Henri – comédie dramatique de Yolande Moreau
Henri et Rita tiennent un restaurant dans une petite ville belge. Entre les habitués, la famille et les amis, leur existence se déroulent paisiblement jusqu’au jour où Rita meurt subitement. Henri doit faire face et embauche Rosette, jeune femme atteinte d’un léger handicap mental, qui au contact de ce monde dit « normal » va désirer l’intégrer pour vivre une sexualité et des amours comme tout le monde…
Sublime Yolande Moreau qui nous prend par la main et nous balade au gré de son humanisme jamais voyeur, de la générosité de son regard azuré et affuté et de son cinéma qui réchauffe mieux qu’un paysage tropical et trop parfait ! Avec cette désarmante pudeur qui avait déjà fait mouche et séduit l’Académie des Césars pour « Quand la mer monte », elle nous plonge au cœur de sa Belgique natale, s’attarde sur des personnages pour les faire siens, les faire nôtres.
Le sujet était casse-gueule. Handicap mental (où s’était vautré Jaco van Dormael avec son larmoyant 8ème jour) et sexualité en plus sur fond de droit à la différence. C’est précisément en s’attardant sur ce troisième élément que la réalisatrice tape juste. Sans chercher la démonstration ni le discours emphatique qu’on lirait au Téléthon, elle raconte avant tout une histoire. Avec des êtres vivants, survivants parfois. N’ayant pas plus peur de dire qu’une défunte était une emmerdeuse que de faire mentir une handicapée mentale qui provoque un tsunami dans la vie du personnage titre, elle parle avant tout de la vie, ce « seul luxe ici bas » selon la formule chère à Brassens.
Pour ce faire, elle déborde d’idées aussi désarmantes que bouleversantes de simplicité. Un peu à la manière de son aînée Agnès Varda, elle poétise d’un rien, d’un paysage de plage déserte, d’un rideau blanc, de l’eau d’une baïne où flotte un radeau de carton ou encore d’un miroir déformant. En créant un juste équilibre entre drame et comédie, elle vitalise son propos que soutiennent des comédiens épatants. La trop rare Lio, la jeune Miss Ming, le débonnaire Pipo Delbonno formidable dans le rôle titre et Yolande Moreau elle-même qui s’octroie un petit rôle qu’elle transcende le temps de quelques plans à peine. Il n’y a pas que de la vie dans ce cinéma-là. On en sort gonflé d’espoir. Et c’est aussi beau que rare…
Franck Bortelle
[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=w6fPeOdBtXg[/embedyt]
Quinzaine des Réalisateurs 2013 (du 16 au 26 mai)
- Sélection officielle
Cannes – Projections
- Vendredi 24 mai à midi : Théâtre Croisette (projection presse)
- Vendredi 24 mai à 19h30 : Théâtre Croisette (projection officielle)
Henri
De Yolande Moreau
Avec Pippo Delbono, Candy Ming, Jackie Berroyer, Simon André et Gwen Berrou
Image : Philippe Guilbert // Montage : Fabrice Rouaud
Son : Jean-Paul Bernard – Jean Mallet // Décors : Marc-Philippe Guérig
Musique originale : Wim Willaert // Costumes : Alexandra Charles
Durée : 107 min.
A découvrir sur Artistik Rezo :
– les films à voir en 2013
Articles liés
Découvrez le seul-en-scène “Florence 1990” à La Petite Croisée des Chemins
18 novembre 1990. Florence Arthaud arrive dans le port de Pointe-à-Pitre à la barre de son trimaran et remporte la Route du Rhum, première femme à s’imposer dans une course en solitaire. Adolescent, je suis alors fasciné par cette...
Bananagun dévoile leur nouveau single “With the Night” extrait de leur nouvel album à paraître
Bananagun, originaire de Melbourne, partage “With the Night”, extrait de leur deuxième album “Why is the Colour of the Sky ?”, dont la sortie est prévue le 8 novembre via Full Time Hobby. Ce single au piano reflète le...
“Nadia Léger. Une femme d’avant-garde” au Musée Maillol : une exposition à ne pas manquer !
Nadia Khodossievitch-Léger (1904-1982) a été une figure de l’art du XXe siècle. À travers plus de 150 œuvres, la rétrospective Nadia Léger. Une femme d’avant-garde retrace le parcours largement méconnu de cette femme d’exception, tout à la fois peintre prolifique, éditrice...