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Antichrist – film de Lars Von Trier

19 juin 2009
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« Le scénario a été achevé et filmé sans grand enthousiasme, fait comme il l’avait été, c’est-à-dire en utilisant environ la moitié de mes capacités physiques et intellectuelles (…) Des scènes s’ajoutaient sans raison (…) Elles provenaient souvent des rêves que je faisais à l’époque, ou de rêves que j’avais faits à une époque antérieure de ma vie (…) En tout cas, je n’ai aucune excuse à offrir pour Antichrist. Rien d’autre que ma foi absolue dans le film – le film le plus important de toute ma carrière ». Ces propos de Lars Von Trierprovoquent en nous une certaine compassion. Et pourtant, son film est morbide, glauque, noir, négatif, dépressif, horrible, misogyne, schizophrénique, machiavélique, tout en étant beau, triste, poétique, évangélique et magnifique…

Ce que l’on gardera de plus beau et de plus cruel sera sans conteste la séquence de prologue. Dès la première seconde, elle envahit nos oreilles et nos yeux par la beauté plastique de l’image, avec sa couleur grise et froide mais aussi par la musique de Haendel Lascia ch’io pianga. En voici les paroles : « Laisse moi pleurer – Sur mon sort cruel – Et soupirer après la liberté – Que la douleur brise – Les liens de mon martyr – Ne serait-ce que par pitié ». Tout le film se résume en ces quelques mots.

Comment aborder Antichrist ? Dans quelle catégorie pourrait-on le classer ? Est-ce un film d’horreur, un drame passionnel, un film fantastique, voir pornographique ou un film de genre ? En réalité, il est inclassable. Divisé en quatre chapitres aux noms de La douleur, La peine, Le désespoir et Les trois mendiants, le film restera passionnant jusqu’à son avant-dernière partie, où un surtitre nous informe que Le chaos règne. On est en effet rapidement happé par cette histoire douloureuse en suivant ce couple qui va tout faire pour oublier un tragique accident et revenir à une vie normale. Entrecoupé par les rêves majestueux des deux protagonistes, le film porte en lui un romantisme que l’on n’avait pas vu au cinéma depuis longtemps. Le recours au ralenti magnifie ces instants qui seront en fait la source du mal qui va petit à petit faire son apparition.

On se rend rapidement compte que le mari ne joue pas vraiment son rôle et que sa façon de soigner son épouse provoque en fin de compte haine et hantises. Il est réduit à une certaine inutilité absurde et se rend responsable des actions de sa femme. Les envies extrêmes liées au sexe et à l’horreur rendent difficile la distinction entre ce qui est de l’ordre de la souffrance passive et ce qui relève du désir actif. Il est beaucoup question de schizophrénie, d’exorcisme, de paranoïa et au final, il est difficile de savoir d’où vient cette animosité soudaine, bêtement imagée par des scènes insoutenables, inutiles et provocatrices. Le résultat qui en découle laisse malheureusement perplexe, perd le spectateur et casse la réflexion qui était développée depuis le début de l’histoire.

Malgré une possible migraine à l’issue de la séance, « Antichrist » a pour objectif de déranger le spectateur, mais aussi de le faire réfléchir sur sa condition humaine et sur la part d’animosité qui réside en lui. 

Edouard Brane
www.cinedouard.com

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Antichrist

De Lars Von Trier

Avec Willem Dafoe et Charlotte Gainsbourg

Durée : 104 min.

Sortie le 3 juin 2009
 

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