Cycle Marguerite Duras – Savannah Bay, Le Square – Théâtre de l’Atelier
Cycle Marguerite Duras – Savannah Bay, Le Square Mise en scène Didier Bezace «Le square» : Du 24 mai au 5 juillet 2014 Du 17 au 20 juin Avec Clotilde Mollet, Didier Bezace, Gaspard De Seauve ou Denis Pop «Savannah Bay» : Du 24 mai au 5 juillet 2014 Du 17 au 20 juin Avec Emmanuelle Riva et Anne Consigny Tarifs : «Savannah Bay» : 38€, 30€ et 15€
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Du 24 mai au 5 juillet 2014
Deux visages de Marguerite Duras : Savannah Bay et Le Square. Un mélange d’humour, d’étrangeté, un plaisir et la douleur d’une blessure secrète que les personnages partagent et qui se font écho. – Didier Bezace Il faut d’abord noter que, comme cela arrive pour beaucoup de grands écrivains – et il est évident que Duras est un de nos plus grands auteurs contemporains – leur notoriété et leur omniprésence dans le champ médiatique sont suivies après leur disparition sinon d’oubli, de silence, d’une sorte de mise en veille (qui n’empêche d’ailleurs pas la progression des tirages et des traductions : on traduit Duras dans le monde entier, son œuvre romanesque est déjà éditée en Pléiade et l’œuvre théâtrale le sera au printemps 2014), on ne les entend plus et on parle moins d’eux, sauf aux commémorations ; leur absence renvoie à leur œuvre qui patiente dans les cœurs et les esprits comme un patrimoine acquis ayant l’éternité devant lui et plus de vraie urgence. C’est un peu aujourd’hui le cas de Marguerite décédée en 1996 ; on sait son importance mais elle n’est plus là pour intervenir de sa parole péremptoire dans le contexte de nos vies immédiates, on se demande d’ailleurs ce qu’elle exprimerait de cette réalité parfois désolante qui constitue l’existence française des treize premières années du nouveau millénaire : aurait-elle aimé l’activisme nerveux de Nicolas Sarkozy malgré sa «conscience de classe», aurait-elle pris fait et cause pour Ségolène Royal, pour François Hollande, serait-elle allée à la rencontre des ouvriers lorrains dépossédés de leur travail et de leur culture, aurait-elle prêté sa plume, comme elle l’a fait à plusieurs occasions et de manière imprévisible au journal Libération au temps de l’affaire Grégory, pour un commentaire inattendu sur le scandale judiciaire d’Outreau ou un autre de ces faits divers tragiques qui tissent le coton de notre actualité? Marguerite s’est tue, elle nous manque, sa folle sagesse, son insatiable curiosité de la vie, des gens, de la politique, de l’art, ne viennent plus perturber les idées raisonnables avec lesquelles nous appréhendons le réel. Il reste l’œuvre, elle est immense, il me semble que la scène peut – doit – à nouveau lui rendre justice, en partie du moins, et nous permettre de retrouver l’univers d’un écrivain qui, nous parlant toujours d’elle, nous parle encore de nous. |
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