Cabale et Amour – Conservatoire de Paris
« Boy meets girl »
L’explosivité de l’amour et ses conséquences sont le moteur éternel de la grande Histoire, comme des petites histoires. Que les sentiments doivent triompher des méchants pères, des intrigues sociales et puissent aller jusqu’à défier la mort, toutes les jeunes générations en sont convaincues. Mais le revers de la médaille est que les sentiments transforment aussi les pères en vieilles personnes méchantes et amères et, en provoquant la société établie, poussent les mécanismes du pouvoir à se surpasser dans leurs réactions. La ferveur du nouvel amour veut briser les chaînes que lui impose le monde ancien et, en agissant ainsi, elle entraîne souvent elle-même les amants et l’ordre ancien à la ruine.
Ferdinand, un fils de bonne famille, aime Louise, une pauvre fille de petits-bourgeois : voilà la provocation lancée. Les parents de Louise s’inquiètent des forces qui risquent de s’abattre sur leur modeste foyer. Et de son côté le père de Ferdinand, un homme puissant, use des moyens les plus illicites pour éliminer le danger que représentent les sentiments des enfants. L’intrigue se noue et seule la favorite du duc, elle aussi éprise de Ferdinand, s’en sortira la tête haute. Cette Anglaise est le seul protagoniste de ce drame à avoir un raisonnement pratique, tous les autres sont entièrement livrés à leur fureur très teutonique. Cette pièce Cabale et amour, une « tragédie bourgeoise » selon son auteur Friedrich Schiller, est fondatrice du théâtre allemand moderne. Ses personnages et son action ont servi de modèle à d’innombrables variations, elle restera d’actualité tant qu’il se trouvera des jeunes pour ressentir injustice et amour, et des plus vieux pour défendre, contre ces sentiments, le monde tel qu’ils l’ont fait et tel qu’ils le connaissent.
Il va de soi que si je mets en scène avec de jeunes actrices et de jeunes acteurs une pièce de 1784, je m’emploierai à créer une relation avec la période contemporaine. Des citations du roman de Bret Easton Ellis de 1991, American Psycho, nous y aideront.
Hans-Peter Cloos
Paris, mars 2010
Hans-Peter Cloos
Né dans les faubourgs de Stuttgart. Formation de comédien à la Kammerspiele de Munich. Commence à pratiquer le théâtre à la Mama New-York. Fondateur du groupe théâtral indépendant le plus important de la République fédérale d’Allemagne des années 70 : le Rote Rübe.
On a pu voir en France : Terror, Paranoïa et Amour, Mort, Hystérie. Il présente en 1979 aux Bouffes du Nord – Paris, Die Dreigroschen Oper de Bertold Brecht / Kurt Weill – Prix de la Critique. Il explore et illustre quelques œuvres –clefs du théâtre allemand contemporain, des années 20 aux racines de l’écriture moderne, avec Fleisser, Horvath, Wedekind et Brecht…des Opéras et des œuvres contemporaines, avec Achternbusch, Brasch, Jelinek, Heiner Muller et Harald Mueller… et des classiques avec Shakespeare, Goethe, Molière, Lautréamont…
Cabale et Amour
De Friedrich von Schiller
Mise en scène de Hans-Peter Cloos, assisté de Clémence Bensa
Avec Anthony Audoux, Flore Babled, Louiza Bentoumi, Claire Chastel, Maxime Dambrin, Marie Kauffmann, Manon Kneusé, Yannick Landrein, Martin Loizillon, Julien Oliveri, Marc Plas, Camille Rutherford, Mathurin Voltz et Benjamin Wangermée
Le mercredi 9, jeudi 10, vendredi 11 mars 2011 à 20h
Entrée libre dans la limite des places disponibles
Réservation indispensable
Du lundi au vendredi de 14h00 à 18h00 au 01.53.24.90.16
Conservatoire national supérieur d’Art dramatique
2 bis rue du conservatoire
75009 Paris
M° Grands Boulevards ou Bonne Nouvelle
Articles liés
“Tant pis c’est moi” à La Scala
Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...
“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...