Attenberg – film d’Athina Rachel Tsangari
En 2009, un film grec nommé Canine semait le trouble à Cannes et créait un schisme rarement vu entre admirateurs fascinés et hordes de spectateurs nauséeux. Clinique, malsain, le huis-clos de Yorgos Lanthimos créait notamment le débat par sa brochette de scènes dérangeantes qui poussaient le bizarroïde jusqu’à l’extrême. Le tout de manière très chorégraphiée et anti-naturelle.
Jeux sur le langage et le corps, réflexion sur l’enfermement physique et psychique : baudruche ou pas baudruche, Canine regorgeait de thématiques intéressantes et d’obsessions fascinantes, mais c’était avant tout sa singularité qui pouvait faire mouche. Seulement voilà : avec Attenberg, produit par Lanthimos et réalisé par Athina Rachel Tsangari (elle-même productrice de Canine), le tandem bégaie son cinéma. De nouveau, de danses étranges en parades sexuelles perturbantes, les personnages expriment ici leur mal-être et leur marginalité de façon très visuelle, toujours en décalage vis-à-vis des conventions. Mais c’est hélas une impression de déjà vu et de vacuité qui prédomine.
Après une première scène amusante mais gratuite dans laquelle les deux héroïnes entrelacent leurs langues en gros plan pour susciter écœurement et gêne chez le spectateur, Attenberg ne fait qu’enfiler les perles sur la solitude sociale et l’insatisfaction permanente due aux déceptions d’ordre sexuel ou personnel. Filmé platement mais joué avec grâce (notamment par la Française Ariane Labed), le film de Tsangari ne sort de sa torpeur que lors de scènes prétendument choc qui n’apparaissent que comme de minuscules récréations bien inoffensives. Attenberg marque déjà les limites du système Lanthimos-Tsangari, qui vient de repointer le bout de son nez lors du dernier festival de Venise avec un Alps s’inscrivant toujours dans la même veine. De quoi, peut-être, être définitivement fixé sur le talent ou l’absence de talent de ces artistes grecs très en vogue.
Thomas Messias (Twitter)
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Attenberg
Film d’Athina Rachel Tsangari
Avec Ariane Labed, Vangelis Mourikis et Evangelia Randou
Durée : 1h35min
Distributeur : Bodega Films
Sortie le 21 septembre 2011
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