Le 8 février 2015
Tucker Nichols, artiste américain, vit et travaille à San Francisco. Il présente actuellement ses œuvres à la Gallery 16, à San Francisco, qui accueille sa rétrospective jusqu’au 6 mars. Auteur de dessins, de peintures, de sculptures et d’œuvres grand format, Tucker Nichols est désormais bien connu pour ses œuvres faisant la part belle aux fleurs. Dans un entretien avec AMA, l’artiste revient sur sa carrière et ses différentes sources d’inspiration.
Pouvez-vous nous parler de votre carrière ? Comment en êtes-vous venu à l’art ? Je suis venu à l’art en le pratiquant constamment quand j’étais enfant et en l’observant abondamment avec ma mère, quand j’ai gagné en maturité. Elle m’a emmené voir la salle où sont exposées les peintures de Rothko à la National Gallery of Art de Washington, D.C. et la très controversée exposition de Robert Mapplethorpe, dans les années 1980. Nous en avons vues d’autres, mais ce sont deux expériences qui m’ont profondément marqué. J’ai étudié l’histoire de la peinture chinoise à l’université et j’ai travaillé quelques temps dans les musées avant d’embrasser pleinement ma carrière artistique.
Où trouvez-vous votre inspiration ? Certains artistes vous ont-ils particulièrement inspiré ? Je ne suis pas sûr de comprendre exactement comment s’articulent inspiration et travail créatif. J’ai envie de toucher à tout : aux objets rejetés par la mer sur la plage, aux vitrines des magasins, aux décorations dans les jardins et bien sûr à l’art dans toutes ses formes. J’ai tendance à aimer toutes les choses qui sont exposées, car il se cache toujours une histoire derrière de telles juxtapositions — qui a mis ça là et qu’essayait-il de faire ?
Comment décririez-vous votre mission artistique ? Je n’y ai jamais pensé en termes de mission à vrai dire. J’ai de la chance car aujourd’hui je suis en mesure de réaliser un plus grand nombre de projets potentiels, alors quand j’hésite à me lancer, il faut qu’un projet me pousse à faire quelque chose de nouveau, à m’adresser à un nouveau public ou simplement me faire sentir que je n’ai pas le choix, que je dois le faire d’une manière ou d’une autre. Je n’ai pas d’assistants, à l’exception de ceux qui m’aident à encadrer et au conditionnement pour le transport, ce qui signifie que je dois faire attention aux projets auxquels je m’engage. Mon objectif serait notamment de continuer à fonctionner comme ça. Passer la plupart de mes journées seul, travailler avec des personnes que j’apprécie, soutenir ma famille, essayer de nouvelles choses et ne rien prendre trop au sérieux.
Êtes-vous satisfait du déroulement de votre exposition à la Gallery 16 ? Oui, cela se passe extrêmement bien — je suis vraiment ravi de l’accrochage et de l’harmonie entre les différents tableaux sélectionnés pour cette exposition. La Gallery 16 est un des bijoux de la scène artistique de San Francisco, c’est toujours très amusant d’y exposer. Je ressens toujours une certaine connivence avec leur ligne curatoriale : de l’expérimentation, de la substance mais sans aucune soumission aux jeux futiles du monde de l’art. Ils travaillent avec quelques-uns de mes artistes préférés : Ari Marcopoulos, Martin McMurray, Maya Hayuk ou Michelle Grabner. C’est ma cinquième exposition avec cette galerie.
On peut lire que les fleurs sont un thème qui a beaucoup retenu votre attention, un sujet récurrent pour vos peintures. Pourquoi cette attirance particulière? Ma mère, qui est aujourd’hui à la retraite, était fleuriste et paysagiste. J’ai donc grandi entouré de fleurs, elles ont toujours fait partie de mon environnement. Mais je trouve que les fleurs offrent un sujet parfait, avec juste ce qu’il faut de matière et tellement anodines… en apparence. Mais de nombreuses traditions utilisent les fleurs comme un prétexte pour exprimer toutes sortes d’idées difficilement formulables. Les fleurs ont cette même qualité englobante, syncrétique, que j’apprécie dans l’art. Elles transcendent le langage des mots et pourtant elles communiquent une infinité d’idées abstraites. La plupart du temps, elles ne parviennent pas à exprimer ce que l’on cherche spécifiquement à leur faire dire, mais elles se situent dans ce champ de l’indéfini et de l’infini, ce que je trouve merveilleux.
Vous réalisez aussi bien des peintures que des sculptures ou des dessins, quel est votre médium favori et pourquoi? Je n’ai pas de préférence. Je crée avec les matériaux dont je dispose ou avec ceux qui me paraissent le mieux convenir pour un projet donné.
Quels sont les projets qui vous occupent actuellement et quels sont vos perspectives pour les prochains mois ? Je viens juste de terminer une commande pour le nouvel hôpital de San Francisco, l’UCSF. Il s’agit d’une série de 40 œuvres qui seront accrochées dans des cadres en or à travers tout le Children’s Infusion Center. Ce projet me tient réellement à cœur car j’ai moi-même passé de nombreuses heures dans un centre de perfusion. Vous pourrez en apprendre plus sur mon site web.
Je travaille également sur un nouveau livre et quelques autres commandes. Enfin, je prépare une exposition à la galerie avec laquelle je travaille à New York, Zieher Smith & Horton.
Art Media Agency
[Crédits visuels : © Tucker Nichols, Believe You Me, 2003] |