Dans le sillage des Ballets russes (1929-1959) au CND
Les Ballets russes ont été créés à Paris au Théâtre du Châtelet en mai 1909 et disparaissent vingt ans plus tard avec leur fondateur Serge de Diaghilev. L’histoire de la troupe après sa disparition est ponctuée de nouveaux jalons tous les dix ans : hommages, expositions, publications n’ont en effet cessé de marquer les années finissant en 9 durant tout le XXe siècle, célébrant ainsi la gloire des Ballets russes.
Qu’advient-il de l’héritage de la troupe après sa disparition ? Comment le mythe des Ballets russes s’est-il construit et n’a-t-il cessé de se développer au fil du temps ? Ce sont ces questions qui ont présidé à la réalisation de cette exposition, conçue en 2009 à l’occasion du centenaire de la création des Ballets russes. Elle vient à sa manière poser un jalon supplémentaire dans l’histoire des commémorations des Ballets russes. La période 1929-1959 couvre l’immédiat après-Ballets russes jusqu’à la fin d’une époque, marquée par le départ de Lifar de l’Opéra de Paris en 1958 et le décès du marquis de Cuevas en 1961.
Phénomène de russification
L’exposition Dans le sillage des Ballets russes (1929-1959) propose une approche thématique historique, et sociologique inédite sur une période encore inexplorée. Construite en cinq parties complémentaires, l’exposition vise tout d’abord à mettre en lumière de façon synthétique les principaux apports des Ballets russes : la parité des arts comme valeur fondatrice d’une démarche esthétique, la mise en valeur de la danse masculine, l’expressivité du corps et la création de ballets de courte durée. Elle propose aussi une lecture de leur mode d’organisation : première troupe indépendante, les Ballets russes bénéficient du soutien de nombreux mécènes, développent un nouveau réseau de diffusion en France fondé sur les casinos des villes d’eau et sur certains opéras. Son activité trouve aussi un espace d’expression au sein de galas et de diverses manifestations caritatives. La troupe effectue également des tournées dans le monde entier.
Les Ballets russes voient le jour dans un contexte diplomatique favorable entre la France et la Russie, marqué par un fort engouement pour tout ce qui relève de la sphère russe. Le label russe est alors porteur et le restera longtemps, même après la révolution de 1917. C’est l’objet de la seconde partie de l’exposition, qui met notamment en lumière le phénomène de la russification des noms des danseurs d’origine cosmopolite. De nombreuses troupes « russes » se succèdent après la disparition des Ballets russes ; elles font fructifier le répertoire de la célèbre troupe, s’appuient sur leurs principaux protagonistes tout en cherchant à profiter de ce label russe.
Innovation et grande liberté
Boris Kochno et Serge Lifar, ainsi que de nombreux artistes comme Michel Fokine, Léonide Massine, Bronislava Nijinska ou George Balanchine, perpétuent l’esprit des Ballets russes. Cette transmission passe également par de nombreux professeurs russes présents à Paris. La troisième section de l’exposition permet de révéler les modalités de cette passation et étudie les nombreuses reprises et recréations d’oeuvres des Ballets russes : Les Danses polovtsiennes, Les Sylphides, Le Tricorne, Petrouchka, Schéhérazade, Apollon Musagète ou Carnaval.
Les compagnies qui succèdent à la troupe de Diaghilev ne se contentent pas de reprendre à leur compte ces oeuvres phares, elles cherchent aussi à renouveler les principes esthétiques dont elles sont les héritières. Si la nature de la collaboration entre peintres et chorégraphes reste la même, des innovations et une grande liberté marquent en revanche le rapport entre la musique et la danse. Les corps s’expriment dans une gestuelle épurée qui contraste avec la rondeur du mouvement en cours jusqu’alors.
La dernière partie de l’exposition révèle comment les figures de Diaghilev et de Nijinski ont incarné l’identité des Ballets russes pour la postérité. Elle dévoile également comment de nouvelles versions de leurs ballets ont lieu dès les années 1930, et par la suite de véritables relectures sous la houlette de Maurice Béjart. Enfin, elle témoigne du fait que les ballets repris entre 1929 et 1959, comme Schéhérazade ou Carnaval, ne sont plus les oeuvres les plus fréquemment reconstruites ensuite. L’Après-midi d’un faune ou Le Sacre du printemps, qui avaient fait scandale à l’époque des Ballets russes, semblent avoir la faveur des compagnies et du public à notre époque.
Dans le sillage des Ballets russes (1929-1959)
Présentée par Florence Poudru
En partenariat avec l’INA et la Cinémathèque de la Danse.
Avec le soutien de CulturesFrance.
Manifestation organisée dans le cadre de l’Année France-Russie 2010
www.france-russie2010.com
Commissariat général : Claire Rousier
Commissariat scientifique : Florence Poudru
Conception graphique : Agnès Dahan
Du mercredi 6 janvier au samedi 10 avril 2010
Du lundi et mardi de 13h à 19h, mercredi et vendredi de 10h à 19h
Réservation : reservation@cnd.fr ou 01 41 83 98 98
Entrée libre
Centre national de la danse
1, rue Victor Hugo
93507 Pantin
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