Rien à déclarer
Le cinéma serait-il l’art privilégié de la nostalgie ? Voire de la régression ? Une question qui pourrait être (presque) intéressante, si elle n’était pas liée à un film qui, lui, l’est beaucoup moins. Une chose est sûre (et sans appel) : Dany Boon, aimable quadra, a dû voir en boucle les comédies de Gérard Oury quand il était petit, tant ses longs métrages – le premier comme le second – semblent en être des décalques pâlichons, aussi bien sur la forme (ambiance vintage, populaire voire franchouillarde) que sur le fond (“the” message antiraciste).
Rien de neuf, telle est, en tout cas, la tonalité immédiate de… Rien à déclarer. Tellement vieillot, même, que l’action a beau se dérouler en 1993, on a en permanence l’impression d’avoir été télétransportés dans les années 70 ! Gags potaches, grosses colères, quiproquos un peu débiles, tendresse simplette, larges rasades de Chimay (la bière), mais encore courses-poursuites enlevées (si, si) arrosent donc, ça et là, un scénario chaotique. Ça ne vous rappelle rien ? Bon sang mais c’est bien sûr… Ne manque plus que la paire (prodigieuse) formée par De Funès et Bourvil pour que ce film s’apparente finalement, et contre toute attente, à une troublante expérience spatio-temporelle…
Sauf que non, même pas. Après le triomphe – quasi paranormal, lui – de ses Ch’tis en 2008, Dany Boon (réalisateur, auteur) a juste gardé les pieds sur terre, troquant ses facteurs d’hier contre deux douaniers… d’avant-hier : l’un Belge et furieusement anti-français (Benoit Poelvoorde dans l’outrance et la caricature, un beau gâchis) et l’autre Français, amoureux de la sœur du premier (Dany Boon lui-même). Cela étant, hormis une pauvre scène d’une grossièreté dispensable (effrayante, en fait) avec Bruno Lochet, Rien à déclarer a pour lui de tenter deux ou trois petites transgressions bienvenues, par rapport au cahier des charges usuel. D’abord il opte pour une fin négative (entendez pas “gentille”). C’est déjà ça. Ensuite, il est un peu plus rythmé et audacieux, en terme de réalisation, que ne l’était les Ch’tis.
Enfin, et surtout, ses seconds rôles – dans la tradition d’un véritable cinéma populaire, au sens “noble” du terme cette fois – sont assez délectables. En dépit d’une partition convenue, Karin Viard et Philippe Magnan, côté français, font rire sans même avoir besoin de parler (ce qui n’est pas donné à tout le monde). Et côté belge, Bouli Lanners et François Damiens confirment qu’ils sont de savoureux interprètes. On aimerait juste les retrouver dans un film disons… drôle et contemporain. Par exemple.
Ariane Allard
Lire aussi sur Artistik Rezo, Rien à déclarer en avant-première.
Rien à déclarer
De Dany Boon
Avec Dany Boon, Benoît Poelvoorde, Karin Viard, François Damiens, Bouli Lanners.
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Sortie en salle le 2 février 2011
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