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Dario Robleto – The Dismantled Sun – galerie Praz-Delavallade

8 octobre 2013
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Constituée de sculptures, d’installations ou encore d’œuvres sur papier, cette exposition est l’occasion pour l’artiste de poursuivre ses recherches sur ses thèmes de prédilection : la musique, la science mais aussi les notions d’absence, de mort voire de résurrection. Pour « The Dismantled Sun », Dario Robleto s’est plus particulièrement penché sur le rapprochement entre l’émerveillement et le plaisir suscités par la découverte de la nature et le plaisir, le dévouement provoqués par la découverte de la musique et de la fan-attitude.

Dans The Dismantled Sun, pièce donnant son nom à l’exposition, l’élément principal est un coffret de bois abritant une collection de cyanotypes représentant des dessins historiques d’éclipses solaires réalisés par différents astronomes. Quant au coffret de “The Moon Won’t Let You Down”, il se compose d’impressions Van Dyke de photographies de “Super Lune” (pleine ou nouvelle lune qui coïncide avec l’approche maximale du satellite de la Terre). Aux débuts de la photographie, représentés ici par l’utilisation du cyanotype et de l’impression Van Dyke, l’un des grands défis des amateurs de science était de capturer la lumière céleste, celle du soleil, de la lune, des étoiles… Pour Dario Robleto, cette quête est la métaphore d’une difficulté plus actuelle, celle qu’a le fan de musique pour capturer le réel, l’authentique à une époque de plus en plus digitale, donc de plus en plus familière de la distance et du retrait. Le concert est par conséquent le seul moment où le fan peut tenter d’emprisonner le réel. Dans “Untitled (Shadows Evade The Sun)”, l’artiste s’est servi d’une collection de photographies de fans prises lors de différents concerts. Sur ces images, l’on ne voit pas les artistes eux-mêmes mais l’éclairage de la scène. Probablement bousculés dans la foule, ces photographes amateur ont manqué leur cible, la star, pour ne photographier que son absence. Mais sans le vouloir, ce qu’ils ont capturé est tout aussi significatif : la lumière irradiant la star, ou si l’on voulait traduire littéralement ce mot, l’étoile.

L’existence de ces photographies nous amène à un autre débat évoqué ici par Dario Robleto. Aujourd’hui, il serait sûrement de plus en plus difficile de trouver de telles images. Le tri des photographies ne se fait généralement plus après leur tirage mais avant. La suppression des “accidents” est devenue quasi-systématique. Cette constatation à propos de notre époque digitalisée est d’autant plus importante dans le milieu de la musique où le débat entre analogique et digital est récurrent. Si l’artiste ne se positionne pas quant à cette question, il représente toutefois les vinyles et les cassettes audio comme des objets du passé, oubliés voire morts puis transformés. Dans The Half-Life of Light, l’artiste a étiré et déchiré les bandes de cassette audio des premiers et derniers enregistrements musicaux de plusieurs artistes puis les a matérialisé sous la forme de plumes : une plume pour les premiers enregistrements, une autre pour les derniers, deux plumes comme un condensé de vie artistique. Cet exemple se retrouve dans de nombreuses autres œuvres de l’exposition : dans Lyrics Search for The Sun (Study For), le fragment d’un vinyle des Beatles, correspondant au morceau Here Comes The Sun, se transforme en antenne de papillon; dans Things Placed in The Sea (Study For), les vinyles sont réduits en poudre et fondus pour venir emplir le corps d’un oursin. Allié à la nature, et plus précisément à d’anciens sujets de découverte pour l’homme (fonds marins, entomologie, etc), notre passé musical se transforme et ressuscite en une forme de vie hybride.

Cependant, pour Dario Robleto, il serait trop simple de réduire la nature à sa faculté d’assimilation. Pour lui, la nature et particulièrement le soleil, peuvent être mis en parallèle avec le processus créatif. L’exemple le plus parlant est sans doute celui de The Sun Makes Him Sing Again. La légende de cette œuvre, comme toutes celles données par Dario Robleto, est parlante : cyanotype en trois parties, lumière du soleil, images-fantôme de paroles originales et écrites à la main d’une chanson inédite de Michael Jackson. La technique du cyanotype alliée à l’usage de la lumière du soleil a ici un rôle symbolique : celui d’activer les paroles inédites d’un chanteur maintenant décédé, de donner vie à « ce qui aurait pu être ». On pourrait donc se poser la question, est-ce que Sun Ra, musicien évoqué par Dario Robleto dans “Shadows Evade The Sun”, avait raison ? “Space Is The Place” (titre d’un album et d’une chanson de Sun Ra datés de 1972) ?

À propos de Dario Robleto 

Dario Robleto vit et travaille à Houston. Il a fait ses études à l’University of Texas of San Antonio et El Paso dans les années 1990. Dario Robleto a fait l’objet de plusieurs expositions personnelles au New Orleans Museum of Art, Des Moines Art Center, MCA Denver, Weatherspoon Art Museum, Greensboro, FRAC Languedoc-Rousillon, Montpellier, Museum of Contemporary Art, San Diego, Contemporary Arts Museum, Houston. L’année prochaine, ce sont la Menil Collection et le Baltimore Museum of Art qui lui consacreront une exposition. Son travail est présent dans de nombreuses collections publiques et privées.

Dario Robleto – The Dismantled Sun

Du 12 octobre au 16 novembre 2013

Vernissage le 12 octobre 2013, de 17h à 20h

Praz-Delavallade
5, rue des Haudriettes
75003 Paris
M° Rambuteau

www.praz-delavallade.com

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