaisissables. Bien que sec et minimaliste, le style de Cécile Le Talec n’en est pas moins empreint d’un sensualisme onirique qui manifeste l’intérêt de l’artiste pour la poésie, pour le verbe porté par sa forme prosodique – sa musicalité – au seuil de sa signi cation. Réalisée pour la toute première fois, l’exceptionnelle pièce cyanotypique se présente ainsi comme une architecture expérimentale — réalisant la performance de saisir l’empreinte d’une musique jouée en live — propice à une plongée dans une picturalité déréalisante, en-deçà du dicible. Reposant sur un même principe d’immersion fantasmatique, l’installation Whirlwindsong dessine une dramaturgie insensée où la sensation physique conduit à une dérive contemplative. Placé entre le délicat ottement d’un rideau tacheté à l’encre souf ée et la force dévastatrice d’un maelstrom, le public, pieds au plancher, improvise dans sa déambulation le dialogue musical entre deux souf es, placé au cœur d’une tension entre réel et imaginaire. Celle qui partage son prénom avec la sainte patronne des musiciens travaille le son sous toutes ses formes, uni ées dans un univers aux allures d’utopie. Ainsi convoque-t-elle autant la biophonie animale et naturelle (grondements telluriques, remous aquatiques, sif ements du vent et des oiseaux…) que la musique instrumentale, vocale et électronique, jouant de leurs interactions, entre empiètements et parasitages. Ce principe de transversalité des sons s’applique également aux motifs plastiques, articulés les uns aux autres par un jeu de résonance symbolique. La couleur bleue quali e aussi bien un fond vidéo qu’un paysage abyssal ou céleste, quand la forme pavillonnaire réalise la synthèse du biologique (la structure auriculaire), du physique (le tourbillon marin) et du technique (le disque vinyle, le phonographe), conférant à l’ensemble une cohérence conceptuelle d’une admirable justesse. A son image, Cécile Le Talec propose en n un art résolument généreux et sincère. Invités à s’emparer de ses œuvres, en les touchant ou en les activant, les spectateurs deviennent dans LE SILENCE DES ANGLES MORTS de véritables « corps conducteurs », au même titre que les Sif eurs qu’elle a rencontrés à travers le monde, engagés de concert dans l’écriture d’une partition esthétique en mouvement, aux multiples nuances tonales. Florian Gaité, 2016 [source du texte et crédit visuel : Communiqué de presse]
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