Les petits mouchoirs – Pour
Des films comme celui-ci, on en a vu beaucoup et le thème de l’amitié a été maintes fois utilisé au cinéma. Pourtant, Guillaume Canet sort du lot par son humour et sa justesse scénaristique. On pourra lui reprocher d’être assez prévisible et parfois « cliché » mais le résultat est surprenant tant les émotions traversent l’écran. Ce cinéma, si rare et pour une fois non contemplatif au regard de la production cinématographique française, est un cinéma de maturité.
Le cadre dans lequel il se situe en est l’exemple même : une certaine bourgeoisie, souvent absente et trop caricaturée dans les films français. Il y a ici du Chabrol et du Sautet. L’attention particulière que le réalisateur porte à sa caméra (mélange de caméra à l’épaule, de travellings académiques ou encore de plans à l’américaine) définit à elle seule l’ouverture d’esprit dans laquelle baigne Canet : une envie de mélanger les genres pour faire passer avec douceur les émotions.
Même si certains pourront être agacés par le jeu des acteurs et leurs différentes « révélations », il reste que François Cluzet bénéficie d’un rôle qui lui va comme un gant et qui rappelle le grand acteur qu’il est. Magimel, dans un rôle à contre-emploi et difficile à interpréter, suit ses pas et offre une interprétation tout en retenue et délicatesse. Quant à Laurent Laffitte et Gilles Lellouche, ils jouent deux hommes traversant chacun un désastre amoureux en incarnant respectivement un sentimental et un égoïste.
Du côté des femmes, outre Marion Cotillard qui a tendance à forcer le trait et à fumer trop de joints, Canet fait appel à trois actrices épatantes et encore trop peu connues du grand public en dirigeant Valérie Bonneton, Pascale Arbillot et Anne Marivin. Gardons le meilleur pour la fin, la révélation du film est sans conteste Joel Dupuch, ami de longue date de Guillaume Canet, qui lui a écrit un rôle sur mesure, celui de l’ami que l’on souhaiterait tous avoir, bon vivant et profondément humain.
Avec sa galerie de personnages et l’épuration de leurs émotions et sentiments, Les Petits Mouchoirs pourrait faire un parfait opéra lyrique : une ouverture wagnérienne, des actes proches d’un Rossini et un final tel que Verdi savait en composer.
Edouard Brane
Lire l’article en intégralité sur : www.cinedouard.com
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A découvrir sur Artistik Rezo :
– Les petits mouchoirs prétentieux et bouffi de bonnes intentions
– L’interview de Guillaume Canet et Gilles Lellouche
Les Petits mouchoirs
Un film de Guillaume Canet
Avec François Cluzet, Marion Cotillard, Benoît Magimel, Gilles Lellouche, Jean Dujardin, Laurent Lafitte, Valérie Bonneton et Pascale Arbillot
Sortie le 20 octobre 2010
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