Entretien avec Jacques Billen, directeur de la Galerie Harmakhis à Bruxelles
Entretien avec Jacques Billen, directeur de la Galerie Harmakhis à Bruxelles Mars 2014 |
Événement incontournable du calendrier international du marché de l’art, l’édition 2014 de la TEFAF de Maastricht dévoile ses trésors au public du 14 au 23 mars. Jacques Billen, fondateur et directeur de la galerie d’archéologie Harmakhis basée à Bruxelles, partage son point de vue d’exposant et d’expert lors d’un entretien accordé à Art Media Agency vendredi 14 mars, au lendemain de l’inauguration de la foire.
La TEFAF vient tout juste de démarrer. Quelles sont vos premières impressions ? Pour l’instant, j’ai un avis assez positif. Mais la TEFAF est une institution, il n’y a pas de grandes surprises. On retrouve souvent les mêmes exposants d’une année sur l’autre, même si on note cette année la présence de nouveaux arrivants triés sur le volet. Avez-vous déjà eu des retours de la part des collectionneurs ? Il est encore un peu tôt pour se faire une idée précise. Le vernissage de la TEFAF est un événement très mondain. L’affluence est énorme. En fait, le vernissage est victime de son succès. Dans mon domaine, l’archéologie, on vend mieux à partir des deuxièmes et troisièmes jours, car les collectionneurs veulent être à l’aise pour voir les objets et prendre le temps de la discussion. Selon vous, quelles sont les caractéristiques principales de la TEFAF ? Moi-même, je suis expert de la TEFAF depuis quinze ans et j’y expose depuis six. C’est dire si je connais l’événement. Ce qui caractérise cette grande et belle foire, c’est sa constance. Une valeur sûre. Car il s’agit d’un événement unique dans le monde du marché de l’art, du fait du nombre d’exposants de qualité qui y sont présents et grâce à la concentration de pièces d’exception. C’est pourquoi j’ai envie de dire que la TEFAF est la reine des foires… Vous avez exposé récemment à la BRAFA de Bruxelles. Cela fait beaucoup de foires en peu de temps . Bruxelles est un carrefour d’exception pour les marchands d’art, de par sa situation géographique et son histoire. Mais la BRAFA doit se développer, grandir, s’améliorer dans certains secteurs. Toute la question est de savoir comment elle peut et doit se démarquer. L’idéal, déjà, serait de mettre de la distance entre la TEFAF et la BRAFA (ndlr : la BRAFA s’est déroulée à Bruxelles du 25 janvier au 2 février 2014). Il y a trop peu d’intervalle entre les deux événements. Et surtout, je dirais que la BRAFA manque d’audace. Comment définissez-vous le profil de votre clientèle pendant la TEFAF ? Il n’y a pas de profil type. Mais deux grandes tendances se dégagent : d’une part, les collectionneurs spécifiques qui sont à la recherche d’objets précis pour compléter leur collection. Et d’autre part, ceux qui réagissent au coup de cœur. Et vous-même, comment achetez-vous les objets ? Je n’achète mes objets que par goût et par passion. En fait, je n’achète pas dans l’objectif de répondre à une demande précise d’un collectionneur, par exemple. Car si vous trouvez un objet qui semble répondre aux critères, il y aura toujours un petit quelque chose qui ne convient pas. Il va être trop grand ou pas assez, pas de la bonne période ou de la bonne matière. Au final, c’est comme quand on vous offre une cravate. Vous dites poliment « Merci », mais vous savez qu’elle ne vous plaît pas et vous préférez en choisir une vous-même ! Vous vendez aussi aux institutions ? Il est vrai que certains antiquaires ont bâti leur carrière grâce aux musées. Cela m’arrive aussi de vendre aux institutions. Mais pour ma part, ce qui m’apporte une grande joie dans mon métier, c’est le bonheur de retrouver certains objets sur le marché, parfois des années après. Depuis que j’ai fondé la galerie en 1988 au Sablon (ndlr : le quartier des antiquaires à Bruxelles), j’ai eu l’émotion de retrouver des objets qui, par le passé, avaient été vendus par mon père. Quels sont les highlights que vous proposez pour cette édition de la TEFAF ? Il y a bien sûr cette superbe paire de claquoirs en ivoire décorés de têtes de la déesse Hathor, de la période Nouvel Empire et datant de la XVIIIe dynastie (ndlr : Egypte Antique, vers 1539-1292 avant Jésus-Christ). Ou encore un fragment d’une clepsydre d’Alexandre le Grand, que l’on a pu identifier grâce à un travail d’inventaire publié dans une revue belge d’égyptologie, le rapprochant de trois autres fragments conservés au British Museum, au Louvre et à Berlin. Avez-vous eu un coup de cœur parmi les objets que vous exposez à la TEFAF ? Oui, j’ai eu un véritable coup de cœur pour une statuette du Moyen Empire que j’ai vu chez un confrère. En fait, je l’avais repérée dans un catalogue il y a vingt ans, mais j’avais raté la vente. Et là, au moment des expertises, je suis tombé dessus ! Je ne la connaissais que par photographie sur catalogue. Là, en la voyant, je n’ai pas hésité deux secondes ! C’est la chance que nous avons lors des vettings, on peut découvrir des merveilles en avant-première. Art Media Agency |
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