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Entretien avec Fabio Castelli : fondateur de la MIA – Milan Image Art Fair

MIA

Entretien avec Fabio Castelli : fondateur de la MIA – Milan Image Art Fair

Le 4 juin 2014

Le 4 juin 2014

Collectionneur de photographie depuis plus de quarante ans, Fabio Castelli a créé la MIA – Milan Image Art Fair en 2011 en passionné du médium, après une première vie de chef d’entreprise dans la sidérurgie. Il nous explique son approche originale de la foire, voyant l’événement comme un moyen de faire bouger les règles du marché de la photographie.

Un aspect assez atypique de la foire est dans l’accompagnement du grand public et des collectionneurs, vous attachez une grande importance à ce point.

L’aspect didactique est important car il est assez difficile de comprendre le marché de l’art et de la photographie en particulier, avec ce système des éditions qui crée beaucoup de problèmes sur le marché italien, qui est plus attaché aux œuvres uniques. Il est donc important de faire comprendre au grand public les caractéristiques de la photographie et l’importance des définitions.

Je suis contre la numérotation des éditions qui ne permet pas de savoir précisément combien de tirages ont été fait d’une photographie, cela crée une confusion chez les collectionneurs. Nous estimons que pour l’intérêt du collectionneur, de l’artiste et du galeriste, il est préférable que le dénominateur soit le plus faible possible, tendre plus à 1/5 plutôt qu’à 1/25. Il est important que soient comptabilisés tous les tirages quel que soit le format, plutôt que de se retrouver avec cinq exemplaires dans tel format, cinq autres dans un autre etc… C’est pour moi plus logique lorsqu’on parle du nombre d’éditions d’une photographie, que l’on sache que l’artiste a tiré neuf exemplaires quel que soit le format.

En France, il y a plus de flexibilité tout comme aux États-Unis, mais pour moi c’est une erreur. Je vois comment le public réagit : beaucoup n’achètent pas car ils ne comprennent pas et donc je ne saisis pas pourquoi les artistes et les galeries continuent à aller dans ce sens.

Lors de la sélection des galeries, vous prenez en compte le fait que les galeries jouent ou non le jeu quant à la comptabilisation des tirages ?

Ce qui reste le plus important est que les galeries proposent un discours artistique qualitatif. Nous avons un comité scientifique, qui est toujours le même depuis le début, composé de six personnes, des grandes pointures du monde de la photographie. Ensuite, nous essayons le plus possible de respecter les règles que je viens de citer qui sont vraiment très importantes pour moi. Par exemple, j’avais acheté à Paris Photo une photographie annoncée tirée à trois exemplaires. En sortant du stand, j’ai rappelé la galerie pour demander s’il y avait d’autres tirages dans un autre format, ce que le galeriste m’a confirmé, avec cinq exemplaires dans un format plus grand. Alors, j’ai demandé à ce que l’artiste puisse ajuster le tirage, que ce soit sur huit et non sur trois comme initialement effectué. L’artiste ne voulait pas car il avait déjà réalisé une vente, alors, j’ai repris mon argent.

Comment décririez-vous la ligne artistique de la foire ?

Nous souhaitons offrir la possibilité de découvrir de jeunes artistes. Nous voyons combien nos collectionneurs, bien que nous soyons encore dans une période de crise économique, gardent le plaisir d’acheter chez nous et d’approfondir leurs connaissances de la photographie. Ceux qui veulent acheter des artistes ultra confirmés comme Luigi Ghirri en ont la possibilité sur la foire, on peut trouver des noms importants de l’histoire de la photographie italienne, mais il y a une belle ouverture sur les artistes jeunes et les galeries jeunes. Si une galerie a un beau projet, et qu’elle a ouvert ses portes seulement depuis un an, nous l’acceptons. Nous nous amusons aussi à donner cet espace à des artistes sans galerie, ce qui fonctionne bien puisque 50% des propositions MIA étaient retrouvées sur les stands des galeries l’année d’après. C’est le cas pour un artiste comme Francesco Bosso que l’on retrouve cette année dans deux galeries !

Une autre initiative unique au monde que nous avons créée est à souligner. Appelée Codice MIA, il s’agit d’une lecture de portfolio de photographes en milieu de carrière par des collectionneurs du monde entier (Etats-Unis, Amérique du Sud, Russie) et par des responsables de collections d’entreprises (JP Morgan, Deutsche Bank, Deutsche Börse…). Une fois qu’ils repartent dans leur pays, ils sont de bons relais pour soutenir l’art italien. Nous n’avons pas un soutien public très fort pour une reconnaissance de l’art italien. Les initiatives privées sont donc très importantes.

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