Daze : quand le graffiti rencontre le patrimoine classé de l’Institut Catholique de Toulouse
Du 7 au 29 février l’Institut catholique de Toulouse ouvre sa salle d’exposition de l’espace muséographique Georges Baccrabère à l’artiste new-yorkais Chris Ellis aka Daze. Cet artiste dont on connaît le travail depuis de nombreuses années est une figure incontournable du monde du graffiti connu dès les années 80 par les multiples expositions auxquelles il a participé. Aujourd’hui très apprécié pour son travail sur toile, l’exposition Next Wave nous fait découvrir ses dernières créations, jamais exposées. En elles se conjuguent poésie, mystère, chaleur humaine et générosité dans une atmosphère new-yorkaise qui est devenue la “marque” de Daze.
Dans la série consacrée aux tunnels et ses mystères, réminiscence du métro new-yorkais, la perspective nous projette vers l’unique point de fuite, espace blanc quasi magique qui nous happe et nous fascine à la fois nous proposant un voyage solitaire enchanteur. Cet univers en noir et blanc bien loin d’être hostile apprivoise nos craintes pour nous guider au cœur même de son secret. Est-ce l’impact du soleil blanc ; halo de lumière au premier plan ; qui renforce notre rassurance ? Quoiqu’il en soit il participe à notre adhésion. Les tableaux sont si empreints de vérité émotionnelle que l’on y entre avec confiance, suivant les rails dans leur promesse d’aventure. Dans la version bleue, Untitled, le charme est toujours là. Dans une ambiance azurée rails et tunnel nous propulsent vers un point blanc immaculé, but ultime de l’exploration ou début de tout. Cette série montre bien où se cache le génie de l’artiste. C’est-à-dire dans cette capacité à savoir extraire des lieux à priori inhospitaliers, un périple souterrain d’un genre inattendu empreint de poésie.
C’est encore cette poésie qui se retrouve sur une autre série de tableaux. New York en est le thème et c’est sous la forme d’un regard que ce lyrisme se manifeste. Venu du ciel il s’impose en silence. Envoûtant pour ceux qui s’y attarderaient trop, il séduit. Chacun y trouvera la part symbolique ou pas qu’il veut lui accorder. Mais on peut avancer que sa présence dans l’espace céleste peut donner matière à réflexion. Il est intéressant de constater que là encore, Daze, en narrateur averti trouve un moyen efficace de nous impliquer et que l’effet est réussi. Ses toiles sont comme autant des séquences de film. On y entend le bruit de la ville. On y vit. On y est. L’atmosphère onirique sublimant le propos pictural.
Mais Daze ne se limite pas à ce registre figuratif. Sur les deux toiles intitulées Spoiler Alert et Inside the Blues nous découvrons un tout autre travail porté vers l’abstraction. La signature, ce par quoi tout commence dans le monde du graffiti, y joue un rôle majeur. L’artiste l’a traitée dans le dynamisme viril qu’on lui connaît. « Tag éternel » absolument maîtrisé il s’échappe en partie du cadre affirmant ainsi l’esprit de liberté qui est le sien. À cet élément fort symbolique en est associé un autre qui ne l’est pas moins. Le bois, qui pour la première fois est incorporé aux peintures, est un bois flotté choisi pour sa façon d’avoir été travaillé par la nature, nous confie l’artiste. On comprend bien « la valeur » de ce matériau que l’on imagine sur les flots, témoin d’une vie aquatique dont on y ignore tout, rappel de notre petitesse face à la grandeur des mers.
Ces tableaux ont dans leur ADN l’amour de New York, une poésie intrinsèque et la force de la narration. Une narration qui trouve son inspiration de la terre jusqu’au ciel en passant par la mer dans une totale liberté qui signe le caractère de son auteur. C’est par un trait précis et un sens de la composition qui l’est tout autant que l’artiste met en scène son univers. Ses propositions picturales, aux connotations cinématographiques, portent l’esprit ailleurs vers un tout autre monde délicieusement envoûtant. Tandis que les tableaux abstraits donnent au tag un support de choix, qui associé au bois, créent la surprise et provoquent le questionnement.
Il y a beaucoup de chaleur humaine, beaucoup de générosité aussi dans le travail de Daze. On ne peut qu’être admiratif devant tant de diversité créative qui depuis des années traverse l’ensemble de son l’œuvre.
À propos de Chris Daze Ellis
Il est né en 1962 à New York. Sa carrière prolifique de peintre a débuté sur les wagons du métro new yorkais en 1976 alors qu’il fréquentait le lycée d’« Art and Design ». Il reste l’un des rares artistes de sa génération à avoir opéré avec brio la transition du métro au studio. Aujourd’hui, Chris Daze Ellis vit et travaille à New York.
L’exposition est mise en place par Jean Claude Géraud, créateur de l’agence d’art urbain et contemporain City Of Talents et Pascale Cazalès, directrice du pôle Art et Patrimoine de l’ICT.
Vernissage le 6 février à partir de 18h30 en présence de l’artiste
Pour information sur le prix des œuvres : 06 11 98 02 14 ou cityoftalents@hotmail.com
[Source : communiqué de presse]
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