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Eugène Delacroix. Des fleurs en hiver. Othoniel, Creten – musée national Eugène-Delacroix

19 décembre 2012
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musée national Eugène-Delacroix

Plus connu pour ses oeuvres de sujets romanesques ou orientaux, Eugène Delacroix n’a pas négligé ce genre traditionnel qui lui a permis d’expérimenter la voie de la dilution de la forme dans l’explosion de la couleur. Bien que ses principaux bouquets remontent aux quinze dernières années de sa vie, il ne manque pas d’esquisser de tout temps des fleurs dans ses carnets et d’en mentionner dans son journal, comme lors de son séjour marocain de 1832, où il est frappé par les « fleurs sans nombre de milles espèces formant les tapis les plus diaprés. »

Habitué du parc du château de Nohant, où l’invitait George Sand, pour qui il composa un de ses bouquets les plus libres (Vienne, galerie du Belvedere), Delacroix acquit ensuite une maison dans le village de Champrosay pour s’y reposer dans le calme de son propre jardin. C’est aussi la jouissance d’un jardin privé qui l’incita à s’installer dans l’appartement de la rue de Furstenberg en 1857.

L’exposition célèbre ainsi un sujet qui n’a cessé de hanter les créateurs de la modernité, de Courbet à Monet ou Cézanne, qui possédait le plus abouti des bouquets dessinés de Delacroix. Elle propose en parallèle un dialogue avec les oeuvres de deux créateurs de notre siècle, Jean-Michel Othoniel, qui a notamment conçu le « Kiosque des Noctambules » à l’entrée du métro Palais-Royal et Johan Creten, sculpteur dont les créations récentes pour la manufacture de Sèvres ont été remarquées. Ces artistes contemporains qui placent les fleurs au coeur de leur inspiration ont répondu par des créations pour la plupart inédites à cette invitation. De verre, de bronze, de porcelaine et de papier, elles ne sont en rien des transcriptions d’après Delacroix mais elles illustrent l’éternelle source d’inspiration qu’offre la nature aux artistes.

Deux regards contemporains 

Privilégiant, par goût des métamorphoses, les matériaux aux propriétés réversibles, Jean-Michel Othoniel (né en 1964) se fait remarquer en 1992 à la Documenta de Kassel par ses sculptures en soufre. L’année suivante, il introduit le verre dans son travail, qui deviendra son matériau de prédilection. Sa création est multiple, composée d’oeuvres épurées chargées de poésie et d’érotisme. Pour « Crystal Palace » à la Fondation Cartier à Paris en 2003 et au MOCA à Miami, il fait réaliser de grandes sculptures en verre soufflé, destinées à ré-enchanter le monde. Othoniel, inventeur d’un univers de liberté ultime, a présenté sa première rétrospective « My Way » en 2011 au Centre Pompidou, Paris, au Plateau / Leeum Samsung Museum, Séoul ; en 2012 au Hara Museum, Tokyo, au Macau Museum of Art, Macau et au Brooklyn Museum, New York. L’artiste présente au musée Eugène-Delacroix son « Herbier Merveilleux »; des aquarelles et deux sculptures dialoguent avec les fleurs du peintre. Othoniel et le paysagiste Louis Benech ont été choisis pour réaménager le Bosquet du Théâtre d’Eau dans les jardins du château de Versailles en 2014.

Né en 1963, Johan Creten est un sculpteur belge dont les nombreuses créations en céramique et bronze interrogent les thèmes du corps féminin, de la sensualité et de l’élément naturel. Son travail est un dialogue entre l’art, l’histoire et la littérature. Après des études aux Beaux-Arts, sa passion pour la céramique et sa volonté d’en affirmer la place dans l’art actuel l’amène à voyager. En véritable précurseur, il oeuvre aux côtés de Fontana et Schütte au renouveau de la céramique en art contemporain et organise très tôt ses premières expositions (à Nice, Villa Arson, 1994 ; à Genève, Mamco, 1998). Il bénéficie ensuite de nombreuses résidences d’artiste dont la Manufacture de Sèvres (2004-2007). Il a été exposé au musée du Louvre dans le cadre de « Contrepoint » en 2005 . Il a récemment participé à l’exposition « Beauté Animale » au Grand Palais en 2012 et vient d’inaugurer une exposition personnelle au Musée Dhondt-Dhaenens à Deurle en Belgique (jusqu’au 13 janvier 2013). Creten dévoile au musée Eugène-Delacroix, un nouvel ensemble de sculptures en grès et bronze révélant la charge érotique des fleurs (notamment des bustes de femmes « Odore di Femmina », « Génie » et des oeuvres murales « Wallflowers »).

La Galerie Perrotin à Paris organise parallèlement des expositions de Jean-Michel Othoniel « Les Noeuds de Babel » et Johan Creten « The Vivisector », du 12 janvier au 23 février 2013, réunissant des oeuvres réalisées pour l’occasion. 

Eugène Delacroix. Des fleurs en hiver. Othoniel, Creten

Commissaire de l’exposition : Christophe Leribault, directeur du Petit Palais à Paris, ancien directeur du musée Delacroix

Publication : Eugène Delacroix. Des fleurs en hiver. Othoniel, Creten 
De Johan Creten, Stéphane Guégan, Michèle Hannosh, Christophe Leribault, Jean-Michel Othoniel.
Coédition Le Passage / musée du Louvre éditions. 160 p., 93 ill., 28 €

Musée national Eugène-Delacroix
6, rue de Furstenberg
75006 Paris

www.musee-delacroix.fr

A découvrir sur Artistikrezo : 
– Les grandes expositions parisiennes en décembre 2012

[Visuel : Entrée du musée d’Eugène Delacroix. Photo personnelle de Marianna. Licence Creative Commons paternité – partage à l’identique 3.0 (non transposée)]

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