“Corps en mouvement” : quand l’art s’invite dans la chapelle d’un hôpital
L’exposition monumentale Corps en mouvement investit l’immense espace de la Chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière pour proposer au visiteur une expérience à la fois immersive et méditative. Entre performance et installation suspendue, elle s’annonce déjà comme un temps fort de la rentrée culturelle à Paris. Du 1er au 14 octobre 2021.
Cette rencontre entre deux artistes français, Silvère Jarrosson et Yon Costes, aborde le sujet du corps, et de la convalescence par le mouvement. L’acceptation de l’accident, dont les artistes ont eux même fait l’expérience, devient ici une force créatrice source de renaissance. Une invitation à l’évasion et à la résilience pour les patients et les soignants de l’Hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP, à même de toucher tout un chacun.
L’installation monumentale
Pièce centrale de cette exposition, l’installation L.U.C.A. (Last. Universal. Common. Ancestor.) de Silvère Jarrosson est un cercle de peinture de plus de 24 mètres de circonférence, décomposé en 16 panneaux sur lesquels se déploie une ronde ininterrompue de figures abstraites colorées lévitant sous la coupole emblématique de la Chapelle Saint-Louis.
Chaque circonvolution opérée par le corps de l’artiste y est comme gravée sur la toile. Des mouvements corporels du peintre, qui fut danseur à l’École de danse de l’Opéra national de Paris, naît une composition immersive évoquant de manière symbolique la danse comme origine du monde, de la vie et de ses cycles infinis. L’œuvre picturale devient chorégraphie lyrique.
Une expérience immersive pour le visiteur qui pourra déambuler sous cet anneau fantasmagorique lévitant tel un appel au-dessus de lui. Une invitation à lever les yeux et à entrer dans la danse. L’originalité d’une œuvre contemporaine rencontre ici la majesté d’un lieu de culte multiséculaire.
Les artistes
Silvère Jarrosson est né en 1993 à Paris. Diplômé de l’ École de danse de l’opéra national de Paris, une grave blessure l’oblige à abandonner définitivement sa carrière de danseur. Malgré des séquelles physiques durables, il ne renonce pas à danser : dans la peinture, il trouve un autre moyen de s’exprimer par le corps. Lauréat de la Fondation Claude Monet en 2018, il donne une première exposition monumentale à l’Académie des Beaux Arts de Riga, qui sera à l’inspiration de celle-ci. L’occasion pour lui d’affirmer son style, radicalement abstrait mais emprunt d’évocations naturelles ou chorégraphiques. Passé par la Villa Medicis en 2019, pour une projet ponctuel, puis par la Collection Lambert en 2020, il multiplie les expositions solos en France ou à l’étranger. Son travail intègre de nombreuses collections dont celle du Mobilier national. Le critique Jean-Louis Poitevin lui dédie une monographie (Silvère Jarrosson, génèse et gestes, Éditions Marcel, 2020).
Yon Costes est un artiste plasticien et performeur pour qui l’implication du corps dans la création artistique est centrale. Arts martiaux d’Extrême-Orient, calligraphie, expression théâtrale, danse, transformisme et performances, ses formes d’expressions sont multiples. Il présentera plusieurs œuvres dont une est issue de sa série Vide et plein, ensemble abstrait de dessins à la mine de plomb sur papier de riz. Partant souvent d’une ligne unique et rectiligne, l’artiste y juxtapose de nouvelles lignes, parallèles aux dernières. De la perfection graphique initiale naït, au fil des accidents successifs induits par un geste répétitif et épuisant, une mise en scène de la corruption et de l’usure dont le résultat parvient à figurer autant l’empilement des instants qui passent que la beauté de l’impermanence. Sensible à l’intégration du public dans son travail, Yon Costes produira plusieurs œuvres impliquant la participation des spectateurs.
Une performance de l’artiste est prévue lors du vernissage.
La Chapelle Saint-Louis
Après avoir accueilli, lors de précédents Festivals d’automne, les expositions monumentales de Nan Goldin, Anselm Kieffer et Olivier Debré notamment, la Chapelle Saint-Louis, construite au cœur de l’hôpital de la Salpêtrière sous le règne de Louis XIV, réouvre ses portes à l’art contemporain. L’occasion de faire vibrer ce monument classé, chargé d’histoire, alors que les hôpitaux et les soignants ont été en première ligne face à la pandémie.
Commissaire d’exposition : Célien Palcy
[Source : communiqué de presse]
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