Dubaï by Fury – Dominique Fury
Jacques Monory, ami de Fury, y a été sensible, lui qui a vécu dans les déserts de l’Ouest. À partir des photographies et des vidéos de Fury, il a peint un tableau panoramique de quatre mètres. Nous sommes dans la cabine d’un camion, à Dubaï, et le rétroviseur nous renvoie l’image de Fury, son visage que l’on ne voit jamais dans ses tableaux-vidéos.
Les plans-séquences nocturnes de Fury sont à la fois admirables et terrifiants. Admirables parce qu’ils transforment en étranges images composées la présence bien réelle d’une menace. Terrifiants parce qu’ils nous permettent de discerner où est parvenue la technique. La technique n’est plus que le nom de la couche de réel qui fait et suspend le sens, qui le fait en le défaisant. La technique a pris la place de la science et du tragique, elle est le lieu de la distension du temps combinant vitesse, accélération, métamorphose, répétition, dissémination, saut…La technique est le lieu où se dissolvent les fins dernières, les théologies et les métaphysiques.
Vous n’avez pas très bien compris ? Alors sachez que Dubaï, qui n’aura bientôt plus de pétrole, construit à marche forcée un monde totalement artificiel destiné au tourisme mondial de masse. Là où le thermomètre ne descend pas au dessous de cinquante degrés, une station de sports d’hiver aura sa place sous cloche. Or tout ici, absolument tout, repose sur les pires prévisions de Marcuse ou de Deleuze quant à la réification de l’homme. Fury, qui fut proche de l’auteur de l’Anti-Œdipe et du mouvement punk (celui-là même qui écrivait « no future » sur nos murs), Fury pouvait plus vite et mieux que d’autres comprendre ce qui se passe.
Dans un de ses tableaux, elle évoque une très jeune fille écrasée par des objets de luxe qui sont avant tout des marques. Les marques signent l’accélération de la transformation des humains en choses (dans les émirats, c’est déjà fait pour ce qui concerne les fillettes des classes possédantes). Vous souhaitez décidément comprendre ? Alors regardez les œuvres de Fury et de Monory : elles vous montrent le chemin. Après quoi, il faudra bien entrer en résistance, sinon il se pourrait bien que nous n’ayons effectivement plus de futur…
Jean-Luc Chalumeau
Juillet 2007
Dominique Fury :
Née à paris Dominique Fury, après des études de sciences politiques rapidement abandonnées va passer trois années entre Paris, les Cévennes en France et New York où elle côtoie les mouvements underground : antipsychiatrie avec Guattari, Factory, Burroughs, Thunder, Bazooka ; c’est à cette époque qu’elle prend son nom d’artiste FURY.
Artiste révoltée et autodidacte Dominique Fury s’approprie différentes images de notre société de consommation et les traite dans la grande tradition du Pop Art. Elle pratique le mix des matières premières et joue des combinaisons toujours relancées.
Elle a fait sienne une phrase de Gilles Deleuze dont elle fut proche « quoi de plus gai que l’air(e) du temps… » Ses oeuvres sont exposées dans de nombreuses galeries en France et à l’étranger et se trouvent dans plusieurs collections publiques et privées.
Les signes, les couleurs, les procédés de Fury coïncident depuis plus de vingt ans avec le meilleur de la culture pop.
Dubaï by Fury – Dominique Fury
Prix : 75 €
En vente sur www.edition-ln.com
Autres points de vente : librairie Mazarine ( exemplaire tagué et boîte numéroté en plexi 400€), Artcurial, le Bon Marché, La Hune, Le Palais de Tokyo, Le Musée Art moderne pour le livre.
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