Dan23 – interview
Qu’est-ce qui t’a fait passer des scènes de festivals au street art ?
J’ai toujours réalisé des portraits en ville, la démarche est similaire à mon travail en festival. Sur scène, je réalise un portrait en 25 minutes environ et il me faut un temps similaire pour le réaliser en ville. En ce qui concerne les festivals, j’ai décidé de lever le pied, il y a environ un an, car l’on me demandait toujours le même type de technique et j’avais besoin d’avancer dans d’autres directions.
Des artistes, street artistes ou pas, qui t’ont influencé ?
Des dizaines, pour ne citer que quelques noms : El Mac, Mode2, Borondo, Arys, C215, Ernest Pignon Ernest, Inti, David Walker, Seiner, El Seed…
Quelles sont tes techniques pour réaliser tes œuvres ?
Depuis quelques semaines, j’utilise essentiellement de l’encre de couleur avec un peu de bombes et d’acrylique.
De nouvelles techniques à essayer ?
Bien entendu car je suis autodidacte et le fait d’utiliser de nouveaux médiums et toujours très enrichissant, cela m’oblige à de pas rester sur mes acquis et à revoir ma façon de travailler.
Ce jeu de lumière qui te caractérise tant, t’est venu dès le début ?
Effectivement, j’ai toujours aimé les visages contrastés. Cela viens sûrement d’un artiste de comics que j’ai beaucoup lu : Alex Ross et du cinéma américain qui aime jouer sur cette profondeur.
Pourquoi diriger la plus grande partie de ton travail sur les visages ?
L’essentiel des visages que je peins sont des rencontres que j’ai réalisées et j’ai envie de rendre hommage. Chacun d’eux m’a apporté sa petite recette de vie et m’a aidé à me construire. De plus mon travail se veut rassembleur et quoi de plus universel que le visage.
Comment choisis-tu le personnage à peindre ?
C’est tout simplement une rencontre que j’ai réalisée. Soit dans le cas d’un proche, je réalise une photo ou dans le cas d’une rencontre musicale, par exemple, je recherche sur Internet une photo que je retravaille sur Photoshop.
La plupart de tes œuvres portent le nom d’une chanson. Est-ce que pour toi, ces deux formes d’arts sont autant l’une que l’autre porteuses et déclencheuses d’émotions ?
La musique à un pouvoir émotionnelle bien plus grand que la peinture car elle te permet très rapidement de ressentir une émotion. Je pense que pour la peinture, il te faut acquérir une certaine maturité pour apprécier pleinement une œuvre. Nous sommes tous les jours inondés d’images qui le plus souvent font l’apologie de marques mais elles sont le plus souvent pauvres en termes de poésie. On se doit d’éduquer notre vision, de passer plus de temps dans des galeries, des musées, où tout simplement dans la rue à la recherche de peintures. Il faut se laisser du temps pour apprécier la beauté des choses qui nous entoure.
Prends-tu autant de plaisir à travailler pour tes œuvres numériques que celles que tu vas peindre dans la rue ?
Oui, pour moi c’est juste un médium différent mais la finalité reste la même, je tente de réaliser une image agréable, poétique.
Quelles sont les réactions des passants quand ils te voient peindre ?
Le plus souvent très bonne car il découvre le process de travail et c’est un moment magique, comme un polaroïd qui peu à peu se découvre. C’est également un moment de rencontre que j’apprécie énormément car si je peins en ville, c’est également pour ces échanges. Deux inconnus se rencontres et peut naitre de cette rencontres, des moments très fort émotionnellement.
Le Mur de Mulhouse, Le Mur d’Oberkampf et la Tour Paris 13… actualité plutôt chargée… comment le gères-tu ?
Forcement très bien car tu as la chance de réaliser des projets plus ambitieux, plus intéressant plastiquement avec une grande portée médiatique. J’espère avoir encore de nombreux projets aussi intéressants. La Tour Paris 13, par exemple, était un lieu d’interaction entre les artistes extraordinaire, j’ai réalisé des rencontres qui vont m’amener à travailler et à penser différemment mes futurs projets.
Comment trouves tu la direction que prends le street art ces dernières années ?
Je la trouve très bonne, de plus en plus de personnes découvrent la pluralité des artistes qui compose ce mouvement, on trouve du collage, du pochoir, du graffiti, de la sculpture et j’en passe. C’est une révolution artistique planétaire et Internet est le médium qui permet à ce mouvement de grandir et s’enrichir. On sort de 20 ans du règne de l’abstraction véhiculé par les galeries et là, des artistes qui ne viennent pas du circuit institutionnel, investissent la rue et remettent le figuratif au centre des villes. De plus en plus de personnes apprécient le Street Art. Pour preuve, au projet la Tour Paris 13, il y a chaque jour au minimum 4 heures de queue pour voir cette exposition.
Un lieu précis où tu aimerais poser une de tes œuvres ?
Juste une grande façade, quelque soit le lieu où le pays, cela n’a pas vraiment d’importance.
Un artiste avec qui tu aimerais travailler ?
Inti car on a une gamme chromatique similaire.
Propos recueillis par Antoine Quaglia
[Visuel : Intervention de Dan23, MUR à Oberkampf. Photo Antoine Quaglia]
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