Cinq ans après leur dernier album, AaRON dévoile leur nouveau single : Les Rivières
En attendant la sortie du cinquième album de AaRON, Anatomy of Light, prévue pour le 18 septembre 2020, ils nous font patienter en nous offrant ce premier single : Les Rivières.
Un nouvel album vu par Sylvain Tesson
Les chants de l’errance. Au XIIe siècle, des traits de lumière zébrèrent le cœur des ténèbres. Des soldats-lasers ? Non, des preux. Dans la forêt d’Europe, chevauchèrent les chevaliers errants. Jour et nuit dans les bois ils allaient de châteaux en clairières, cherchant aventure et amour. Ils enduraient les tempêtes, terrassaient les monstres pour le cœur d’une dame au sommet d’une tour. On se moqua d’eux. Ils incarnaient le ridicule des âmes naïves. Cervantès inventa Don Quichotte, leur caricature. Puis on les oublia. On les considère aujourd’hui avec une indulgence narquoise.
Je pense à ces coureurs des bois, épris de prouesses, brûlant de désir. Leur manquait la musique. Chantaient-ils sur le chemin ? Que disaient-ils dans la nuit ? Est-ce pour eux qu’AaRON a composé ces morceaux ? Pourquoi, en écoutant Keep Walking Love ou Fastlane, ai-je l’antique impression d’entendre les hymnes de l’errance ? Ils semblent vieux et très éternels comme tous les chants de la première fois.
Les rythmes envoûtent : pas du cheval traversant les «grands dégâts de la nuit». La musique rampe sur des chemins qui ne mènent nulle part. La musique chevauche comme un prince des Aulnes, sans repos ni répit, lentement, puissamment, car le but est immense. Et la voix venue des profondeurs d’elle-même, sort de la forêt noire et lance sa question dans des vents sans réponses : Qui es-tu, toi qui es moi-même ? Je soupçonne Buret et Coursier d’avoir composé leur album sur le dos d’un coursier franchissant les essarts à larges enjambées pour fuir les fantômes de soi-même.
On écoute et c’est nous qui chevauchons l’album. On appelle peut-être cela le rythme chaloupé. Je préfère inventer : le rythme-chevalier. Si ce chant tombait du haut des arbres, on ne s’arrêterait plus jamais de traverser les forêts. Comment réussit-on à zébrer de lumière des leçons de ténèbres ? Comment ? En poursuivant l’amour ! Comme le firent en leur temps Yvain le chevalier au Lion et Lancelot le chevalier à la Charrette.
Si les compagnons d’Arthur dans les forêts surréalistes avaient reçu la voix d’AaRON pour les sortir d’affaire, ils auraient trouvé le Graal sans souffrir autant. Imaginons les chevaliers, chevauchant si tard à travers la nuit et le vent. Une voix les guide, donnant la réponse : “Laisse les parler/marche devant/cherche la beauté”.
Chut chevalier ! AaRON a réveillé le mystère.
Sylvain Tesson
AaRON sera en tournée à partir du 16 septembre. Retrouvez-les au Zénith de Paris le 21 novembre 2020.
[Source : communiqué de presse]
Articles liés

“Maintenant je n’écris plus qu’en français” un seul-en-scène à découvrir au Théâtre de Belleville
Viktor, jeune ukrainien de 20 ans, se trouve à Moscou le 24 février 2022 lors de l’invasion russe en Ukraine. Il y vit depuis 3 ans, réalisant son rêve d’enfance : intégrer la plus prestigieuse école de théâtre russe,...

“Furie” une réflexion autour du rejet collectif par Thomas Chopin
Furie est une chorégraphie de genre fantastique qui parle de l’école, du bahut, de ce lieu où nous passons presque vingt ans de notre vie. Inspiré des teen movies, Thomas Chopin se questionne sur la manière dont les enfants apprennent à...

La Galerie By Lara Sedbon présente “Soft Memories” de l’artiste nigérian Ojisua Midegbeyan
À travers l’exposition “Soft Memories”, l’œuvre de l’artiste nigérian Midegbeyan Ojisua se déploie dans l’espace de la galerie comme une archéologie de la mémoire et des formes, où chaque matière semble contenir en elle les strates d’un récit enfoui....