Davide Cantoni et Roman Jehanno – HUMAINS Très HUMAINS – H Gallery

Du 26 novembre 2016 au 7 janvier 2017

Davide Cantoni, dont les œuvres sont collectionnées, entre autres, par le MoMA, analyse et dissèque les conflits de la planète tels qu’ils sont rapportés par les médias et en particulier, à travers les images du New York Times. Au cours des années, la pratique artistique de l’artiste italo-américain qui vit et travaille depuis 20 ans à New York s’est focalisée sur la manière dont notre société présente les images liées à la guerre et à ses conséquences : réfugiés, torture, cartels de la drogue, groupes armés, paysages dévastés. Notre société étant consumée par ces images, il a conçu une grande installation intitulée 111 Years à partir de cent onze dessins brûlés où il a répertorié et cartogra- phié, année après année, tous les conflits qui ont éclaté sur terre entre 1900 et 2010.

Pour la première exposition personnelle en France de Davide Cantoni, H Gallery présente ses extraordinaires des- sins qui sont le résultat des brûlures du soleil sur le papier à travers une loupe, un travail obsessionnel de précision et de beauté mais également de destruction poétique, en accord avec son propos.

Utilisant des photographies comme modèles pour ses dessins brûlés, l’artiste crée des œuvres qui, tout en imitant le processus photographique dans leur forme, sont aussi solidement ancrées dans les traditions des beaux-arts, no- tamment par leur composition. Le papier est d’abord sensibilisé grâce au crayon graphite et exposé à la lumière du soleil à travers une lentille, afin que la combustion elle-même soit l’auteur des lignes et que se révèlent à la fois des images en positif et en négatif.

L’artiste examine notre perception des événements actuels, leur représentation dans les médias et la façon dont ils sont véhiculés. Son intention est de forcer le regardeur à questionner et à déchiffrer ces images qui sont aussi endom- magées que les acteurs des événements représentés. En rendant plus difficilement lisibles ces images, il veut obliger à prendre le temps d’observer leur contenu et à mener une réflexion, non seulement sur leur représentation mais aussi sur notre société, sur ceux qui y vivent, sur nos actions et nos aveuglements choisis.

De manière implicite, Davide Cantoni s’interroge également sur son inspiration en tant que matériel jetable puisque les illustrations sont publiées dans un périodique destiné à être uniquement un quotidien, donc obsolète dès le len- demain. Le pouvoir de l’artiste, son regard, son choix transforme cet éphémère en un matériel permanent, en une œuvre d’art. La beauté, une fois de plus, transcende la laideur, insuffle une élégance étrange et mystérieuse à ce qui n’est que malaise et atrocité. L’art en tant que moyen de rédemption. L’art comme moyen de donner une voix à ce qui n’en a plus. L’art comme moyen de lutter contre l’oubli…

Roman Jehanno est un jeune photographe de talent, diplômé de l’Ecole des Gobelins dont H Gallery présente la première exposition personnelle. Dans la lignée universaliste d’Auguste Sander, il parcourt le monde depuis 2014 en dressant un état des lieux non-exhaustif de l’homme au travail. Le Coeur des hommes à l’ouvrage lui a permis de remporter en 2014, le Premier Prix de l’Hasselblad Masters. Ce projet se compose de plusieurs capsules mettant chacune en lumière une profession, une zone géographique ou un groupe de personnes en particulier. Sa dernière série sur ce thème est récente puisqu’elle date de l’été 2016. Elle retrace sa traversée de l’Indonésie, de l’Ile de Java à l’Ile de Bali, depuis les sauniers atypiques qui récoltent le sel sur des plages de sable noir volcanique aux mineurs de soufre du volcan Kawah Ijen. Cette série révèle autant la passion des hommes que les conditions de travail à la limite de l’esclavage, tout en magnifiant chaque instant.

Les photos de Roman Jehanno sont inspirées par le photojournalisme bien qu’il en déconstruise les composantes. Ses œuvres sont bien le fruit de rencontres, de recherches sur les individus, d’interviews, de temps passé avec ses modèles. Elles traduisent des vies banales ou difficiles, évoquent des histoires d’engagement comme celle de ce culti- vateur de bambous qui représentera l’Indonésie à la COP22 et qui se bat contre les multinationales chinoises pour protéger l’environnement. Cependant, le résultat, les images elles-mêmes ne sont pas l’équivalent d’un reportage. Photographe et artiste avant tout, Roman Jehanno travaille sur les compositions et les mises en scène autant que sur les éclairages afin de rajouter du sens et une beauté impalpable à ce que la vie lui offre déjà.

Cette exposition est une réponse à celle de Davide Cantoni en ceci que l’un et l’autre artistes explorent ce que, sans manquer d’un léger cynisme, les êtres humains savent faire de mieux: la guerre et l’exercice de leur métier. Par la poésie de l’art, l’un déconstruit les conflits, l’autre construit une encyclopédie de l’activité humaine et tous deux dressent un panorama de notre monde, des deux faces d’une même médaille, celle de ces humains, très, tellement, jamais trop humains…

Retrouvez tous les vernissages du mois de novembre 2016 à Paris

– Vernissages – Paris – Novembre 2016

[Source texte et visuel : © communiqué de presse]