Le Quatuor – drame avec Christopher Walken
Robert, Juliette, Peter et Daniel forment un quatuor qui fait salle comble à chaque concert. Lorsque Peter apprend qu’il a un début de Parkinson, le groupe encaisse le coup, autant que lorsque le couple que forment Juliette et Robert se fissure suite à un coup de canif dans le contrat de mariage. L’aventure que démarre Daniel avec la fille de Juliette et Robert ne va rien arranger. Pourtant, c’est la musique qui doit être plus forte et le spectacle continuer.
Le quatuor du film existe, vibre, vit avant tout grâce à quatre comédiens pour lesquels on ne saura que trop féliciter le directeur de casting d’avoir songé à les réunir dans cette histoire. Le satisfecit collégial s’impose. Christopher Walken dans un rôle à contre emploi n’a jamais été aussi touchant et réussit pourtant à ne jamais faire sombrer son personnage dans un pathos pâteux. Catherine Keener sort enfin de ses rôles comico-dramatiques pour livrer une vraie performance dans un registre qui lui sied à merveille. Mark Ivanir, le moins connu des quatre, beau quadra au charme slave, entre autorité virile aux multiples failles va en troubler plus d’une. Quant à Philip Seymour Hoffman, le pléonasme est assuré de le qualifier de génial, même s’il réussit encore à surprendre dans une partition bouleversante. On lui doit certains des plus forts moments du film (la déclaration d’amour à sa femme est simplement magique).
Les virtuoses, quels qu’ils soient, sont des gens extraordinaires, au sens fort du terme. Le lot de fantasmagories que charrient les artistes aux yeux de ce qui viennent les applaudir est immuable. Comme pour désacraliser le mythe, la cinéaste et scénariste de ce film formidable part à la recherche de la face ordinaire de ces gens-là. Nous ne les verrons que deux fois sur scène, au début et à la fin du film. Et c’est avec une infinie pudeur, beaucoup de tendresse pour ses personnages qu’elle tisse ce lien invisible qui relie les artistes, les pousse toujours plus loin dans l’atteinte et l’attente de la perfection, au-delà de toute contingence matérielle ou personnelle. Un film magnifique !
Franck Bortelle
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Le Quatuor
De Yaron Zilberman
Avec Christopher Walken, Philip Seymour Hoffman et Catherine Keener
Durée : 105 min.
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