Comme un affleurement – Lorraine Alexandre – galerie du Village
Les réflexions sur le corps peuvent catalyser de nombreuses problématiques. Quelque chose comme un animal en relève certaines, notamment sur les rapports homme/animal sans cesse remis en question. Ce work in progress déjà composé de plus de 80 images, est défini comme suit par l’auteure « travail d’autoportrait où n’apparaît que ma main gauche sur laquelle je dessine un animal à l’encre de chine. Chaque dessin, éphémère donc, est photographié. Chaque animal est choisi sur un seul critère technique : certaines de ses formes doivent épouser les reliefs de la main ». Pour discourir sur cette série, elle nous renverra ensuite au besoin quasi compulsif de la main de caresser les animaux, à la volonté de l’homme de s’approprier et dominer le domaine du vivant, mais aussi au questionnement réitéré de l’art « Où est l’art ? Dans l’objet de la création ou dans les mains et l’esprit du créateur ? ».
La seconde série proposée, Etudes de mains avec rehauts d’encre, est une approche purement plastique des travaux qu’elle mène. Soulignement des lignes de la main, coulures aléatoires, c’est encore l’encre de chine qui s’est imposée, mais cette fois sans essayer de raconter quoique ce soit, pour la pure plasticité de l’encre sur la peau, ou simplement de la main, ses formes, ses détails, son expressivité. (Parallèlement à cette étude de Lorraine Alexandre, nous pouvons vous conseiller de découvrir la série Sang d’encre d’Ismaïl Bahri travaillant à l’encre sur les pores de la peau pour créer des univers organiques et célestes)
La troisième proposition de Lorraine Alexandre s’intitule Le portrait de la Fée Minine décomposé en six concepts. Le projet est parti d’une pièce, Ne nous quitte pas, écrite par Gil Galliot et Yves Hirschfeld et mise en scène par Gil Galliot, dans laquelle le comédien Philippe Lelièvre interprète un rôle féminin. Les six concepts (le sexe, le désir, l’intime, l’énigme, la liberté et l’imaginaire) déclinés par le comédien pour la photographe donnent lieu à six diptyques. La première partie du diptyque est la photographie de la main gauche du modèle sur laquelle est écrite une courte phrase nominative pour signifier le concept en question ; la seconde partie est constituée par la photographie du comédien interprétant ce concept. C’est tout un jeu performatif qui est donné à voir, une dichotomie corps signifiant / signifié, un système de références donné et à construire.
A propos de Lorraine Alexandre ...
Photographe, critique et théoricienne de l’art, Lorraine Alexandre dirige l’ensemble de ses recherches sur le corps et le genre. Docteur en art et sciences de l’art, elle suit les cours d’art plastique à l’Université Paris 1. Elle est l’auteure du livre Les Enjeux du portrait en art (ed. L’Harmattan, 2011) et a participé à de nombreuses publications collectives.
Comme un affleurement
Du 21 septembre au 26 octobre 2013
Les samedis de 14h à 18h
En semaine sur rendez-vous
Vernissage le vendredi 20 septembre à 19h
La Galerie du Village
85, rue Gabriel Péri
95240 Cormeilles-en-Parisis
www.lorrainealexandreartisteplasticienne.blogspot.fr
[Visuels : Lorraine Alexandre, Le slow, détail, 2013 ; Lorraine Alexandre, Quelque chose comme un animal, depuis 2008. ©Lorraine Alexandre]
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