David LaChapelle – galerie Daniel Templon
Mondialement connu pour ses photographies de mode hautes en couleur et mises en scène baroques peuplées de célébrités, David LaChapelle surprend avec une nouvelle orientation qui met en avant son double intérêt pour l’envers du rêve américain et l’histoire de l’art.
Informé d’actes de vandalisme perpétrés au musée de cire de Dublin, David LaChapelle, chasseur d’icônes obsédé par la question de la notoriété, s’est rendu sur place pour documenter ces sosies brisés, et a poursuivi son enquête dans d’autres musées aux Etats-Unis, en Californie et dans le Nevada.
Le point d’orgue de ces séries est une nouvelle fresque photographique réinterprétant la Cène de Leonard de Vinci. Mises en scènes dans des cartons, les têtes coupées, flottantes, de Jésus, Marie et des apôtres, accompagnées de mains sectionnées mais expressives, recomposent précisément le chef-d’œuvre dans sa version contemporaine. Les fragments de mannequins offrent une vision brute de la piété, en résonnance étrange avec l’iconographie chrétienne du martyre.
Le thème est récurrent dans le parcours du créateur, qui intègre souvent aux thèmes apparemment les plus profanes des traces du sacré. Ce grand panoramique de près de quatre mètres tient autant de la tradition du polyptyque religieux que de celle du collage. Dix ans après l’iconique Homeboy Last Supper où il faisait se rencontrer culture de rue et religion, David LaChapelle ne cesse d’interroger les résurgences spirituelles de notre société de divertissement.
Les mannequins de cire bibliques ont été épargnés par le vandalisme, contrairement à ceux de la série « Still Life » (présentée à l’Impasse Beaubourg). Les photographies y donnent à voir des célébrités de cire déformées, de Leonardo di Caprio à John Kennedy en passant par Madonna ou Lady Diana. Le rendu hyperréaliste des images donne à ces artefacts endommagés, poupées oubliées, un aspect authentique d’autant plus dérangeant que David LaChapelle a le plus souvent déjà photographié les modèles vivants en magnifiant leur plastique conquérante.
Les « Still Life » basculent du côté obscur de la pop culture. Réflexion sur la fragilité de la célébrité et du pouvoir du système Hollywoodien, la série interroge notre attrait pour les répliques, les sosies. Ces ‘natures mortes’ humaines aux visages brisés, renvoient à notre fascination pour le spectacle de la déchéance des héros autrefois adulés. Avec ces portraits effrayants, David LaChapelle revisite avec humanité la figure de nos archétypes.
L’un des photographes les plus publiés ces vingt dernières années, David LaChapelle se concentre depuis 2006 sur l’aspect expérimental et artistique de sa pratique. Ces dernières années, il a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles à l’international, notamment au Barbican Museum à London (2002), au Palazzo Reale à Milan (2007), au Musée de La Monnaie à Paris (2009), à l’ Antiguo Colegio de San Ildefonso à Mexico (2009), au Kestner Gesellschaft en Allemagne (2009) au Tel Aviv Museum of Art en Israel (2010) qui l’a nommé artiste de l’année 2011.
Il a bénéficié ces dernières années de grandes rétrospectives au Museum of Contemporary Art Taipei (2010), Museum of Contemporary Art de Puerto Rico (2011), au Hangaram Museum en Corée (2012), au Museo de Arte Contemporáneo de Puerto Rico (2011), à la Galerie Rudolfinum à Prague (2011/2012) et au Fotografiska Museet de Stockholm (2012). Récemment ses œuvres ont été acquises par le Los Angeles County Museum of Art (2012), National Portrait Gallery in London (2012), and National Portrait Gallery in Washington DC (2012).
David LaChapelle – Still Life
Catalogue : 67 pages – 47 illustrations
Du 6 juin au 27 juillet 2013
Galerie Daniel Templon
30, rue Beaubourg
75003, Paris
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