Carte Blanche à Montréal – Théâtre les déchargeurs
Montréal, Michel Tremblay, deux noms indissociables depuis 50 ans.
À l’origine d’une révolution dans le théâtre québécois avec la création des Belles-Sœurs en 1968, une pièce écrite quatre ans plus tôt à 22 ans, Michel Tremblay fut le premier à faire parler ses personnages comme dans la réalité montréalaise de laquelle ils étaient issus. Les bien-pensants et les tenants du « bon parler français » le vouèrent aux gémonies.
Comme beaucoup, il militait pour la reconnaissance de ce que nous sommes, et contre la misère intellectuelle et économique dans laquelle vivaient les francophones d’Amérique depuis 200 ans, depuis la conquête anglaise et la mainmise de l’Église catholique sur l’éducation.
L’arrivée au pouvoir en 1960 de « l’Équipe du tonnerre » provoqua la « Révolution tranquille ». En nationalisant la production de l’énergie hydro-électrique et en créant les ministères de l’éducation, de la culture, de l’économie, de la santé, ce gouvernement transforma à jamais la société québécoise.
Depuis la publication du « Refus global » en 1949, intellectuels et artistes avaient à cœur la création d’une identité nationale nord-américaine francophone. Les Claude Gauvreau, Michel Tremblay, Robert Charlebois, Grand Cirque Ordinaire, Yvon Deschamps, Gerry Boulet et le groupe Offenbach (entre autres) participèrent à donner des lettres et de l’esprit aux « mangeurs de soupe aux pois », comme nous surnommaient les Anglais.
La théâtralisation du joual (l’argot montréalais) fit de la langue des pauvres et des mal-instruits un instrument d’identité et de fierté. Nos complexes d’infériorité vis-à-vis des autres peuples d’Amérique, et même de la France, furent balayés au loin.
Le théâtre québécois est ancré dans la réalité nord-américaine. À l’instar des anglo-saxons, les auteurs québécois transcrivent des réalités sociales crues, nues. Le français que nous utilisons aujourd’hui est un français contemporain mâtiné des héritages patoisants de nos ancêtres et des mots par nous créés pour traduire notre réalité. Adapter les textes de Michel Tremblay dans un français québécois plus près du français européen est une manière d’en faire voir la modernité auprès des spectateurs européens… C’est une évidence.
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