Du 25 janvier au 25 août, rendez-vous avec le fantastique : la Halle Saint Pierre accueille l’exposition La Fabuloserie !
L’art invente et propose des formes pour que nous soyons capables de décrire le monde dans lequel nous vivons. Aujourd’hui, une nouvelle civilisation faite d’entités non-humaines, appelle de façon vitale un recours aux forces vives de l’imaginaire et du sensible. C’est donc au merveilleux, au fabuleux et au fantastique que la Halle Saint Pierre consacrera l’année 2023.
Artistes, écrivains, poètes nous inviterons à élargir notre vision du réel en suivant les voies magiques, surnaturelles, irrationnelles que nos univers familiers ont occultées. L’exposition consacrée à La Fabuloserie à l’occasion de ses 40 ans sera le premier évènement à mettre en œuvre cette espérance.
La Halle Saint Pierre célèbre les 40 ans de La Fabuloserie
La Fabuloserie a 40 ans. Cette date anniversaire est pour la Halle Saint Pierre l’occasion de célébrer la collection qu’Alain et Caroline Bourbonnais ont rassemblée avec une passion insatiable à partir de 1972, à Paris d’abord à l’Atelier Jacob puis à Dicy en Bourgogne dans un domaine aménagé en une maison-musée et un jardin habité.
Une collection sous le vent de l’art brut qui, si elle poursuit la démarche initiale de Jean Dubuffet, s’en écarte librement pour imposer le regard, le goût et la sensibilité de ses fondateurs. A la croisée de l’art brut, de l’art naïf et de l’art populaire, également ouvert sur les cultures extra occidentales, l’art hors-les-normes de La Fabuloserie n’a cessé d’accueillir les œuvres singulières de créateurs dépourvus de soucis esthétiques, qui ne se disent ou ne se pensent pas professionnels de l’art.
Pour ces hommes du commun habités par une force créatrice irrépressible, Alain Bourbonnais voulait « un temple du rêve, de l’imagination, de l’émotion » où tout est étrange, surprenant, insolite. Ce voyage qui surprend, émerveille, déconcerte et stupéfie à la fois, se prolonge dans le parc où les bâtisseurs de l’imaginaire et inspirés du bord des routes ont trouvé leur derrière demeure. Leur œuvre de toute une vie passée à transfigurer leur environnement quotidien en un paradis personnel, est réinterprétée et préservée, échappant ainsi à la destruction et à l’oubli. Point d’orgue au fond du parc, au-delà de l’étang, le Manège de Petit Pierre se dresse comme la promesse d’un moment magique et enchanteur.
Alain Bourbonnais était aussi créateur, sans limite, à la fois peintre, dessinateur, graveur, metteur en scène, réalisateur de courts métrages. Ses Turbulents, sortes d’automates mécanisés confectionnés avec des matériaux du quotidien forment une tribu truculente de personnages à la fois rabelaisiens et ubuesques, tout droit surgis d’une fête foraine ou d’un carnaval.
L’exposition restera fidèle à l’esprit de La Fabuloserie en maintenant sa magie du cabinet de curiosités et son souffle émancipatoire qui libère les sens et l’imaginaire.
Avant La Fabuloserie, l’Atelier Jacob
Alain Bourbonnais a découvert l’œuvre de Jean Dubuffet à l’âge de 21 ans, lors de l’exposition dans le sous-sol de la Galerie Drouin en 1946. C’est à partir de 1965 qu’il commença à collectionner des œuvres d’art. Il découvrit l’art brut en 1971 à l’occasion de l’annonce faite par Jean Dubuffet de sa donation à la Ville de Lausanne. Il rencontra l’artiste rue de Sèvres où les collections de l’Art Brut étaient entreposées et dès lors les deux hommes entretiendront une correspondance régulière durant dix années.
Jean Dubuffet proposa à Alain Bourbonnais de l’aider « s’il voulait entreprendre quelque chose en France ». Ayant l’opportunité et les moyens financiers (grâce aux concours d’architecture), l’Atelier Jacob a vu le jour au 45 rue Jacob dans le VIe arrondissement en septembre 1972 avec l’exposition d’Aloïse Corbaz. S’en suivra celle de Lortet, Podestà, Brodskis, Stricanne, Barbisan, Deldevez.
De la correspondance entre Jean Dubuffet et Alain Bourbonnais naîtra l’appellation « art hors-les-normes » qui deviendra le sigle de la galerie. Dès lors Alain Bourbonnais mènera trois vies parallèles : architecte, créateur et animateur de l’Atelier Jacob.
Alain et Caroline : La Fabuloserie à Dicy
Malgré le succès des expositions et une presse élogieuse, il n’y avait pas assez d’acquéreurs pour entretenir la galerie qui fermera en 1982. L’art brut intriguait voire effrayait à cette époque. Le public était trop jeune pour mesurer l’impact et la portée dans l’histoire de l’art de cet art nouveau.
Le seul acquéreur de ces œuvres était Alain Bourbonnais lui-même. Il rapatria au fur et à mesure sa collection à Dicy où il avait acquis une maison de campagne en 1960. Il aménagea cette maison en musée. La métamorphose se déploya sans plan avec un maçon du village pour en faire un lieu plus intime ets ecret – comme les productions elles-mêmes – qu’une boutique sur le trottoir.
