Arrêtez-moi – thriller avec Sophie Marceau et Miou-Miou
Le visage dévasté autant que son passé amoureux, une femme débarque au commissariat de police en pleine nuit, y réveille la commissaire de garde pour se livrer, dix ans après avoir tué son mari qui la battait constamment. La femme flic commence par refuser avant de chercher à comprendre ce qui pousse la désespérée à commettre pareil acte.
Après des comédies gentiment potaches, Jean-Claude Lilienfeld s’est senti pousser les ailes du mercenaire partant guerroyer contre les ignominies de ce monde. Ainsi, il y a cinq ans, conviait-il Isabelle Adjani à La Journée de la jupe ou Comment être prof dans une banlieue pourrie sans risquer de finir dans une tournante ? La comédienne en rafla son 5ème César de la meilleure actrice. Lilienfeld, chaudement remercié par son Isabelle en larmes, avait les coudées franches et vraisemblablement quelques comédiennes prêtes à tout pour partager un générique avec lui. Force est de reconnaître qu’il transforme joliment l’essai avec ce nouvel opus.
C’est en effet une Sophie Marceau métamorphosée, la voix rauque et fatiguée, le menton traversé d’une cicatrice qui apparaît sur l’écran. Le jeu suit et face à Miou-Miou qu’on retrouve enfin avec un vrai premier rôle dans lequel elle est simplement parfaite, notre Sophie nationale, star préférée des Français, revient à ce cinéma plus proche de Zulawski qui lui avait valu une vraie reconnaissance.
Les deux comédiennes servent un scénario censément réaliste mais dont certaines ficelles dramaturgiques ne fleurent guère le naturalisme. L’écriture n’en est pas moins alerte, le dialogue vif et à la lisière de la drôlerie parfois. Si la cause des femmes battues sert de point d’achoppement à cette histoire, elle tend à se faire oublier, le propos focalisant davantage sur les raisons de la pugnacité de cette reddition. L’aspect sociétal ne retiendra finalement que peu notre attention.
Paré de si beaux atours, ce film aurait pu être un Garde à vue au féminin. Mais là où Miller, fidèle à soi-même, avait placé ses protagonistes au cœur de tout et fait montre d’une modeste simplicité dans sa mise en scène, Lilienfeld l’a encombrée d’effets inutiles, comme cette caméra subjective pour toutes les scènes de violences à l’encontre de la meurtrière. Effet casse-gueule dont s’était tiré largement mieux Jean Marboeuf dans son splendide Coup de sang, entièrement tourné selon ce procédé. Les flashbacks itératifs qui ponctuent le récit n’ont par ailleurs guère plus une d’utilité, même s’ils offrent à y voir Sophie Marceau rayonnante. Le huis clos total aurait accru la tension pourtant déjà palpable de cette confrontation. Comme si le cinéaste n’avait pas cru en la cinégénie intrinsèque de son scénario…
Franck Bortelle
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Arrêtez-moi
De Jean-Paul Lilienfeld
Avec Sophie Marceau, Miou-Miou, Marc Barbé, Yann Ebonge et Valérie Bodson
Durée : 99 min.
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