Avec “Un pli du bord du monde”, le Musée de la Poste offre une carte blanche à l’artiste Anaïs Tondeur
Durant la nuit du 19 au 20 octobre 2022, Anaïs Tondeur s’est glissée au cœur des collections du Musée de la Poste. Elle compose à partir de cette expérience une fiction photographique exposée au cœur de l’exposition permanente jusqu’en 2024.
“À la surface de photographies composées dans la conscience modifiée de l’état de veille, j’ai tenté de recueillir le langage de la nuit, celui-là même qui conduit à une autre manière d’entendre le monde…” – Anaïs Tondeur
De retour à son atelier, parmi les tirages photographiques qu’elle entreprend, un élément l’interpelle : le bord de la Table de Peutinger, premier plan à retracer les voies postales terrestres et maritimes. À la surface du tirage, un bord du monde apparaît, la limite du connu à l’aube de notre ère. Et si un pli s’élançait de ce point, traverserait-il les époques et les territoires ? Que contiendrait-il ? Cette image singulière constitue le point de départ d’une enquête par la fiction et par l’image, dans une démarche photographique à la fois expérimentale et respectueuse de l’environnement.
Toujours en quête de résonance entre son sujet d’étude et son environnement proche, l’artiste a récolté au petit matin des feuilles de marronniers fraîchement tombées durant cette nuit d’automne devant l’entrée du musée. De cette récolte, elle a tiré le phénol lui permettant de révéler ses photographies, de manière non-toxique. De ces images, le récit d’un pli prend forme dans une rencontre avec les éléments, le long des voies de la Table de Peutinger (Chapitre 1).
Composé en trois installations, soit une par plateau des collections, elle développe chaque chapitre en s’appuyant sur l’histoire d’un objet ou d’un événement de l’histoire de la communication postale en France.
Et si le pli avait été confié à la Seine dans une Boule de Moulins ? Anaïs Tondeur part sur les traces de l’une d’entre elle, dans les replis de la Seine. L’installation met en avant une image exposée sur une surface composée à partir d’algues du fleuve et exposé dans une boule de Moulins transformée en sténopé (Chapitre 2 : Confié à la Seine).
L’artiste se rend également à La Courneuve – à l’endroit même où les aéronautes du ballon de la Villette arrêtés par l’ennemi enterrèrent leurs missives. De la rencontre entre un papier photosensible et les profondeurs du sol, elle révèle un rouleau de plusieurs mètres de long (Chapitre 3 – Excavé du sol). Faisant appel à un procédé de chromatographie, Anaïs Tondeur expose le rouleau plusieurs jours à la lumière. Le soleil semble activer un processus : des ocres, et des jaunes dans toute leur intensité, apparaissent, telle une palette envoyée du fond des temps et de l’espace.
À propos d’Anaïs Tondeur
Dans une exploration de nos modes de perception, la démarche d’Anaïs Tondeur est ancrée dans la pensée écologique. Elle développe une pratique interdisciplinaire par laquelle elle recherche d’autres conditions « d’être-au-monde » par un travail de l’image et du parfum, de l’enquête et de la fiction, d’ordinaire présenté sous forme d’installations.
Diplômée de la Central Saint Martin (2008) et du Royal College of Arts (2010) à Londres, lauréate du Prix Art of Change 21 et récipiendaire de la Mention d’honneur Cyber Arts, Ars Electronica (2019), elle a présenté et exposé son travail dans des institutions internationales telles que le MAMAC (Nice), Centre Pompidou (Paris), Serpentines Galleries (London), Bozar (Bruxelles), Biennale Di Venezia, Pavillon French, (Lieux Infinis), Kröller-Müller Museum (Pays-Bas), Museum Ostwall, Dortmund U, Museum für Kunst und Gewerbe, (Allemagne), Kunst Haus Wien (Autriche), Chicago Art Center, Spencer Art Museum (USA), Choi Center (Beijing), Nam June Paik Art Center (Séoul).
Céline Neveux, commissaire d’exposition, à propos de Un pli du bord du monde
“Cette exposition sera la deuxième du type carte blanche après Transmission(s), de Madame et Dominique Blais, organisée l’an dernier. Toutefois, celle-ci prendra directement place au sein des collections permanentes du musée et non dans notre salle d’expositions temporaires comme la précédente.
Le format de la carte blanche est particulièrement intéressant en ce qu’il permet d’appréhender les collections avec un nouveau regard et de mêler histoire et art contemporain. Cela permet d’offrir une nouvelle proposition aux visiteurs du musée.”
Diplômée d’un DEA Marketing et stratégie de l’Université Paris – Dauphine et d’un Master en Sciences et techniques de l’exposition de l’Université Paris I Panthéon Sorbonne, Céline Neveux est commissaire d’exposition au Musée de La Poste depuis 2010.
[Source : communiqué de presse]
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