Che Guevara – Petit Montparnasse
Le texte de José Pablo Feinmann met en présence, dans un contexte singulier – le petite école de la higuera en Bolivie dans laquelle Che Guevara a été assassiné le 9 octobre 1967 – deux personnalités particulières. L’une charismatique est mondialement connue: Ernesto Che Guevara,l’autre anonyme, un journaliste: André Cabreira. Ce dernier à reçu une bourse de la Fondation Guggenheim pour son projet : raconter ce qui s’est passé lors des 48 heures qui ont suivi l’arrestation de Che Guevara en Bolivie et son exécution “dire ce que personne ne sait”.
L’écriture et la dramaturgie de Feinmann ont l’acuité et la virtuosité propres aux grands textes de théâtre, avec une intelligence d’auteurne faisant du Che ni une icône, ni un monstre assoiffé de sang. Le fait même qu’un historien de notre époque, avec les questions qui sont les nôtres aujourd’hui, puisse dialoguer avec Che Guevara campé dans les certitudes et les incertitudes de son temps, relève d’un pur trait de génie théâtral. La rapidité des dialogues, leur concision soutenant les échanges brillants des protagonistes, reposent de plus sur une construction qui permet au rêve de se déployer.
Hormis Che, les autres acteurs, à partir de leur rôle principal, joueront d’autres personnages qui comptèrent dans la vie de Guevara. Et là nous abordons au rivage d’un théâtre sud-Américain à la fois très stucturé et libre en son mystère par les vertus conjuguées de l’onirisme et de la réflexion sur l’histoire.
Pour interpréter Che Guevara, Olivier Sitruk est apparu comme une évidence. Il y a à la fois son jeu de comédien et sa silhouette fine, racée, brune avec un mélange de gragilité et de détermination dans le regard et l’attitude.
Pour le personnage de Cabreira, il était cherché une opposition parfaite de silhouette et de voix. Ainsi Jacques Frantz avec qui Gerard Gelas s’était promis de travailler, arriva sur le projet. Il a sa force brute de roc, sa célèbre voix de basse, et surtout sa manière de donner corps aux personnages qu’il interprète.
Le texte soulève la large question de la violence tant du point de vue politique et idéologique mais également sur le plan profond de la condition de l’être humain, du point de vue personnel et privé. Au fil de cette dialectique puissante, c’est à se demander qui de Che Guevara ou du journaliste renferme en lui la véritable violence? Celui qui pose les questions ou celui qui est interrogé ?
Le Crépuscule du Che
De José Pablo Feinmann
Mise en scène de Gérard Gelas
Avec Olivier Sitruk, Jacques Frantz, Laure Vallès, Guillaume Lanson et François Santucci.
Traduction et adaptation de Marion Loran
A partir du 20 janvier 2011
Du mardi au samedi à 19h et le dimanche à 15h
Tarifs : entre 18 et 32 €
Théâtre du Petit Montparnasse
31 rue de la Gaîté
75014 Paris
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