Wall Street 2 – Oliver Stone
« – Es-tu idéaliste ou capitaliste ? – Je suis réaliste ! » A travers cette ligne de dialogue entre Josh Brolin et Shiah LaBeouf, toute la pensée d’Oliver Stone pourrait être ici résumée. Entre ses documentaires engagés (Persona non grata, Comandante) et ses biopics historiques (Nixon, JFK), Stone est certainement le cinéaste le plus à même de parler de l’actualité de son pays et de géopolitique. Ses derniers films (World Trade Center, W, l’improbable président et maintenant Wall Street 2) pourraient être vus comme une trilogie post-11 septembre dont le but est de faire comprendre au public que nous sommes entrés dans une nouvelle civilisation. Si l’évidence est de mise pour les deux premiers films, elle peut-être moins perceptive pour le troisième. Et pourtant… L’une des scènes clefs du film pourrait bien être celle où l’on voit le jeune arriviste Jack Moore (Shiah LaBeouf) observer au ralenti et devant une grande baie vitrée les vestiges des tours jumelles…
L’insensibilité des uns, l’émotion des autres
Déjà exploitée dans son premier volet, Oliver Stone réussit à créer de nouveau une ambiance financière avec brio grâce à l’utilisation d’une caméra en perpétuel mouvement. Les fameuses courbes financières semblent être d’ailleurs sa référence principale. On se souviendra de cette caméra qui au début du film gravite à échèle grand V les étages d’un building avant de faire une chute libre pour symboliser l’arrivée soudaine de la crise financière. Tout ce qui est du domaine économique, politique et social est intelligemment traité et nourri de dialogues cupides à souhait. Et l’on est toujours heureux de retrouver à l’affiche Frank Langella et le fatigué et pourtant si grand acteur Eli Wallach (Le truand dans Le bon, la brute et le truand de Sergio Leone).
Pourtant, deux facteurs viennent détériorer ces bons moments. D’un côté, le choix de Shiah LaBeouf qui, en plus de porter un nom ridicule, n’atteint pas l’avarice de Charlie Sheen dans le premier Wall-Street. On ne comprend toujours pas son succès… Et de l’autre, cette histoire de réconciliation entre une fille et son père à laquelle on adhère peu et qui vient trop souvent plomber l’atmosphère. Carrey Mullingan fatigue à force de pleurer à chaque séquence tandis que la présence de Susan Sarandon n’est utile que pour rappeler les conséquences de la crise économique sur le marché immobilier. Dommage.
Il n’est pas sur que Wall Street, l’argent ne dort jamais plaise autant aux traders d’aujourd’hui. Très critique sur le monde financier et engagé, cette fiction aux allures de films de guerre apparaît comme le mea-culpa d’un réalisateur qui semble culpabilisé. Comme Gordon Greeko en 2010, Olivier Stone est assis entre deux chaises tant on a du mal à le cerner. Plus dure sera la chute ?
Edouard Brane
Retrouvez l’intégralité de cette critique sur cinedouard.com.
Lire aussi sur Artistik Rezo, Oliver Stone à Cannes.
Wall street, l’argent ne dort jamais
Un film d’Oliver Stone
Avec Michael Douglas et Shia LaBeouf
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Sortie le 29 septembre 2010
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