Le Pont des Espions : ce héros au sourire si doux
Le Pont des Espions De Steven Spielberg Avec Tom Hanks, Mark Rylance, Scott Shepherd, Amy Ryan, Austin Stowell. Sortie le 2 décembre 2015 Durée : 132 min |
1957, James Donovan est un brillant avocat d’affaires dans un prestigieux cabinet new-yorkais. Ses employeurs se sont vus confier un cas délicat : la défense d’un espion soviétique présumé, alors que la Guerre Froide gèle les rapports entre les États-Unis et l’URSS. Donovan se fait refiler le bébé à contrecœur et hésite longuement à le balancer avec l’eau du bain. Mais lorsqu’il réalise que l’affaire est jugée d’avance et que tout le monde est bien décidé à condamner le traître, si possible à mort, le sens de la justice de l’avocat s’éveille. Donovan se prend de passion pour l’affaire à mesure qu’il se prend de sympathie pour le vieil espion. Des secrets livrés ou non à la Russie par celui-ci, on ne saura rien. Le personnage, bien qu’enjeu capital de l’intrigue, est somme toute secondaire et restera énigmatique, d’autant qu’il refusera toujours d’avouer quoi que ce soit. L’intérêt de cette Défendant l’espion au nom d’un idéal de justice, qui veut que chacun ait les mêmes droits et soit à égalité devant la déesse aveugle, Jim Donovan est alors attaqué sur le terrain personnel : dans sa maison, vandalisée à coups de parpaings dans les vitres ; dans le métro, où la foule le fusille du regard ; à sa table, où femme et enfants lui reprochent de défendre un activiste anti-américain Après tout, le cinéma de Steven Spielberg n’a jamais fait autre chose que de proclamer l’héroïsme du quidam lambda ; de l’archéologue de Jurassic Park à l’ex-mari repentant de La Guerre des Mondes en passant bien sûr inévitablement par Schindler, qui sauva 1200 Juifs des camps de la mort. Avec Schindler, le personnage de Jim Donovan partage d’ailleurs l’autre caractéristique d’avoir vraiment existé et laissé son empreinte dans l’Histoire en ayant été l’un des principaux protagonistes d’un important échange d’espions, au cœur de la deuxième partie du film. Là encore, c’est en tant qu’homme ordinaire et « simple citoyen » – il ne cessera de le répéter – qu La caméra nerveuse de la première partie du film, enchaînant les plans, raccordant une séquence dans le mouvement de la précédente, dont l’esthétique renvoie aux thrillers politiques des années 70 (comme Les Trois Jours du Condor ou Conversation Secrète, par exemple) cède la place à une réalisation Le contraste entre ces deux temps de mise en scène est habile et la vision des relations diplomatiques américano-soviétiques qui en découle plutôt intéressante, alors que nous vivons une période de fortes tensions entre l’Amérique hégémonique d’Obama et la Russie conquérante de Poutine. On pourra alors regretter le manque de subtilité avec laquelle Steven Spielberg profite de l’occasion p Raphaëlle Chargois [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=WIp5WXl62t0[/embedyt] [Crédits Photo : © 2015 Twenties Century Fox] |
Articles liés

“Every Dawn’s A Mountain” : le nouvel album de Tamino à paraitre le 21 mars chez Communion
Principalement écrit à New York, dans sa nouvelle ville, “Every Dawn’s A Mountain” marque un nouveau départ pour un artiste qui fait déjà la une des scènes de la plupart des pays d’Europe et du Moyen-Orient, allant même jusqu’à...

« La Belle au bois dormant » : la danse classique au firmament
« La Belle au bois dormant », héroïne du conte de Perrault, se réveille aujourd’hui à l’Opéra Bastille dans la chorégraphie présentée il y a trente-cinq par Rudolf Noureev, d’après une création de Marius Petipa présentée au Théâtre de...

“La Maladie de la famille M” de Fausto Paravidino à voir au Théâtre Darius Milhaud
Une famille, deux copains, un médecin. Une absence. Du silence, et de la pluie… Des erreurs. Mais de l’amour. Toujours. Beaucoup… La famille M. vit en Italie, dans une petite ville en bordure d’autoroute, elle est composée de Luigi,...