« C’est un art « hors code de la ville », « hors circuit ». C‘est dans la campagne que ces productions sont les plus belles à voir. C’est là qu’il leur faut une sorte de grande maison avec un feu de bois. Leur force devient évidente lorsqu’elles sont rassemblées, réunies en quelque lieu suffisamment retiré des trottoirs des villes. »
Chaque niche a été conçue pour recevoir une œuvre précise et chaque pièce possède son atmosphère spécifique ainsi que son nom propre. Jean Dubuffet une nouvelle fois applaudit au projet :
« Il faut savoir clôturer les sessions… en route donc maintenant pour Dicy. Il y souffle un air plus sain qu’à Paris et les plantes y poussent mieux, vous pourrez y aménage une présentation à grande échelle et fortement impressionnante, un anti-Beaubourg décentralisé, une puissante citadelle du Marginal, de la création, libérée du conditionnement culturel. »
(1er décembre 1981).
C’est donc le 25 septembre 1983 que La Fabuloserie ouvrit au public. Lenom a été inventé par Alain Bourbonnais et Michel Ragon, critique d’art,grand ami de la famille, qui résuma parfaitement l’esprit de ce musée :
« Avec toute l’ingéniosité de l’architecte qui en avait soupé de l’architecturerationnelle et rêvait d’anarchitecture, Alain Bourbonnais aménagea unparcours initiatique, un labyrinthe avec des chambres à surprises que l’onouvre subrepticement, quitte à en ressortir avec frisson et horreur, commedans la chambre noire où s’affalent les bourrages de Marshall. On gravitdes escaliers de meunier. On traverse des murs. Tout est étrange. Tout estsurprenant. Tout est insolite. Tout vous agresse. Tout vous enchante. »
Sophie et Agnès Bourbonnais, leurs filles : une nouvelle ère
C’est d’abord Caroline qui reprit la direction de La Fabuloserie suite au décès d’Alain Bourbonnais (21 juin 1988). Elle anima et représenta pendant25 ans ce lieu. Elle fit également vivre La Fabuloserie à travers de nombreuses expositions, notamment l’une des plus marquantes : Art Brut et Compagnie, la face cachée de l’art contemporain à la Halle Saint Pierre à Paris en 1995 sous le commissariat de Laurent Danchin et Martine Lusardy ; et à l’étranger : au Kunstmuseum de Bochum, en Allemagne ; au Pallazzo della Ragione, à Bergame en Italie ; à Bratislava en Slovaquie ; au Museum of Contemporary art Kiasma en Finlande.
C’est à partir de 2014 que les filles de Bourbonnais reprennent la direction. En septembre 2016 est inaugurée la galerie-librairie à Paris, au 52 rue Jacob, en face de l’ancien Atelier Jacob. C’est à la fois un lieu littéraire pour découvrir les livres dédiés à l’art brut et un lieu artistique, offrant une plus grande visibilité pour le musée de La Fabuloserie.
Considérée comme un haut lieu de la culture alternative, La Halle Saint Pierre a fait de l’art brut le cœur de son projet culturel. Les routes de la Halle Saint Pierre et de La Fabuloserie n’ont cessé de se croiser : Aux Frontières de l’Art Brut 1 en 1998, Banditi Dell’Arte en 2012, Raw Vision, 25 ans d’art brut en 2003, HEY! ActIII en 2015, puis HEY! Le Dessin en 2022 furent autant d’occasions de faire exister un autre monde de l’art et d’appréhender les subtiles parentés qui l’animent.
C’est donc une nouvelle fois que la Halle Saint Pierre souhaite rendre hommage à ces pionniers et célébrer le demi-siècle d’une collection (qui a débuté avec l’Atelier Jacob) dont l’exigence aura été de libérer l’art et la création de ses multiples prisons et de réenchanter l’existence même des êtres et des choses.
L’exposition présentera une sélection d’artistes, un ensemble photographique sous forme de diaporama rendant vivant le parc de La Fabuloserie avec les fragments d’environnements qui ont été préservés, comme ceux de Jean Bertholle ou de Camille Vidal et, point d’orgue, le Manège de Pierre Avezard, dit Petit Pierre, à travers un film projeté. L’occasion de redécouvrir la magie et l’authentique poésie de ce manège qui se révèle être un spectacle total accompagné d’une musique de foire.
[Source : communiqué de presse]
Articles liés
« Les Misérables », une nouvelle production brillante au Théâtre du Châtelet
Plus de quarante ans après la première création en français, l’opéra d’Alain Boublil et de Claude-Michel Schönberg revient au Théâtre du Châtelet dans une nouvelle version et une mise en scène de Ladislas Chollat. Quarante interprètes dont des enfants...
“Moins que rien” : l’histoire de Johann Christian Woyzeck adaptée au Théâtre 14
L’histoire est inspirée de l’affaire de Johann Christian Woyzeck (1780-1824) à Leipzig, ancien soldat, accusé d’avoir poignardé par jalousie sa maîtresse, Johanna Christiane Woost, le 21 juin 1821. Condamné à mort, il a été exécuté le 27 août 1824....
La Scala présente “Les Parallèles”
Un soir, dans une ville sans nom, Elle et Lui se croisent sur le pas d’une porte. Elle est piquante et sexy. Lui est hypersensible et timide. Il se pourrait bien que ce soit une rencontre… Mais rien n’est moins sûr, tant ces deux-là sont maladroits dans leurs...