Benjamin Valode expose ses “Espaces Liminaux” à la galerie By Lara Sedbon
Pour son premier solo show à la galerie By Lara Sedbon, Benjamin Valode vient habiter l’espace de la galerie avec deux nouvelles séries d’œuvres, “Contemplations” et “Voir le vide”, inspirées de ces lieux de transitions physiques ou émotionnels : les Espaces Liminaux. Des espaces hors du temps, où l’être humain est seul face à son existence.
Durant son adolescence, Benjamin Valode développait une pratique du dessin figurative très fournie, fourmillant de détails, tournée vers des mondes oniriques peuplés de créatures imaginaires et hybrides, fruits de ses amours de jeunesse pour les bandes dessinées et les films d’animation. Par besoin d’explorer autre chose, Benjamin Valode a depuis épuré drastiquement son langage vers un formalisme plus abstrait. Ce dont témoignent ces deux nouvelles séries. Plutôt que de peindre le monde intérieur qu’il imagine dans sa tête, l’artiste s’est mis à représenter ce qu’il voit. Son objet : observer le réel environnant et le traduire en peinture.
Amoureux de la nature depuis toujours, aimant contempler longuement les paysages environnants, Benjamin Valode a pris instinctivement la lumière pour sujet principal de son travail. Enfermé longuement dans son atelier, il s’est mis à chercher à traduire à l’acrylique la sensation de propagation de la lumière dans l’air. Il a travaillé patiemment sa technique des dégradés, au pinceau et à la main, sans utiliser de bombe. Ce qui lui demande beaucoup de temps du fait de la stratification de nombreuses couches de peinture. Dans cette atmosphère lumineuse, l’artiste intègre un motif. D’abord des montagnes puis des nuages. Cette seconde série Contemplations est née de la vision d’un nuage lenticulaire en Méditerranée. Phénomène météorologique rare dont la beauté étrange fascine Benjamin Valode. Ce qui l’intéresse alors, c’est de retranscrire en peinture, par un procédé sériel, les micro variations de lumières d’un nuage à l’autre. N’arrivant pas aux effets de transparence désirés, il renoue avec le crayon de couleur, son outil fétiche depuis l’enfance, et dessine directement sur la peinture.
C’est après cette série qu’est ressurgi le désir de représenter la figure humaine, déjà-là dans les travaux antérieurs. Bien que Benjamin Valode renoue avec son goût de toujours pour la figuration, sa pratique actuelle demeure épurée et formaliste. Rien avoir avec le précisionnisme et le foisonnement du style réaliste des débuts. Le procédé sériel est le même que pour la série des nuages, l’artiste déclinant son motif en une série de tableaux. Les fonds sont vides, sans objets, sans décor, presque des abstractions. A cette recherche chromatique sur les atmosphères lumineuses, Benjamin Valode associe son goût pour la figuration et son bagage de dessin qu’il pratique depuis toujours. Faisant face à ces fonds vides qui matérialisent des horizons incertains, des personnages semblent errer. Ils sont plusieurs mais isolés en eux-mêmes. Sans visages identifiables. Noyés dans leurs pensées ou paraissant chercher une chose indéterminée.
Il y a dans cette errance de l’humanité un écho à la société actuelle, très individualiste, perdue face à un avenir précaire et incertain. La solitude, l’anonymat, l’errance des figures plongées dans un état intérieur méditatif nous rappellent l’univers de Djamel Tatah dont la volonté de dépouillement et de distanciation n’est pas étrangère à la recherche formelle de Benjamin Valode. Bien qu’étant sensible à l’œuvre de son aîné, le jeune artiste ne revendique pas une influence directe et souligne les disparités entre leurs pratiques. Benjamin Valode ne joue pas sur la répétition d’une même figure ni sur la chorégraphie des gestuelles suspendues et retravaille au crayon sur la peinture. Par ailleurs, contrairement à Djamel Tatah dont les polyptiques sont des murs de couleurs qui se réfèrent à la longue tradition du monochrome, de Matisse aux abstraits américains, Benjamin Valode dit s’inspirer et se nourrir moins d’abstraction que d’univers figuratifs. Parmi ses références directes, la peinture d’Edward Hopper et la manière dont ses personnages semblent perdus dans des ambiances lourdes et froides. Mais aussi et surtout : Caspar David Friedrich.
Le moine au bord de la mer, le voyageur contemplant une mer de nuages, voilà deux tableaux du maitre romantique que Benjamin Valode a beaucoup regardés. Le rapport à la contemplation de la nature, la profondeur des atmosphères lumineuses, l’état méditatif de l’homme face à l’infini, sont autant d’éléments qu’interroge le jeune artiste. Ses figures errent face à l’immensité du vide. Et parfois dans cet horizon incertain apparaissent des portes. Des ouvertures lumineuses vers lesquelles se dirigent les personnages. Le seuil, le passage, la traversée. Ce sont des obsessions chères à Benjamin Valode, déjà présentes dans ses œuvres de jeunesse. La porte, l’escalier y représentaient, comme dans l’esprit d’Alice aux pays des merveilles, une ouverture vers des mondes irréels, étranges et inquiétants. Une fuite du réel vers l’imaginaire.
Et peut-être que demain, la pratique figurative de Benjamin Valode cheminera à nouveau vers ces mondes rêvés qui étaient hier au centre de sa production ?
Amélie Adamo
Vernissage le jeudi 29 juin de 18h à 21h
[Source : communiqué de presse]
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