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Entretien avec Gilles Dyan, fondateur d’Opera Gallery

10 novembre 2014
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Entretien avec Gilles Dyan, fondateur d’Opera Gallery

Le 6 novembre 2014

Le premier espace d’Opera Gallery a ouvert à Singapour en 1994. Depuis, les annexes ont fleuri à travers le monde à un rythme effréné. Aujourd’hui Opera Gallery compte plus de 11 espaces dans les plus prestigieuses villes du monde. Alors que la galerie fête cette année ses 20 ans,  AMA s’est entretenu avec son fondateur, Gilles Dyan. Retour sur une réussite.

Comment avez-vous créé l’Opera Gallery ?

J’ai créé Opera Gallery en 1994 à Singapour. Je ne connaissais pas cette ville, mais j’étais invité par le propriétaire d’une foire pour y tenir un stand qu’il m’avait offert à l’époque. J’avais très bien travaillé sur ce stand et trois mois après j’ouvrais ma première galerie à Singapour, où je vis depuis une quinzaine d’années. La galerie parisienne a été ouverte juste après. J’ai racheté ses parts à mon associé de l’époque en 2000, et depuis on s’est beaucoup développé à travers le monde : en Asie, aux États-Unis, en Europe. Ça a démarré comme ça.

Quel est le concept d’Opera Gallery?

Notre concept est assez généraliste, nous couvrons tout le XXe siècle, et en second marché, cela va des Impressionnistes aux américains du Pop Art, nous avons des tableaux de Renoir, Monet, Picasso, Chagall, mais également du mouvement Post War ou Art Brut. On couvre un petit peu tous les artistes importants du XXe siècle, mais nous avons également des artistes contemporains sous contrat, artistes émergents ou artistes confirmés. Nous mélangeons ces artistes contemporains avec ces toiles de maîtres dans nos galeries qui sont dans des endroits toujours très bien placés ; par exemple nous sommes Place Vendôme ou Saint-Honoré à Paris, à Londres on est sur New Bond Street, à Singapour sur Orchard Turn. En gros ce sont des endroits qui sont toujours positionnés à côté des boutiques de luxe et donc pas forcément à côté des galeries traditionnelles, mais plutôt à côté des endroits où les gens fortunés se promènent. Notre concept au final est d’être une galerie assez généraliste où les gens peuvent trouver des œuvres comprises entre 10.000 € et 7-8 M€, qui couvrent quasiment tous les courants du XXe siècle, à la fois en contemporain et en toiles de maîtres, dans des endroits qui sont facilement accessibles et visibles. Cette situation est intéressante pour la promotion de nos artistes, puisqu’avec nos 12 galeries et leurs belles vitrines dans de beaux endroits, leur visibilité est mondiale.

Comment vous démarquez-vous des autres galeries ?

Le concept qu’on a est très apprécié de nos clients et des collectionneurs, mais moins des marchands car nous sommes assez généralistes et nous nous sommes développés rapidement, sans comprendre vraiment comment. Nous présentons beaucoup d’artistes contemporains du monde entier, et beaucoup d’œuvres classiques, jusqu’aux peintres américains mélangés avec des artistes contemporains qu’on a sous contrat national, régional ou mondial. Le fait de mixer tous ces styles dans un seul endroit nous rend un peu original par rapport aux galeries traditionnelles, mais également au niveau des emplacements, puisque nous ne sommes pas forcément dans les quartiers destinés aux galeries comme l’avenue Matignon, mais toujours dans des endroits à proximité des grands bijoutiers, des marques de vêtements de luxe. On a réussi à créer une petite marque je pense, depuis ces 20 ans. Voilà qui explique un petit peu la différence.

Quelles ont été les étapes, les temps forts qui ont participé au développement de votre galerie ?

Chaque galerie représente beaucoup de travail, moi j’ai des partenaires au niveau local, dans les différents endroits où on est installés, des partenaires minoritaires qui nous amènent tous les réseaux sociaux importants de gens qui seraient intéressés par les œuvres qu’on peut proposer. Chaque galerie est un temps fort pour nous puisque chaque galerie est importante, il faut s’en occuper, on a du personnel dans chaque galerie, des clients à satisfaire. Il n’y a pas vraiment eu de temps fort, puisque même les petites galeries comme celle de Genève fonctionnent très bien et dont nous sommes ravis. C’est un travail sur le long terme et toutes les étapes ont été importantes.

