Charles Garnier et la caricature
L’École nationale supérieure des beaux-arts conserve un album inédit de caricatures de Charles Garnier, légué en 1922 par son épouse Louise. Cet ensemble tout à fait exceptionnel permet de découvrir les réseaux mondains et amicaux tissés par l’architecte, depuis sa formation jusqu’à la fin de sa carrière. Dès son séjour à la villa Médicis, où il demeure en tant que pensionnaire de 1849 à 1853, Garnier prend pour habitude de rassembler dans ses portefeuilles des caricatures de ses amis, qui forment une irrésistible galerie de portraits, où sont épinglés les travers de ces jeunes dandys ambitieux. Si certaines feuilles les représentent au travail, la plupart les mettent en scène dans des saynètes burlesques qui illustrent leurs divertissements, où se mêlent parties de chasse, fêtes et improvisations théâtrales.
Les années parisiennes, à partir de 1854, témoignent d’une vie moins dissolue et le portrait prend le pas sur la caricature, en particulier à l’époque de l’Institut (1874-1898), où les académiciens sont représentés sans complaisance, ne dissimulant ni leur grand âge, ni l’ennui qui les gagne au milieu des réunions. Très homogène, tant par sa technique que par sa facture énergique et synthétique, l’ensemble des portraits-charge offre un panorama diversifié de personnalités, où l’on retrouve les anciens camarades de la Villa, vieillis et fatigués, aux côtés de collègues architectes, de peintres célèbres, mais aussi d’hommes politiques puissants comme le comte Émilien de Nieuwerkerke, l’Empereur du Brésil ou encore le prince Napoléon.
Ce n’est qu’à la mort de Charles Garnier que sa veuve entreprend de classer, trier et sélectionner les dessins suivant l’image flatteuse qu’elle souhaite transmettre de son époux : un ami fidèle doublé d’un personnage mondain à l’esprit vif, influent auprès des grands noms du Second Empire et de la IIIe république naissante. Passant sous silence les inimitiés de son mari ou ses désaccords avec certains proches, elle réserve une place importante à la famille, notamment à leur fils Nino, prématurément disparu à l’âge de vingt-et-un ans. Quant aux portraits de Garnier répartis dans le recueil, elle leur concède, pour les rendre plus humains et authentiques, quelques défauts, mais qui suscitent davantage de sympathie et de compassion que de reproches.
L’oeil et la plume : caricatures de Charles Garnier
Commissaire :
Emmanuelle Brugerolles – Conservatrice générale aux Beaux-arts de Paris
Du mardi 26 octobre 2010 au dimanche 30 janvier 2011
Du mardi au dimanche de 13 h à 19 h
Fermeture du 18 décembre au 3 janvier inclus
Tarif 3 €, tarif réduit 2 €
Beaux-arts de Paris, l’école nationale supérieure
Cabinet Jean Bonna
14, rue Bonaparte
75006 Paris
Métro : Saint-Germain-des-Prés
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