A Serious Man – film d’Ethan et Joël Coen
En guise d’introduction, l’étrange film des frères Coen (excusez du pléonasme) offre comme décor la petite masure d’un couple parlant vraisemblablement yiddish. Il neige. Quand sommes-nous ? Où sommes-nous ? Aucune idée ! Mais une chose est sûre : la malédiction s’abat sur la famille… Inutile d’entrer dans les détails, chacun rattachera comme il veut le reste du film et cette petite fable introductive, prélude, donc, à l’engrenage du malheur dans lequel sombre Larry Gopnik…
Fidèles à leur style, les frères Coen nous plonge de manière décalée dans le quotidien d’un américain moyen des années 1960, quotidien pimentée par l’environnement de la communauté juive. Larry voit progressivement s’effondrer tout ce qu’il avait construit jusque là : son mariage, sa carrière… Homme persécuté issu du peuple persécuté, rien ne viendra sauver Larry. La situation se dégrade à n’en plus finir. Morale de l’histoire : « le pire n’est pas toujours sûr », comme dirait Claudel.
Sur cette base, les Coen font du Coen : la direction des acteurs, à la limite de la Comedia dell’arte, déréalise l’univers banal du film en lui donnant une tonalité burlesque. Les visages saisis en gros plans, grimacent, se déforment, et se répondent par champ / contre-champ à coup d’expressions incongrues dignes d’un cartoon ! La religion juive tout comme l’Américain moyen en ont pour leur quart d’heure. Ajoutez à cela l’humour cynique et grinçant des Coen, un zest de comique de répétitions (et un, et deux, et trois rabbins) et vous aurez A serious man.
Les acteurs, bien que peu connus, tiennent tout à fait leur personnage. Michael Stuhlbarg (tiens, un petit brun à lunettes !) incarne à merveille ce petit prof coincé au bord du désespoir – qui fantasme sur sa voisine en train de bronzer nue dans son jardin. Certes, on tombe vite dans la caricature, mais on a affaire aux frères Coen ou pas ? Le fils de Larry (Aaron Wolff), un petit roux d’ado à l’air blasé qui fume de l’herbe et écoute du Jefferson Airplane, contribue aux meilleurs moments du film. Bar Mitzvah mémorable… Enfin, Fred Melamed, qu’on a pu voir dans Hollywood Ending de Woody Allen, interprète de manière irrésistible l’amant de Judith qui essaie de tempérer la situation par sa voix de ténor et en câlinant Larry…
Seul bémol : le rythme. Ben oui, même si c’est drôle, décalé, bien joué, le tout s’engage de manière assez lente et aurait mérité un peu plus de dynamisme. Rien à voir avec Burn After Reading, qui donne dans un genre bien plus frénétique !
Chloé Goudenhooft
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A Serious Man
Film des frères Coen
Avec Michael Stuhlbarg et Fred Melamed
Durée : 105 min.
Sortie le 20 janvier 2010
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