Concernant les artistes, qu’est ce qui influence vos choix ?
On choisit nos artistes par rapport au goût de mes directeurs, à mon goût personnel, mais également par rapport au fait qu’il faut que nous puissions les distribuer et qu’ils soient appréciés, car nous prenons le risque d’acheter les œuvres, on ne les prend pas en dépôt comme certaines galeries.

On a des artistes classiques, comme par exemple André Brasilier, un artiste très connu de 86 ans que nous avons récupéré récemment et qui avait fait une belle carrière au Japon, qui est un des artistes avec Pierre Soulages qui avait pu faire une exposition personnelle à l’Ermitage de Saint-Pétersbourg. Nous avons également des artistes contemporains comme Umberto Mariani que nous venons de prendre sous contrat, qui est un artiste de la monochromie italienne, qui fait des toiles monochromes sur du plomb, ou bien Seen, un très grand artiste du street art qui a une cinquantaine d’années et qui expose dans beaucoup de musées… Sinon, on bosse avec Ron Arad qui collabore avec beaucoup de galeries, mais également avec des artistes comme David Mach ou Botero qui sont des artistes que nous n’avons pas sous contrat mondial, mais que l’on suit de manière régulière.
Une artiste très importante aussi avec qui on travaille est Lita Cabellut, artiste moitié espagnole, moitié gitane, qui a, par exemple, fait cinq expositions cette année. On s’occupe vraiment de nos artistes, on fait le travail de marchand, on leur fait des catalogues, des bouquins, on les place dans des musées, on a des personnes qui s’occupent de tourner auprès de musées ou de fondations, soit pour leur vendre des œuvres ou organiser des expositions collectives et personnelles à la fois en Europe, en Asie, aux États-Unis ou autre. Pour vous donner une idée, on vient de faire une belle exposition à l’Art Center de Séoul intitulée « De Renoir à Damien Hirst », où nous avons inclus une bonne partie des tableaux de notre collection. On défend nos artistes contemporains, en plus de nos toiles de Monet, Renoir, Chagall, Picasso…

Je suis très proche des artistes que je représente, bien que j’ai moins le temps de les voir car je voyage beaucoup pour m’occuper du développement du groupe et des gros achats. Je vois mes artistes deux à trois fois par an, j’aime leur parler, rire avec eux, les écouter.. C’est important pour moi, mais également pour eux, qui ont besoin de se sentir soutenus.

Pouvez-vous nous présenter les actualités de la galerie ?

En ce moment on fait une exposition au musée d’art moderne de Bakou en Azerbaïdjan sur Bernard Buffet, où l’on présente une cinquantaine d’œuvres de l’artiste. On a une exposition de Lita Cabellut au mois de novembre, une exposition appelée « Monochromaniac » à la galerie de Genève, présentant des œuvres de Pierre Soulages, Lucio Fontana, Agostino Bonalumi, Turi Simeti, Umberto Mariani… donc beaucoup d’artistes italiens, mélangés avec des artistes kurdes, que j’aime beaucoup, qui font aussi des monochromes. On a à la galerie de Hong Kong une exposition de toiles de maîtres, qui couvre un petit peu tout le début du XXe siècle jusqu’à la guerre, donc essentiellement l’impressionnisme et l’art moderne, avec une sélection de toiles de Monet, Sisley, Picasso, Miro, Matisse, à Londres une exposition intitulée « Miró / Calder / Dubuffet », et Umberto Matta, artiste sud américain à Miami.

Quelle perspective d’évolution pour Opera Gallery ?

On va ouvrir une galerie à Beyrouth fin décembre ou bien au début du mois de janvier, une galerie à Bakou, surement en février 2015, une galerie à Aspen dans le Colorado au mois de juin 2015, une galerie sur Madison Ave. à New York au plus tard en mars 2015 ; ce qui fait beaucoup de projets pour l’année à venir…

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