Denis Dailleux – Ghana – Galerie Camera Obscura
« J’avais le désir de commencer quelque chose ailleurs, de différent, un autre rapport aux gens…. être perdu, recommencer, être surpris à nouveau. Parfois, en Égypte, j’ai peur d’avoir tout dit. Quand j’ai vu le livre de Paul Strand, Ghana, il y a quinze ans, je me suis dit que j’irai un jour, sans savoir que ce serait par hasard… J’ai rencontré deux ghanéens qui m’ont ouvert les portes. Le premier c’est Kojo, qui est devenu mon ami et Joseph avec qui je travaille également. Ma découverte du Ghana est liée à l’amitié que j’ai développée avec ces deux personnes, qui sont mes assistants, et surtout mes amis. J’ai besoin de ces liens pour travailler. » Denis Dailleux
Le travail de Denis Dailleux, extrèmement patient et exigeant, se construit sur le long terme. Chaque portrait est le fruit d’une rencontre, parfois d’une amitié. Dans ses photographies, les personnages ont une présence radiante, une dignité que Dailleux reconnaît, sans aucune démagogie, chez les gens modestes, qui sont presque toujours ses modèles.
Cette volonté d’aller vers les gens du peuple est une constante de son travail. Lui-même, issu d’une famille modeste de métayers, pense que c’est simplement le fruit d’une identification à sa propre histoire. Il trouve chez les artisans du Caire ou les pêcheurs de James Town le même regard, le même caractère forgé par les difficiles impératifs vitaux, que chez les paysans de son village d’enfance.
Depuis 2009, Dailleux a fait de nombreux séjours au Ghana, et les pêcheurs du port de James Town, ancien quartier de la capitale, Accra, sont devenus l’un de ses sujets favoris. Il a trouvé dans cette communauté, après un nécessaire temps d’approche et de médiation, un accueil relativement ouvert à la photographie et une source d’images fortes : marines aux ciels changeants, ballets des corps des pêcheurs, vie des femmes et des enfants qui travaillent sur le port.
Si pratiquement toutes les photographies de Denis Dailleux ont pour sujet principal un personnage, il a également un sens de la dramaturgie du lieu et de la lumière qui donne à ses images une présence singulière.
Malgré les conditions humaines parfois difficiles qu’elles nous montrent, elles ont une part de sérénité, d’évidence picturale et de beauté. Cette façon de voir le monde marque avant tout un respect des personnes qu’il photographie. On pense là aussi au précepte de l’un des maîtres de Dailleux, Paul Strand, qui l’a précédé il y a cinquante ans au Ghana et pour qui la photographie devait s’attacher à montrer la beauté et la dignité des gens du peuple. Cette photographie est certes à l’opposé de l’ironie, de la froideur et du virtuel qui fleurissent dans la pratique contemporaine. Elle nous paraît d’autant plus précieuse.
Ghana de Denis Dailleux
Du 9 septembre au 22 octobre 2011
Du mardi au samedi, de 13h à 19h
Vernissage le jeudi 8 septembre à 18h en présence de Denis Dailleux
Galerie Camera Obscura
268, boulevard Raspail
75014 Paris
M° Raspail
[Visuel : Jame Town – Ghana, 2010]
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